Marc Sciamanna, adjoint au maire de Metz, en charge de la vie étudiante et de l'enseignement supérieur

Dans le classement annuel des villes étudiantes, établi par le magazine L’Etudiant, Metz a atteint cette année la 29e place. Mais reste encore loin derrière la 11e place de son éternelle rivale Nancy. Marc Sciamanna, adjoint au maire de Metz, en charge de la vie étudiante et de l’enseignement supérieur se réjouit de cette avancée et fait l’éloge de la marque « Metz l’étudiante ». D’autres, comme Xavier Bouvet, chef de l’opposition de gauche au conseil municipal, dénoncent un dispositif « sans socle » et un classement « sans pertinence ».

« Metz est une grande ville étudiante, mais on doit l’affirmer plus que d’autres. » Voilà le constat que dresse Marc Sciamanna, adjoint au maire de Metz, en charge de la vie étudiante et de l’enseignement supérieur. Cette année encore, Metz a gagné quelques places dans le classement des villes étudiantes, établi chaque année par le magazine L’Etudiant. Désormais, elle est à la 29e place, sur un total de 45 participants, contre une 31e place l’année dernière.

Une « vision globale » pour les étudiants ou une marque « superflue » ?

Pour l’adjoint au maire, l’avancée s’explique par la « vision globale » de la Ville pour les étudiants. Il met surtout en avant la marque « Metz l’étudiante », créé il y a deux ans avec l’arrivée de François Grosdidier aux manettes de la ville. Le dispositif englobe aussi bien un conseil de la vie étudiante qu’une multitude d’évènements étudiants. « Je crois que peu de villes ont une marque étudiante« , se targue Marc Sciamanna.

Pas de quoi convaincre tout le monde, comme Xavier Bouvet, chef de file de l’opposition de gauche à Metz. « C’est une initiative superflue, dénonce l’élu. On a créé une marque supplémentaire, sans socle, sans contenu« . Quant au classement de Metz? « Ce n’est que de la communication. Ce genre de classement n’a aucune fiabilité et n’a pas de pertinence.« 

Celui qui fut anciennement directeur de l’agence Inspire Metz – l’agence de développement économique et touristique de l’Eurométropole -, dénonce également « l’abandon » de la marque territoriale « Inspire Metz » au profit de « Metz l’étudiante ». Il le perçoit comme un retour en arrière : « Avec Inspire Metz, on alliait déjà la promotion économique, touristique et étudiante du territoire. C’était améliorable, mais désormais on gâche l’argent public en abandonnant la communication territoriale mise en place à partir de 2016-2017« .

47 000… contre 23 000 étudiants

Si la ville de Metz met en place des évènements étudiants comme « Metz l’étudiante l’event », dont la deuxième édition s’est tenue du 21 au 30 septembre, elle ne semble pour l’instant pas en capacité de rivaliser avec Nancy. Sa rivale lorraine compte près de 47 000 étudiants, contre 23 000 pour Metz. Toujours dans le classement de L’Etudiant, la cité ducale arrive à la 11e place. Le tout, sans marque étudiante.

Que fait elle mieux que Metz? A cette question, Marc Sciamanna répond : « Je n’aime pas me vivre en comparaison. Il est vrai que Nancy dispose d’une offre de formation plus développée que Metz, avec un cycle de médecine par exemple. » L’adjoint avance également que Nancy est depuis beaucoup plus longtemps une ville étudiante: « Ici, on a eu besoin de beaucoup défricher le terrain et de prendre par la main« .

« Les étudiants vont là où sont les étudiants »

Pour Xavier Bouvet, l’analyse est simple : « Les étudiants vont là où sont les étudiants« . Il ajoute : « On a des atouts comparables, voire supérieurs à Nancy, mais on doit arriver à valoriser la vie étudiante autrement. Notre boulet a toujours été la densité étudiante« .

Un argument de plus selon lui contre la marque étudiante défendue par Marc Sciamanna : « On parle de « Metz l’étudiante » mais ça ne veut rien dire. D’autres villes de la région sont beaucoup plus étudiantes« . Il note cependant que Metz a « des titres à faire valoir« , notamment une vie culturelle et des atouts économiques. « Des choses intéressantes sont faites, mais il y a un problème de méthode. Il n’y a pas de vision« , juge l’élu.

Alors que faire ? Marc Sciamanna, de son côté, cherche des inspirations : « On va aller voir les évènements à Nancy, et voir comment la vie étudiante s’y vit. De manière générale, on va s’inspirer de ce qui se fait ailleurs« , avance l’adjoint. D’ailleurs, « Metz l’étudiante » a bien failli s’appeler « Metz aime ses étudiants ». « Mais Strasbourg a déjà un dispositif qui s’appelle « Strasbourg aime ses étudiants »« , rapporte Marc Sciamanna.

« Tout ce qu’on peut faire, on le fait »

Reste à savoir désormais comment loger les étudiants messins. Selon le groupe SeLoger, qui se base sur les prix de son réseau, Metz était en 2021 la ville moyenne où le prix de l’immobilier a le plus augmenté en un an : 18,9%. Un chiffre qui peut effrayer au premier abord mais que Xavier Bouvet relativise : « On reste une ville bien plus abordable que d’autres« .

Marc Sciamanna explique la situation à cause de l’emplacement géographique de Metz. Proche du Luxembourg, à 1h30 en TGV de Paris… « On a à la fois une demande de logement étudiants et de logements de qualité supérieure. Les étudiants se voient concurrencés par des cadres« , ajoute l’adjoint. Mais tient à ajouter : « Tout ce qu’on peut faire on le fait. »

L’Eurométropole de Metz a par exemple participé à hauteur d’un millions d’euros à la construction d’une nouvelle résidence universitaire sur le campus du Saulcy. « Tous les logements de ce campus seront soit rénovés, soit neufs« , précise Marc Sciamanna. Une initiative que Xavier Bouvet juge comme allant « dans le bon sens« . « Désormais il faut travailler sur le parc privé« , ajoute l’élu d’opposition.

Au total, Metz compte 5 500 logements étudiants selon l’Observatoire territorial du logement étudiant. Ajoutons que toujours selon cet organisme, un jeune sur deux à Metz vit chez ses parents. « On a un marché relativement peu en tension« , résume l’adjoint à l’enseignement supérieur.

« On peut faire beaucoup de choses avec peu »

Pour faire face à l’augmentation du prix des loyers, certains syndicats étudiants ont proposé un plafonnement de ces derniers. Un choix étudié par la Ville et la métropole? « Je ne sais pas ce qu’on peut faire ou pas sur ce point« , répond Marc Sciamanna, qui ajoute qu’il ignore également « ce que le gouvernement veut faire. »

En attendant, la Ville consacre entre 2,5 et 3 millions d’euros à l’enseignement supérieur dans son budget. « Mais c’est compliqué à calculer exactement« , glisse l’adjoint. Il assure cependant : « On arrive toujours à trouver des financements au niveau de la région ou du département. Ce qui fait qu’on peut faire beaucoup de choses avec peu : on m’appelle le magicien sur ce point. Ce n’est pas juste un budget, c’est aussi de l’ingénierie. »