La saison du SAS Epinal est pour le moins paradoxale. En grande difficulté en championnat, le club vosgien n’a pourtant jamais été si médiatisé. Grâce à des exploits retentissants en Coupe de France.

Le club de football d’Epinal fait vibrer la France entière au rythme de ses exploits en Coupe de France. Début janvier, dans un stade de la Colombière archiplein, les Vosgiens ont fait tomber le grand Lyon avant de s’offrir le mythique FC Nantes quelques semaines plus tard. Pendant ce temps, le SAS est englué dans les bas-fonds du classement de National et risque fort de retrouver l’anonymat du championnat de France amateur la saison prochaine.
Epinal a rejoint la 3e division en 2011, échelon jamais atteint depuis un dépôt de bilan 13 ans plus tôt. Moins d’un an après, le club flirte avec la montée sans pouvoir passer le cap. Enfin, cette saison, les rêves de professionnalisme se sont vite envolés, mais pas les rêves de gloire.

“Pas des stars”

Un club aussi paradoxal pouvait-il avoir des héros comme les autres ? Pas sûr. Tristan Boubaya, auteur d’un doublé décisif face à Lyon, annonçait lors de sa signature l’été dernier “avoir très peur de l’hiver vosgien”, lui qui a dû quitter le centre de formation de Nantes et renoncer au haut niveau pour un problème de croissance. Famara Diedhiou, pour sa part, n’a pas perdu espoir. Prêté par Sochaux, l’attaquant sénégalais de 20 ans profite de son passage dans les Vosges pour se faire les griffes… En attendant mieux.
Pour canaliser l’euphorie des troupes et des médias, les “Boutons d’or” peuvent compter sur leur entraîneur. “Il faut garder les pieds sur terre, on n’est pas devenus des stars !” ne cesse de répéter Fabien Tissot. Une analyse lucide : les Lorrains sont à l’agonie en championnat faute d’y répéter les performances réalisées en Coupe.

“Changer de dimension économique et sportive”

L’objectif annoncé par Yves Bailly, président de la Société Economique SAS Epinal est de retrouver le statut professionnel. Cela passe par un perfectionnement de la formation. Les équipes de jeunes sont d’ailleurs en plein développement et certaines d’entre elles jouent au meilleur niveau (régional et national). Sur le plan économique, le club est en pleine croissance. “Nous explorons chaque axe de développement potentiel qui pourrait nous amener à changer de dimension économique. Le nombre de partenaires va en grandissant. L’avenir du SAS passe par là”, explique Yves Bailly.

A 72 ans, le SAS Epinal reste donc un club plein d’ambitions. Mais attention : tout cela pourrait s’effondrer d’ici quelques mois s’il ne parvient pas à rattraper ses sept points de retard sur Uzès, premier non-relégable de National.

Après les succès contre Nantes et Lyon, les fans rêvent déjà d’éliminer Lens, le 26 février prochain. Mais l’entraîneur, Fabien Tissot, reste très prudent : « Pour l’instant, c’est normal qu’on soit en haut, mais il faut garder les pieds sur terre. Maintenant, c’est en championnat qu’il va falloir faire le boulot. » Difficile à gérer, le parallèle entre exploits et possible relégation (en quatrième division) pourrait aussi être une planche de salut. A condition de transformer l’expérience positive de la Coupe en dynamique dans le championnat. Ce qui est sûr, c’est que la saison prochaine, la différence entre « ombre et lumière » sera sans doute moins large.