Les prisons sont pleines à craquer. Alors qu’un colloque sur la surpopulation carcérale s’est tenu cet après-midi en présence de la Garde des sceaux Christiane Taubira, l’heure est au bilan.

Le chiffre donne le vertige et croît de façon régulière. Au 1er mars 2014, 68 420 personnes étaient détenues. Pour seulement 56 992 places réelles dans les prisons. Le surnombre se calculant en ajoutant la surpopulation apparente au nombre de places de libre (voir Infogram ci-dessous). Cet engorgement carcéral pousse plus de 1 100 détenus à dormir sur un matelas posé a même le sol. Dans le pays des Droits de l’Homme…

Des conditions de vie parfois indécentes

Dans un rapport annuel rédigé par le contrôleur général des prisons, l’insalubrité des établissements est en effet pointée du doigt par les prisonniers et les travailleurs en milieu carcéral. Cette année encore, ce sont des conditions déplorables qui sont décrites : cellules de 9 m² partagées, toilettes ouvertes sur la cellule,  présence de rats… Et bien souvent, ce sont les bâtiments même qui menacent de s’écrouler. La France est d’ailleurs montrée du doigt par les organismes internationaux pour ses conditions de détention dans certains centres. Cela est bien souvent du au manque de moyens.

L’argent est manquant

Le gouvernement actuel n’a pourtant de cesse de chercher des solutions : quand la droite aurait clairement fait le choix de construire de nouveaux centres, la gauche choisit de privilégier les milieux ouverts – une mesure moins coûteuse, mais qui nécessite tout de même un réel investissement. Le budget de l’Etat doit pouvoir suivre… ce qui ne semble pas être le cas pour l’instant. Les règles financières dans les prisons sont claires : seules les dépenses « inéluctables au fonctionnement de l’établissement » sont autorisées, indiquait en juillet le directeur de la maison d’arrêt de Douai. Quid de la construction de nouvelles places ? Le gouvernement avait annoncé cet été ne construire que 6 500 couches supplémentaires, pour arriver à 63 500. Un nombre pourtant bien insuffisant pour répondre à la demande grandissante.

La réforme Taubira doit faire ses preuves

Avec sa réforme pénale, Christiane Taubira a supprimé les peines planchers, responsables de 4 000 journées de prison par an. Plus de 35% des prisonniers purgent ce qu’on appelle une « courte peine » (moins d’un an). Les détenus concernés par une peine plancher libéreraient de la place et cela pourrait, à terme, réduire les risques de récidive. Le tout nouveau Premier Ministre Manuel Valls ne partage absolument pas cette vision : pour lui, « la surpopulation carcérale (ne peut s’expliquer) exclusivement par le recours ‘par défaut’ à l’emprisonnement et par l’effet des peines planchers ». Certains autres pencheraient vers un numerus clausus, qui ferait sortir les plus proches de la sortie. Impensable pour le gouvernement actuel.