Depuis son élection en mai 2012, rien ne va plus pour François Hollande. La plupart de ses décisions sont contestées et sa côte de popularité est en chute libre. 20 % selon l’IFOP, il s’agit du score le plus bas enregistré par un président français depuis 1958. Nous avons interrogé les représentants lorrains  de cinq partis politiques différents. Voici leurs réactions.

« Quelle est la pire décision prise par François Hollande depuis son élection, selon vous? »

C’est la question que nous avons posée à cinq politiques de la région. Ils ne partagent pas les mêmes arguments. Mais tous sont unanimes : le gouvernement en place a tort. Pourquoi?

L’augmentation de la TVA

Au parti communiste français du pays messin, Jacques Maréchal, candidat aux municipales s’en prend aux taxes qui touchent les concitoyens.

« Je pense que quand on tape dans la poche des familles s’agissant de l’augmentation de la TVA pour accorder des subventions supplémentaires au Medef ou aux grandes entreprises, c’est une mesure inacceptable. C’est totalement scandaleux.

C’est la pire des mesures prises, parce qu’elle va toucher toutes les familles à partir du 1er janvier, on parle d’une ponction de 400 euros par an pour une famille composée de deux adultes et deux enfants.

Dans les conditions actuelles, au regard des difficultés des familles, c’est vraiment une mesure tout à fait inacceptable. Nous demandons l’annulation de cette hausse de TVA. »

[toggle title= »Les taxes sur la TVA ? »] Au 1er Janvier 2014, les taxes sur la valeur ajoutée (TVA) seront augmentées : de 7 à 10%  pour la taxe intermédiaire, le logement en fait partie et de 19,6 à 20% concernant les biens et les services comme la note au restaurant par exemple. Cependant, il y aura aussi une diminution de la TVA concernant les produits de première nécessité comme l’alimentation, mais elle sera moindre comparée aux augmentations citées plus haut. Elle passera de 5,5 à 5%. En savoir plus.[/toggle]

La politique de croissance

Pour Pierre Christophe, porte-parole et secrétaire d’Europe Ecologie-Les Verts en Lorraine (EELV), le problème est intrinsèquement lié à un système économique basé sur une augmentation de la croissance. Une exacerbation de la consommation, de la production des richesses serait selon le gouvernement une bonne chose. Pour l’écologiste, il ne s’agit pas là d’une finalité.

« Sa politique de croissance est à l’opposé de ce que les écologistes demandent.

Vous connaissez l’équation : il faut faire de la croissance pour avoir des emplois, mais ça ne fonctionne pas. Sur le plan économique classique, peut-être que ça fonctionne mais en terme environnemental, c’est une catastrophe absolue.

Il faut réviser totalement notre façon de produire, de consommer, d’échanger, de partager les richesses. Fonder l’économie sur une croissance qui serait infinie est stupide dans la mesure où notre monde est fini. Et les ressources auxquelles nous pouvons accéder sont limitées.

Ainsi, le système économique actuel est inefficace. On ne peut s’en contenter car ce système laisse des millions de personnes dans la misère.

Le moyen qu’aurait pu utiliser le gouvernement, c’est de mettre à plat la fiscalité pour créer les conditions de l’égalité ».

Les occasions ratées

Guy Cambianica, président du parti Modem en Moselle, se méfie de la démarche. Il précise : « Si vous vous attendez à du sensationnel, passez votre chemin… ».

Puis argumente :  » Plutôt que de parler du pire, ce qui est vain quand on n’a pas les manettes, je préfère évoquer ce qui me semble être des occasions ratées :

– Une réforme immédiate de la fiscalité inspirée des travaux du groupe Piketty.
– Un référendum sur la moralisation et la simplification de la vie publique.
– Le courage d’imposer un corridor humanitaire et une interdiction de survol des zones civiles en Syrie.

Pour le reste, le gouvernement peut se prévaloir des mesures prises pour redonner de l’emploi aux français. Si elles n’étaient pas systématiquement sabotées par une opposition vindicative, elles permettraient de redonner espoir à des milliers de chômeurs ».

Les peines planchers

Au Front National de Metz, Françoise Grolet, conseillère régionale, estime que la Justice est la première source des erreurs gouvernementales. Les peines planchers  sont la cible de la candidate FN aux prochaines municipales.

« Pour moi, la mesure la plus néfaste, c’est celle qui conduit au laxisme en matière judiciaire.

C’est donc la décision de faire en sorte que chaque auteur de délit qui est puni d’une peine d’emprisonnement de moins de 5 ans puisse ne pas être incarcéré. Jusqu’à présent c’était moins de 2 ans et maintenant on passe à 5.

Ces gens-là sont susceptibles d’être punis par “une contrainte pénale” qui permet de contrôler la personne.

C’est un signal d’impunité, c’est ça qui me frappe, actuellement il y a une augmentation phénoménale à tous les niveaux de délinquance, ce n’est donc pas normal. »

Françoise Grolet se refuse pourtant à un durcissement de la Justice. Elle souhaite un retour à la « normale ».

[toggle title= »Les peines planchers ? »]Les peines planchers sont des peines minimales infligées en cas de condamnation en état de récidive légale pour certains délits. Une disposition censée prévenir la réitération des faits. Sa suppression par la loi Taubira 2013 tend, selon ses détracteurs, à une hausse de la récidive.[/toggle]

La TVA sociale et la justice

Selon François Grosdidier, maire de Woippy et sénateur UMP de la Moselle, c’est une combinaison économique et judiciaire qui est la cause des problèmes récurrents du gouvernement en place.

« La mesure qui me vient à l’esprit sur le plan économique, c’est à la fois l’abandon de la TVA sociale et la décision, même si elle n’a pas pu être menée à son terme pour l’instant, de la fiscalité à 75%. C’est ce qui a conduit à une démobilisation des investisseurs en France. Ce sont deux signaux extrêmement négatifs en matière de sécurité et d’économie.

Ce sont des décisions lourdes de conséquences. Cela suscite l’incompréhension totale de l’opinion.

On a aussi un autre vrai problème, cette fois avec la justice. La légèreté des peines pour les récidivistes est un réel problème. Il est extrêmement rare qu’un délinquant soit sanctionné au premier acte. Ce sont seulement les personnes qui ont un lourd passé judiciaire qui connaissent une première véritable condamnation.

Quelque part, l’impunité dont ils ont bénéficié en tant que mineur ou la légèreté des peines infligées ensuite ont été pour eux des incitations à la récidive. Les peines planchers avaient pour objectif de mettre fin à ces incitations à la récidive en systématisant des peines beaucoup plus lourdes en cas de réitération des délits. En les supprimant, le gouvernement a donné un signal contraire. C’est une décision catastrophique ».

 

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