Quand vient la retraite, beaucoup profitent de leurs belles années, voyagent, s’offrent du bon temps. En Moselle le président des Restos du Cœur consacre cette période à aider ceux qui en ont besoin.

Ren_Oury
René Oury met sa retraite au service des autres

 

 

C’est en plein milieu d’une discussion agitée que nous découvrons Renée Oury. Le président de l’antenne départementale des Restos du Cœur, est en train de redéfinir le plan de la distribution mobile du soir. L’arrivée d’une vague de froid sur la région oblige les équipes à ajouter les vêtements aux services de cuisine habituels. « Un instant, je vous prie. Asseyez-vous, je suis à vous tout de suite. » Soucieux de se rendre disponible, René clos cette conversation rapidement, c’est pour nous l’occasion de le voir à l’œuvre. Ce retraité de 69 ans est encore très dynamique. Grand et mince, il ne fait pas son âge, pourtant son regard constamment ému et son visage ridé trahissent une certaine sagesse. A peine assis, dans un grand sourire sincère, il nous invite à commencer l’interview en nous faisant apporter un café. Accueillir c’est son travail.

« J’avais envie d’en faire plus »
Issu d’un milieu ouvrier, René a travaillé toute sa vie comme ingénieur à la SNCF. De par ses origines modestes, il connait les besoins des plus démunis et a appris à être proche des gens. Une fois retraité, René a voulu tenir la promesse qu’il s’était faite quinze ans auparavant. A l’époque, fasciné par les idées que véhicule Coluche, il se décide à consacrer du temps pour les plus pauvres à travers les Restos du Cœur. En 2000 il devient bénévole et commence les distributions au centre de Borny. Motivé, il cherche rapidement à faire plus qu’accueillir et réconforter. Ce n’est pas par ambition personnelle mais par volonté d’élargir l’offre faite aux bénéficiaires, qu’il essaye d’innover et de mettre en œuvre les compétences de management que ses dernières années à la SNCF lui ont apportées.

Après quatre ans au contact des bénéficiaires, René est élu président de l’association départementale. Il s’attache dès lors à mettre en place autant de manifestations qu’il leur est possible de faire. De même, il tient à rappeler : « les Restos ce n’est pas que de l’aide alimentaire : nous proposons des vêtements, l’accès à la culture avec les sorties cinéma, nous mettons à disposition des coiffeurs, etc. ». Fidèle aux idées de son mentor, il se bat pour rendre leur dignité aux plus pauvres. « Mes collaborateurs disent que je suis trop motivé. Je veux mettre en place dès cette année un système de microcrédit et de restos-bébé. Nous devons accompagner autant que possible ceux qui en ont besoin. »

« C’est une culture familiale »

« Je ne le vois pas plus que quand il travaillait. Je respecte son engagement même si parfois tout cela me titille un peu. Le pire c’est le téléphone, mais il doit répondre… », confie son épouse Evelyne. « Il a besoin de se rendre utile et d’être actif, même si nous ne le suivons dans son activité que ponctuellement, mes enfants et moi sommes très fiers de son engagement. » Les valeurs qui lui sont chères, René les transmet aux siens « C’est une culture familiale. », explique-t-il. Conscient que son rôle de président dépend de sa réélection par le conseil d’administration, René confirme pourtant qu’il pense bien continuer tant que sa santé le lui permettra. « Parfois je rate des repas de famille, je ne suis pas toujours disponible et je ne peux pas être un papy-gâteau, mais je n’ai pas de regrets. », conclue-t-il.