Cédric Shili, artiste et graphiste lorrain, a monté sa propre galerie à Metz l’année dernière. Un challenge ambitieux qui lui permet de vivre pleinement sa passion pour l’art.

IMG_8956

Cédric Shili est le co-fondateur de la galerie « Toutouchic » de Metz

Cheveux en bataille et barbe hirsute, Cédric Shili a gardé de l’adolescence la nonchalance et l’apparente désinvolture. À 30 ans, le jeune artiste préfère aux discours formels un ton plus familier. Avec une mère institutrice et une sœur professeur de mathématiques, Cédric semblait destiné à suivre une voie professionnelle plutôt prosaïque. C’était sans compter sur son frère, étudiant aux Beaux-Arts à Epinal, qui lui transmet la fibre artistique : « Quand je rentrais du lycée, mon frère me montrait ses travaux. C’est grâce à lui que ma sensibilité artistique a pu s’éveiller », explique le jeune homme. Son intérêt esthétique pour l’image et la photo l’amène à poser ses valises aux Beaux-Arts de Metz pour 5 ans de formation. « Au début, je ne savais même pas dessiner », sourit Cédric. « J’étais essentiellement intéressé par l’aspect vidéo. Peu à peu, j’ai découvert le travail de la typographie et j’y ai pris goût ».

Au lendemain de l’obtention de son diplôme, les désillusions de rigueur apparaissent. Pendant un an, il enchaîne les projets « à droite à gauche ». « Il faut bien manger », explique Cédric, lucide. « Les débuts sont loin d’être évidents. Vivre de son travail d’artiste est difficile ». Le jeune homme a eu la chance d’être épaulé par ses parents, qui connaissaient la réalité précaire du milieu artistique. « Ils m’ont toujours encouragé, le seul deal était de ne pas rester trop longtemps sans rien faire à la sortie de l’école », plaisante Cédric, qui commence alors à travailler en tant que graphiste. De ces expériences professionnelles naît le studio Pik Nik, un espace en ligne dédié à ses créations.

La concrétisation d’un rêve

L’envie de créer sa propre galerie a germé en lui il y a longtemps. « C’est une idée que j’avais dans les tiroirs mais à l’époque ça me paraissait irréalisable », avoue le jeune artiste. Grâce au soutien de la Drac Lorraine et de la ville de Metz, Cédric franchit le pas en janvier 2011 et, avec l’aide de son acolyte Vanessa Steiner rencontrée durant ses années d’études, il ouvre la galerie Toutouchic. Un lieu atypique dédié au graphisme et à l’objet imprimé, dont la vocation est d’accueillir les installations de jeunes artistes contemporains. « À l’époque, il y avait de belles structures culturelles à Metz, mais qui restaient difficiles d’accès pour les artistes débutants », analyse l’intéressé. « Nous avons voulu profiter du potentiel amené par le Centre Pompidou et participer à cette nouvelle dynamique culturelle. Tous les ingrédients étaient réunis pour que ça fonctionne », se réjouit le jeune homme. Le premier vernissage est pourtant angoissant : « Je me sentais comme un adolescent qui monte sur scène pour la première fois avec son groupe de rock », s’amuse-t-il. Un an après sa création, les doutes se sont dissipés. La galerie a le vent en poupe et un public de plus en plus fidèle.

Ouvrir la voie à d’autres

Graphiste dans une agence de communication au Luxembourg, Cédric se partage entre Toutouchic et son « travail alimentaire » qui, loin de brider sa créativité, lui permet de concilier les deux univers qu’il affectionne. « La galerie est un lieu de rencontre. C’est comme une soupape, qui me permet de vivre mon art de manière ludique », affirme l’artiste. Parmi ses réalisations en collaboration avec Vanessa, un porte-clef démesuré pour Metz plage ou un baby-foot géant en pleine nature. Sa collègue, qui travaille avec lui depuis 2008, le connaît sur le bout des doigts : « Il est consciencieux et pertinent en matière d’idées et d’actions, avec un côté à la fois cynique et drôle ». Ce que le jeune homme souhaite avant tout, c’est faire perdurer Toutouchic à travers le temps. Pour que, comme lui, d’autres artistes puissent à leur tour vivre de leur passion.