Cette année, la Foire Internationale de Metz accueille une exposition sur la Louisiane. Du 29 septembre au 9 octobre, les visiteurs pourront voyager outre-Atlantique pour se rendre dans la colonie française devenue État américain et ressentir l’ambiance jazzy de la Nouvelle-Orléans.

La nuit tombe à la Foire Internationale de Metz. Jusqu’à 22h, les visiteurs déambulent au milieu des stands des artisans du centre des congrès. Certains se dirigent au fond du Hall C, où se tient une exposition sur la Louisiane. Derrière les toiles noires, le chant des criquets et des bruits d’eau imitent le son du bayou, marécages typiques de la Louisiane. L’exposition retrace l’histoire de l’Etat américain sur près de 1100m2 et plusieurs siècles d’histoire, de sa colonisation par les Français jusqu’à l’expansion du jazz à la fin du XXe siècle .

La grande rue du quartier français du Vieux-Carré, reproduite pour l’exposition.

Une remontée dans le temps

L’exposition remonte d’abord aux origines amérindiennes de la Louisiane, avant l’arrivée des explorateurs français à la fin du XVIIe siècle. C’est la colonisation qui prend place alors, ainsi que la traite des noirs, retranscrite par une cabane en bois comme il en existait tant derrière les pavillons coloniaux qu’on dirait tout droit sortis d’Autant en emporte le vent. Grâce à ses installations, on peut se rendre compte des différences de conditions de vie entre les riches propriétaires terriens et leurs esclaves. Pour conserver ses esclaves, la Louisiane fait sécession en 1861 comme d’autres États du sud. La guerre arrive alors et la deuxième salle de l’exposition y est entièrement dédiée, entre campement de soldats et uniformes reconstitués. C’est ensuite que les couleurs s’offrent aux yeux des visiteurs, tout comme le son endiablant des trompettes et des saxophones qui vient leur titiller les oreilles. La dernière salle est une grande rue qui nous expose la Nouvelle-Orléans jazz des années 1920, avec toute sa culture. Si vous voulez connaître votre avenir, on peut même vous tirer les cartes ! 

Yannis Lucas, voyant, tire des cartes de tarot.

Une exposition immersive

Un an de travail a été nécessaire pour réaliser l’exposition, dont dix mois qui ont servi à la construction du décor. « Nous avons fait en sorte que l’exposition soit la plus immersive possible » commente Mathieu Gaillard, le réalisateur de l’exposition. « Le but était de recréer les ambiances de la Louisiane ainsi que son aspect multiculturel ». Et c’est réussi : la dernière salle, reproduction du quartier français du Vieux-Carré, nous montre tout l’impact qu’a eu la colonisation française et la francophonie à la Nouvelle-Orléans mais aussi son mélange avec la culture américaine. Le jazz se retrouve donc mêlé aux personnages du Mardi gras, de même que les traditionnels donuts américains, produit phare du “Bourbon bar”, le point de restauration de l’exposition. 

Les donuts et autres pâtisseries du “Bourbon bar”, à l’entrée de la grande rue de l’exposition

« La Louisiane a encore des liens avec la France »

« On a proposé cette exposition car la Louisiane a encore des liens assez forts avec la France », explique Mathieu Gaillard. « Pour moi, la Louisiane est une sorte de bulle aux États-Unis, une éponge américaine imprégnée de culture française ». Toutefois, si l’influence culturelle persiste, la francophonie est quant à elle en déclin. Alors qu’un million de personnes parlaient français dans les années 1970, le nombre de francophones est aujourd’hui estimé entre 100 000 et 200 000 personnes. Pourtant, 25% de la population est d’ascendance française. Comment en est-on arrivé à ce chiffre ? En 1921, la Louisiane a rendu obligatoire l’enseignement public dispensé en anglais, le français étant réservé aux ouvriers pauvres. Cette association avec le niveau de revenu a contribué à la baisse du nombre de francophones sur toute une génération. Pour relancer l’apprentissage et l’utilisation de la langue de Molière, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un fonds pour soutenir la diffusion du français dans les écoles américaines, lors de son passage en Louisiane début décembre 2022. Reste à présent à développer l’activité économique, avec entre autres le tourisme francophone, pour permettre l’utilisation de cet apprentissage.