Le covoiturage spontané, une alternative pour les personnes seules qui utilisent leur voiture dans leurs déplacements quotidiens à Metz.

En Face de l’Hôpital militaire Legouest de Metz, aux abords de l’avenue de la Seille et de la voie rapide Est, se trouve un petit parking entouré d’arbres récemment plantés. Un marquage jaune indique sur une large place de stationnement la mention « Arrêt Covoiturage » et l’on trouve un abribus sans carte du réseau de transport et mention des horaires, mais avec une fiche explicative du fonctionnement de « Covoit’Ici » avec en grand ce slogan : « Ici, covoiturez au quotidien !  »

Du vendredi 16 au jeudi 22 septembre avait lieu la semaine européenne de la mobilité. A cette occasion Vinci Autoroutes a publié les résultats de son 2ème Baromètre de l’autosolisme. Sur un million de véhicules analysés, 85,2% ne contenaient qu’une personne. Cette pratique solitaire de la conduite se remarque majoritairement dans les horaires de migrations pendulaires, lorsque les habitants des zones rurales et péri-urbaines se rendent à leur travail en zone urbaine. Le taux d’autosolisme représente 87% des usagers de la route entre 7h00 et 8h30, multipliant le nombre de voitures sur les routes allant vers les villes. Cette quantité importante de véhicules aux abords des agglomérations maximise les chances d’embouteillages et accentue les émissions de gaz à effet de serre.

Depuis les années 1980, une alternative à l’autosolisme a émergé en France, c’est le covoiturage. À Metz depuis le 23 mai pour les conducteurs et le 20 Juin pour les passagers il existe une ligne de covoiturage : Covoit’ici Boulay-Metz.

Covoiturer comme on prend le bus

De l’Eurométropole de Metz à la Communauté de Communes de la Houve et du pays Boulageois, il est possible de prendre une voiture de la même façon que l’on prend un bus. Cette solution à l’autosolisme s’appelle le covoiturage spontané et elle est proposée par la start-up nantaise Ecov. Ce projet est né d’une observation simple : il y a trop de voitures en ville alors que c’est un transport collectif. D’après Lucie Pingaud, développeuse de communautés chez Ecov : « On a poussé ce système en créant des lignes de covoiturage qui ressemblent à des lignes de bus avec des arrêts matérialisés, des horaires et un sens.« 

L’arrêt Covoit’ici de Metz (Hôpital Legouest) au 665 Rue des Frères Lacretelle

Ecov a multiplié les expérimentations de lignes de covoiturage partout en France, à Rennes, à Lyon et dans le Grand Est au nombre de 4. Les lignes Covoit’ici offrent des infrastructures adaptées : parkings, panneaux d’informations et abris pour les passagers. Pour les conducteurs, le fonctionnement consiste à signaler au moment de partir de chez soi, sur l’application, le trajet que l’on s’apprête à faire. Pour les passagers, il faut sur la même application indiquer sa position ou l’arrêt le plus proche ainsi que la destination de notre voyage.

En temps réel, le conducteur est informé de la présence d’un passager sur sa route, il touche 1€ par trajet et 2€ par passager dans son véhicule en plus de créer du lien social avec des habitants de la même zone géographique.

D’après Lucie Pingaud, développeuse de communauté chez Ecov « les lignes de covoiturage ont été co-créées avec les acteurs locaux […] les communautés de communes sont moteurs du projet. » L’entreprise nantaise aide et fait du service public partagé de transport dans l’objectif de créer de nouvelles mobilités, en apportant son expertise et en gérant la création de projet et les groupes d’usagers. Ce sont d’ailleurs les communautés de communes qui financent les indemnisations des conducteurs, pour répondre à leurs objectifs de transition écologique.

Le temps d’attente est relativement faible : entre 4 et 5 minutes

« Nous avons aujourd’hui 780 inscrits, avec plus d’une centaine de conducteurs réguliers et 35 à 45 passagers » présente Lucie Pingaud. La fréquentation de la ligne Covoit’Ici Boulay-Metz est satisfaisante pour Ecov, il y a en moyenne, par jour 130 conducteurs récurrents pour 10 passagers récurrents. En conséquence, le temps d’attente est relativement faible : entre 4 et 5 minutes, « le soir, il y a une garantie retour après plus de 10 minutes d’attente […] une solution (souvent un taxi) est trouvée avec l’assistance » explique Lucie Pingaud.

Ce genre d’initiative de covoiturage spontané permet aussi une interactivité avec les usagers, Lucie Pingaud organise régulièrement des rencontres et anime les réseaux sociaux d’Ecov pour recueillir les avis des conducteurs et des passagers. Cette communauté fait de nombreux retours en présentant des points d’améliorations comme le souhait d’avoir plus de lignes sur des horaires étendus.

Covoit’Ici est l’une des solutions à l’autosolisme dans la mesure où le nombre de voitures dans les agglomérations baisse avec cette alternative. Les 200 trajets covoiturés d’Ecov en Moselle ont permis d’économiser 680kg de CO2 depuis la création de la ligne. L’écologie et la hausse du prix du carburant restent par ailleurs, les principales motivations au covoiturage spontané.