Véronique et Séverine ont eu Martin il y a presque un an. Le fruit d’un long parcours semé d’embûches. Les débats sur le mariage pour tous les secouent, et elles veulent prouver que leur quotidien n’a rien de ce que les gens leur reprochent.

Séverine et Véronique sont ensemble depuis 4 ans. Elles se sont pacsées il y a deux ans, et depuis le désir d’enfant est venu rapidement « comme dans tout couple », nous expliquent-elles.  Ce qui diffère, c’est seulement le véritable parcours du combattant pour y parvenir.

« Il faut d’abord en parler à sa gynéco, son accord est primordial. Nous on a eu de la chance car elle a accepté mais on a des amis sur Lyon qui se sont vus refuser cette aide-là par leur gynéco donc ils ont dû payer tous les examens médicaux, et c’est assez lourd. » Le couple décide alors d’opter pour la procréation médialement assistée (PMA) en Belgique.
Il faut se plier à un « entretien de validité », d’ordre plutôt psychologique afin de déterminer si le couple est stable et prêt à élever un enfant. Suivent alors trois mois de longue attente, le temps que le dossier passe en commission. Puis vient la phase médicale, afin de savoir si la mère peut porter l’enfant sans problème : « en Belgique, le sperme n’est pas gâché, au moindre doute sur votre capacité à porter un enfant, on ne vous insémine pas », explique Véronique. « Heureusement pour nous, tout a bien fonctionné dès le premier essai, et Martin est né 9 mois plus tard ». Il s’est en tout passé 1 ans et demi entre le premier rendez-vous en Belgique et la naissance du petit garçon.

« Pour aller jusqu’au bout du processus, il faut vraiment un désir d’enfant. Les inséminations peuvent échouer plusieurs fois, c’est lourd et difficile psychologiquement. Donc quand l’enfant arrive, on ne l’abandonne pas ! On ne le fait pas naître sous X ! », se défend Véronique.

Un couple comme les autres

Aujourd’hui, le couple homoparental a une vie identique à celle d’un couple classique. Mais depuis trois mois, les jeunes femmes sont secouées par ce qu’elles peuvent entendre dans les médias. « On vivait un peu dans notre bulle jusqu’à ce qu’il y ait tous ces débats. Maintenant, on est directement touchées par tout ce qu’on peut entendre, et ça nous affecte. Ça commence à faire long, ça nous use psychologiquement, moralement ».
Séverine et Véronique nous confient même ne pas rencontrer d’actes homophobes dans leur vie de tous les jours : « par exemple à la crèche, aux rendez-vous, on n’annonce pas qu’on vient à deux mamans, ils le voient bien. Les gens s’accommodent de notre situation. On n’a pas de soucis pour ça. Il existe un décalage entre notre vie sans problème et les polémiques que l’on entends à la télé ».

Engagées toutes les deux auprès de l’association lorraine Couleurs Gaies, les jeunes mamans expliquent qu’elles font du militantisme tous les jours : « en montrant qu’on est comme tout le monde. » Le regard que certains peuvent porter sur l’homosexualité les perturbe : « c’est que ces gens ne connaissent pas de couples gay. Nous, on a juste envie de leur dire  « venez nous rencontrer, venez parler avec nous, notre porte est ouverte ! Notre quotidien est comme le vôtre ! », en fait cette discrimination, c’est de l’ignorance ».

« S’il arrive un truc à Séverine, Martin pourrait sortir de ma vie »

« Il faut vraiment que cette loi passe. Si c’est le cas, on envisage de se marier, pour deux raisons : la première c’est notre amour, la deuxième c’est pour que Véro puisse avoir des droits sur Martin. » Véronique nous explique que légalement, elle n’a aucun lien avec l’enfant [puisque c’est Séverine qui a porté l’enfant, ndlr] : « depuis quelques temps j’ai peur, je n’arrête pas de me dire que s’il arrive un truc à Séverine, Martin pourrait sortir de ma vie. Cette loi pourrait nous permettre de nous marier, et de déclencher une procédure d’adoption. »

Le couple regrette l’image tronquée qu’ont les gens de l’homosexualité. « Ils n’ont en tête qu’une partie de notre communauté, ils nous imaginent vivre tous les jours comme si on était à la gay pride ! » L’idée que des gens puissent descendre dans la rue pour empêcher leurs voisins d’avoir les mêmes droits qu’eux leur paraît impensable.

« Mais on a de l’espoir, il faut que les mentalités changent. Et ça se fera bien un jour », fini par conclure Séverine, son fils sur les genoux.