Stationné depuis plus d’un mois et demi sur les pavés de la Place d’Armes, le bus des restos du cœur accueille chaque soir des personnes dans le besoin. Certains d’entre eux nouent des liens forts avec les bénévoles qui sont là pour leur offrir un repas équilibré mais aussi et surtout de la chaleur humaine.

« Nous leur offrons un repas chaud mais en retour nous apprenons plein de choses sur le regard qu’ils ont de la vie. Ça ouvre les yeux sur la chance qu’on a d’avoir un toit » a confié Alexis avec un brin d’émotion. Voilà un an qu’il est bénévole sous le regard bienveillant de Coluche et c’est sa dernière soirée de travail. Comme lui, une trentaine de bénévoles de tous âges ont à cœur d’aider ceux qui ont faim et dont le froid engourdit chaque articulation. C’est entre les mains de ces bons samaritains que des plats nutritifs sont préparés en amont, les après-midi, pour être mis dans la cantine du bus et être servis jusqu’à 22h. Tous les soirs, ce sont cinq à six bénévoles qui s’activent dans le ronron ambiant du bus.

De plus en plus de personnes dans le besoin 

Le nombre de bénéficiaires a graduellement augmenté ces dernières années, en partie à cause de la crise économique. Une tendance à la hausse qui inquiète les bénévoles. « En 4 ans de volontariat, j’ai remarqué une évolution négative, avec beaucoup plus de besoins. Ce qui me choque le plus, c’est qu’il y a une augmentation de précarité chez les jeunes. Ils sont dans la rue à cause de difficultés familiales », constate Alexis.

En plus de ces jeunes, parfois des étudiants, il y a les étrangers qui viennent d’Europe de l’Est ou d’ailleurs. En transit en France ou venus pour s’y installer, ils n’ont d’autres choix que de recourir aux services de l’association de l’humoriste disparu. Et si certains ne parlent pas français, les bénévoles réussissent malgré tout à communiquer avec eux en usant des moyens du bord.

« On n’est pas là que pour leur servir de la soupe »

S’ils n’usent parfois que de mots basiques pour communiquer avec les bénéficiaires, les bénévoles offrent aussi un peu de chaleur humaine.  Un sourire ou un regard peuvent tout changer, beaucoup apporter. Pour Jean-Louis, bénévole retraité, « on n’est pas là que pour leur servir de la soupe. On leur sert aussi de la chaleur, du réconfort, et ça les revalorise et petit à petit on tisse des liens. » Des liens qui se transforment en amitié parfois, surtout avec les habitués du bus. « Dès qu’on distribue les plats, on prend le temps de discuter avec les gens. J’ai eu des conversations très intéressantes et enrichissantes avec certains d’entre eux», ajoute Alexis. Des discussions qui peuvent commencer par la météo et finir sur des questions politiques. Alexis, qui est originaire du Sud de la France raconte que grâce aux bénéficiaires, il a beaucoup appris sur l’annexion allemande de Metz, par exemple.

Des tensions parfois, mais toujours du sang-froid

Si l’ambiance est généralement chaleureuse dans le bus, ce n’est pas toujours le cas. Les bénévoles ont quand même affaire à des situations qui leur rendent la tâche difficile. « Ce n’est pas facile pour nous d’engager la discussion avec des personnes en état d’ébriété. Ce n’est pas évident non plus de les aider à trouver un logement. », révèle Alexis. Il arrive que les choses se corsent, mais le jeune bénévole explique qu’ils essaient toujours de résoudre les problèmes à force de calme et de patience.