Le procureur argentin Alberto Nisman a été retrouvé mort d’une balle dans la tête à son domicile. Il s’apprêtait à inculper de hauts dignitaires de l’Etat dans l’affaire de l’attentat de la mutuelle juive AMIA en 1994. La communauté hébraïque a appelé à manifester pour réclamer la vérité.

La communauté juive d’Argentine a appelé hier à une manifestation d’ampleur sur le site de l’attentat de la mutuelle juive AMIA de 1994 qui avait fait près de 84 morts et plusieurs centaines de blessés. Les juifs d’Argentine demandent plus que jamais à la « vérité et à la justice »  alors que le procureur qui détenait les clés de cette affaire vient de mourir dans des conditions troubles.

Suicide ? Assassinat ? Le gouvernement et le peuple argentin n’ont pas la même vision des faits. Nisman est retrouvé mort d’une balle dans la tête à son domicile. Balle provenant d’un pistolet qui lui appartenait. Si les caractéristiques sont celles du suicide, les circonstances de la mort du procureur sont beaucoup plus troubles. Depuis 1994, l’enquête sur l’attentat d’AMIA piétine. Assez rapidement, l’Iran et le Hezbollah sont mis en cause. Mais au fur et à mesure,  des noms de personnalités argentines plus ou moins notables apparaissent. L’affaire prend alors une autre tournure: l’Argentine chercherait-elle à obstruer l’enquête ?

Alberto Nisman s’apprêtait à faire des déclarations fracassantes sur l’implication de la présidente argentine Cristina Kirchner et le ministre des affaires étrangères Hector Timerman dans les ralentissements de l’enquête.

Le gouvernement et plus particulièrement la présidente, soutenu par la police, parle de suicide. L’autopsie du cadavre de Nisman révèle pourtant que la victime n’avait pas de poudre sur les doigts. Dès lors, le peuple argentin parle de complot et descend dans la rue, brandissant des pancartes, « Yo Soy Nisman » (Je suis Nisman) en écho au « Je suis Charlie » qui a agité le monde au début du mois. Certains parlent d’attentat à la République et de mensonges.

Aujourd’hui, Cristina Kirchner change de ton et modifie ses déclarations: « Ce suicide n’était sans doute pas un suicide » écrit t-elle dans une lettre publiée sur son compte Facebook. Sans doute, pour tenter de calmer la polémique qui enfle dans les rues de Buenos Aires et dans toute l’Argentine.

L’affaire AMIA, une histoire politique

La mort du procureur Nisman est un rebondissement dans l’affaire AMIA, attentat à Buenos Aires il y a 20 ans. Le juge en charge de l’enquête est Juan José Galeano. Petit retour chronlogique sur l’affaire.