FAC Metz

Entre l’inflation des loyers et des denrées alimentaires, les étudiants sont de plus en plus nombreux à se priver de sortie, de loisirs mais aussi de repas et de chauffage. Les bourses, pour ceux qui en bénéficient ne suffisent pas.

« Je me pose la question à chaque sortie de savoir si j’ai encore assez d’argent. » Léa, en licence de sociologie sur le campus de Metz reconnaît que les fins de mois sont souvent compliquées. Les arbitrages entre les repas, les sorties ou le logement sont devenus le quotidien de nombreux étudiants. Selon le dernier rapport de l’IFOP pour l’association Cop1, 36 % des étudiants se privent régulièrement d’un repas par manque d’argent. Les chiffres se sont accentués avec la spirale inflationniste qui touche la France depuis plusieurs mois.

Pour Inès, étudiante en première année d’école d’infirmière, emmener son repas dans une boîte tous les midis est une habitude. « Cela m’évite de dépenser trop d’argent dans la nourriture, sinon je ne pourrais pas manger tous les jours. ».

La crise immobilière s’ajoute aux problématiques des étudiants

Mais l’alimentation n’est pas le seul souci des étudiants. Car si les prix des denrées alimentaires augmentent, c’est aussi le cas des logements dont les tarifs flambent face à la pénurie. +10 % en moyenne pour un studio dans la plupart des villes françaises selon une enquête de l’Union Étudiante. Amandine, elle aussi en école d’infirmière, a plus d’une heure de bus matin et soir pour se rendre en cours sur le campus messin. Face à la pénurie de logements à Metz, elle n’a rien trouvé à moins de 400 € pour la rentrée. Comment combiner les temps de transport, les cours et les devoirs, s’interroge-t-elle encore. « Je ne suis pas boursière donc je n’ai pas le droit à un logement au Crous, mais ce n’est pas pour autant que mes parents peuvent me donner 600 € par mois pour payer un studio ».

Inès vit encore chez ses parents. Impossible pour eux de payer un appartement pour sa sœur à Strasbourg et un pour elle à Metz. Elle touche chaque mois 200 € de la bourse, largement insuffisante selon la future infirmière. Les abonnements de transport lui coûtent déjà 60 € par mois auxquels viendront bientôt s’ajouter 15 € pour un forfait internet. « Dans notre bâtiment {sur le campus de Metz}, il n’y a pas de wifi donc on doit tout le temps travailler en partage de connexion ». C’est sans compter les tenues professionnelles et les livres scolaires à acheter en ce mois de rentrée.

Combiner job et études

Marine reconnaît la chance de bénéficier d’une aide financière luxembourgeoise. Son père travaillant depuis plus de dix ans dans le pays frontalier de la Lorraine, elle a droit à près de 1 199 € par semestre. « Sans cet argent, je ne sais pas comment je ferai. En France, je touche moins de 300 € par mois. » Selon l’association Cop1, créée après la crise Covid afin de redistribuer des dons alimentaires ou des vêtements, la plupart des étudiants qui font appel à eux sont non-boursiers. 75 % des élèves interrogés par l’organisme sont contraints de travailler en plus de leurs études. Un emploi du temps serré qui les empêche d’être présents à des cours, et les poussent parfois à abandonner l’université après quelques mois seulement.

Myrthille Dussert