Il a 10 ans, c’était facile de trouver un appartement à Metz ou à Nancy pour un étudiant. Aujourd’hui, face à l’inflation, les loyers montent et les propriétaires demandent plus de garanties aux étudiants.  Les offres baissent face à une demande qui augmente. De nombreux étudiants se retrouvent sans logement à la rentrée scolaire.

Difficile pour les étudiants de trouver un logement étudiant en cette période. C’est en partie dû à l’inflation qui touche les propriétaires qui doivent alors monter leur loyer pour compenser. Les étudiants de l’année scolaire précédente n’ont donc pas changé d’appartement. « C’est un record cette année ! Par peur de la hausse des prix, les étudiants n’ont pas rendu leur appartement pendant leurs stages d’été, ils ont préféré les garder pour payer le même prix », explique Olivier Roseto, expert en état des lieux à Nancy (vérifie que les états des lieux se déroulent bien entre les agences et les locataires).

Peu d’offres au quartier des îles de Metz- (photo : Marc de Metz)

Le manque d’offres est aussi dû à de nouvelles mises aux normes contraignantes pour les propriétaires. Depuis le 1er janvier 2023, les logements avec une forte consommation d’énergie sont interdits à la location. Ils doivent faire des travaux pour améliorer l’isolation de leur logement, mais le prix des matériaux a augmenté, ce qui les pousse à ne rien faire réparer. Des logements se retrouvent alors vides.

Un problème de confiance de la part des propriétaires

Les propriétaires sont plus regardant sur les dossiers qu’ils demandent aux étudiants : « Ils accordent de plus en plus d’importance aux garants à cause de l’état du marché. Ils ont peur de devoir couvrir des dégradations dans leurs logements et n’ont plus confiance en les jeunes », confie l’expert. Ils demandent alors des fiches de salaire plus élevées pour les garants, ce qui pénalise les étudiants. Soriba Sylla, étudiant en master de marketing à Metz ne se sent pas pris au sérieux par les agences immobilières : « Ma mère ne peut pas travailler, c’est ma sœur qui est garante, du coup je pense qu’on refuse mon dossier partout à cause de ça »

Les étudiants trouvent que les propriétaires sont trop méfiants en leur demandant une pile de documents administratifs interminables. Quentin Maire, étudiant en 4ème année de médecine à Nancy, s’indigne : « Envoyer des dossiers pendant des heures pour qu’on ne te réponde pas la plupart du temps c’est agaçant. On nous demande des informations privées, précises comme les fiches de payes de nos parents en début de carrière, c’est pas normal ». Cette situation n’est pas prête de s’arranger pour l’expert en état des lieux : «Avant les propriétaires étaient souples et ne regardaient pas vraiment tous les documents, maintenant ils en demandent toujours plus… Dernière quittance de loyer, attestation d’assurance de logement, dernier avis de taxes foncières, dernière quittance de loyer… Une pile de documents interminables et que les étudiants ne connaissent souvent même pas».

Un manque d’incitation à la location

En décembre 2024, ce sera la fin de l’investissement Pinel, qui donne droit à une réduction d’impôt sur le prix d’achat d’un logement mis en location. D’autres aides financières de l’Etat comme la loi Perissol n’existent plus depuis les années 2000. « L’État restreint les aides et rend le marché peu attractif à Metz et à Nancy mais aussi partout en France, ça décourage les propriétaires », déplore Eric Allouche, directeur du groupe d’agences ERA Immobilier.

Eric Allouche, directeur des agences immobilières ERA(photo : MySweet Newsroom)

Une situation cauchemardesque pour les étudiants

Les chiffres sont à la hausse : le prix moyen du m2 à la location est de 15 euros à Metz et à Nancy, d’après SeLoger face à 10,2 euros à Metz et 10,5 à Nancy en 2019 d’après immoRégion.fr . Il faut donc compter en moyenne 450 euros de loyer pour un appartement de 30 m2, sans les charges (électricité, gaz, eau…) à Metz ou Nancy. C’est très chère pour les étudiants qui n’ont pas tous le temps de travailler à côté des cours et ils se sentent peu écoutés et peu accompagnés dans leurs recherches auprès d’agences immobilières : « C’est super décourageant, les agences n’ont pas d’empathie, ça rend la situation encore plus dure à vivre », nous dit Ema Ringue-Chardin, étudiante aux beaux-arts à Metz. Une autre option est de chercher des annonces sur LeBoncoin ou sur des sites comme SeLoger, mais on y trouve aussi plein d’arnaques : « On nous demande des virements avant même de visiter l’appartement ou après avoir vu une simple vidéo », ajoute l’étudiante. 

Pour Noha Voisin, étudiante en relations internationales à Metz, c’est un cauchemar, elle vient de Bordeaux et multiplie les allers-retours en train pour chercher un appartement. Elle commence sa rentrée lundi et n’a toujours rien trouvé. « On va peut-être sortir de cette crise mais pas avant quelques années », d’après Olivier Roseto. Se loger facilement en Lorraine n’est alors pas encore gagné.

Noé Chaillot