gaby

Gaby est blonde, un peu vulgaire dans l’attitude mais toujours chic dans le style. Elle est bitchy, mais bonne copine. Elle est très maquillée, mais ses vêtements sont classes. Hauts talons bien sur, et quelques touches de bling bling par ci par là. Mais pas trop. Les contradictions, c’est son truc.

Quand elle tombe la perruque, Gaby s’appelle Kevin. A l’état civil, le jeune homme de 25 ans est né à Metz, en 1991. Gaby Botox est son alter ego. C’est bien plus tard, en 2011, qu’elle voit le jour. L’histoire commence un soir d’été au Gd’O, une ancienne boite de nuit de la région. Kevin assiste, fasciné, au Rebecca Show, un spectacle transformiste digne des plus grands cabarets parisiens. C’est le déclic. Trois jours plus tard, il se rend chez une drag-queen de la troupe qui le transforme.  » Dès que je suis rentré dans la robe, mon personnage est né « , se rappelle-t-il. « Gaby a toujours été là, finalement. Cela faisait déjà des années que mes amis me comparaient à Gabrielle Solis, de Desperate Housewives, pour mon côté un peu diva, un peu latin ». Le prénom a donc été une évidence. Pour le nom, il fallait quelque chose de court, et de mémorable. Un nom de scène, capable de rivaliser avec les Conchita Wurst et autres folles du désert. Gaby Botox est donc née le 6 juin 2011.

Les choses s’accélèrent ensuite très vite. Trois semaines après cette révélation, Kevin enfile ses talons de 17 centimètres pour son premier concours amateur. « C’était un carnage« , se souvient-il. L’anecdote, il adore la raconter : « dix minutes avant de rentrer sur scène, je descends les escaliers des loges et je me casse la figure. Mes nichons ont volé dans tous les sens, il y en a même un qui a atterri sur le piano, sur scène. J’ai filé mon collant et arraché ma veste. Mais je me suis relevé comme si de rien n’était ». Après la performance, applaudissements, compliments et baisser de rideau. Prochaine étape ? Se créer son identité.

Sans contrefaçon, je suis un garçon

Transformiste, travesti, transgenre, transsexuel. On s’y perd, dans tous ces mots en T.  Mais pour Kevin, c’est très clair. « Je suis très bien en mec, je n’ai aucun problème d’identité de genre. Gaby, c’est juste ma façon d’exprimer ma partie féminine », explique-t-il. En effet, avec sa casquette et ses Timberland, quand il s’installe au bar, pas moyen de le reconnaître. Et sa vie de tous les jours ne pourrait pas être plus éloignée des paillettes du monde des drag-queen : « J’ai mon mec et mon chien, ça me suffit ». Et en effet, avec son compagnon depuis 4 ans, le quotidien se remplit de randonnées, Netflix and chill, et balades dans le parc.

Cela a été plus difficile pour sa famille de s’y retrouver parmi sa personnalité aux multiples facettes. Kevin s’est toujours distingué de ses deux petits frères. Quand eux commandaient des Action man à Noël, lui préférait les Barbies. Le déclic il l’a eu très tôt, avant ses dix ans. Il aimait voir sa mère se maquiller, et s’émerveillait devant ses chaussures. “J’ai de la chance, ils m’ont toujours accepté. […] J’ai présenté officiellement Gaby à ma famille samedi dernier, à l’anniversaire de mon frère. Mon père a fait une fixation sur mes seins toute la soirée » , rigole t-il.

Si la vie n’a pas été rose tous les jours, Kevin s’étonne du regard bienveillant que portent les gens sur Gaby. « Je n’ai jamais été insulté. La semaine dernière, je suis sortie en tant que Gaby pour la première fois en pleine journée, dans le centre ville de Metz. Les parents m’arrêtaient pour prendre une photo avec leurs enfants !« . La clé, selon lui : la confiance en soi.

Gaby fait des vidéos

L’ancien coiffeur a pris de la bouteille, et souhaite maintenant faire de sa passion son métier. Après une année plus calme, il fourmille aujourd’hui de projets. L’association LGBT messine, Couleurs Gaies, a en effet proposé à Gaby d’être son nouveau visage. Et le grand défi dans lequel la drag-queen va bientôt se lancer, c’est la création d’une chaîne Youtube. Le but ? Transmettre le message de tolérance dont elle se fait la porte parole, et normaliser la différence, dans un esprit fun et léger. Un rêve que Kevin et Gaby partagent.

 

Camille Bresler,

Marine Van Der Kluft

Voir aussi : You are a queen, a drag queen