Quand la neige débarque en Moselle, c’est la station France Bleu Lorraine Nord qui entre en ébullition. Info trafic, flash d’actualité, conseils pratiques… Les journalistes assurent chaque minute d’antenne et courent après le temps entre 3 h et 9 h du matin.

« Jeudi 21 novembre, il est 6 h sur France Bleu Lorraine ! » Les premières neiges de la saison tombent sur Metz et ses alentours. Encore ensommeillé, vous branchez négligemment la radio pour vous informer de l’état des routes. Les voix enjouées de deux présentateurs résonnent dans votre cuisine et les informations s’égrènent comme une mécanique bien huilée. Difficile d’imaginer, derrière ce doux ronron, un studio en effervescence et un travail de vérification de chaque minute.

« Les matinales « neige » sont les plus exceptionnelles, les plus denses », confirme Julie Seniura. Comme d’habitude, la jeune journaliste a passé la porte de la rédaction, au 5 de la rue d’Austrasie, à 3 h du matin. Dehors, la ville dort encore, frigorifiée sous un manteau de flocons. « Je vérifie les dernières infos et je fais la répartition des reportages à diffuser », explique-t-elle, attablée devant son ordinateur. D’une traite, elle rédige tous ses flashs d’actualité, qu’elle lira à l’antenne à chaque quart d’heure. Seul le cliquetis de ses doigts sur son clavier résonne dans l’open space. La tension est palpable. Il faut être prêt pour le journal, à 7 h pile.

Le site du conseil général, sur le réseau routier et celui de la Dir est* sont les principales sources en cas de neige. Elle appelle aussi les pompiers, premiers au courant des accidents. « L’objectif est de faire la route avec les gens, leur dire en temps et en heure où ils peuvent circuler. C’est notre cœur de cible, il ne faut pas se rater, justifie-t-elle. L’alerte orange est tombée hier. Mais on ne peut rien anticiper, on ne peut voir l’évolution de la météo que sur le moment.  ».

« Notre stress ne doit pas se voir à l’antenne »

Déjà 7 h. Les micros sont ouverts dans le studio. Un pour la voix de Julie, un autre pour celle de Marc Grandmontagne, son acolyte de la matinée. « L’actualité de ce matin, c’est la neige ! Point complet tout au long de ce journal », annonce-t-il, le sourire aux lèvres. Derrière sa table de mixage, le technicien envoie les jingles. La matinale est lancée. Les deux journalistes se renvoient la balle, enchaînant infos sur les accidents, points météo et même quelques blagues. « Notre stress ne doit pas se voir à l’antenne. On est là pour faire de l’info pratique, faire rigoler un peu les auditeurs », souligne Julie.

Pourtant, la tension est là. Chaque seconde est précieuse. « A la bourre », la journaliste reprend l’écriture de ses flashs entre chaque prise d’antenne. Sans oublier de les réactualiser en fonction de l’évolution de la météo. « On vérifie le site de Météo France, la page Facebook de la rédaction, et beaucoup d’auditeurs nous appellent », précise-t-elle. C’est justement pendant une journée neigeuse que le standard avait explosé l’année dernière : « 800 appels au lieu des 200 que l’on a en moyenne ! »

Tenir une matinale « normale » ne sera pas possible ce matin. Les flashs météo se multiplient, comme les témoignages d’automobilistes. « J’ai dû complètement sabrer mon texte, on n’avait plus le temps », lance Julie en parlant de son article qu’elle a dû résumer à l’antenne. « On a aussi dû virer la chronique éco, de la musique et quelques pubs, ajoute Marc. On n’a pas le choix, si on ne parle pas de l’état de la neige, les gens vont zapper sur une autre fréquence ».

Ca y est, il est 9 h. Julie range ses notes, éteint son micro et reprend son souffle. Elle a une nouvelle fois « rempli sa mission » de journaliste localière. « J’ai toujours été borderline, mais je n’ai jamais dépassé. Je n’ai pas le droit de rater un journal », indique-t-elle. Et puis, ce stress, cette adrénaline, elle l’avoue : « C’est le meilleur du métier ».

*Dir Est : direction interdépartementale des routes de l’Est