L’association Couleurs Gaies organisait un atelier transformiste le 27 septembre à Metz. Le bar La Palette ouvrait ses portes aux curieux pour faire découvrir la culture des Drags Queen. Immersion dans une soirée atypique.

La soirée Drag & Drink bat son plein. Crédit @couleursgaies

22h, le bar se remplit progressivement. Pablo et Mélanie enchaînent les commandes au comptoir. « Je te recommande notre bière licorne » conseille Pablo à une cliente. Cette boisson engagée soutient la communauté Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Trans (LGBT). Ainsi, un pourcentage des bénéfices est reversé aux associations gays.

Casser les stéréotypes

Au loin, une file d’attente impressionnante attend Luc. Cette drag queen participe à la soirée et maquille les volontaires afin qu’ils puissent découvrir leur alter égo. Les femmes repartent avec de la barbe et les hommes avec du rouge à lèvre, par exemple.

Luc se prépare à maquiller les clients. Crédit @couleursgaies

Matthieu Gatipon-Bachette, Président de l’association Couleurs Gaies est présent ce soir. « C’est l’occasion de dire bienvenue aux nouveaux étudiants explique t-il. Les questions de genre interrogent, le fait d’en parler, d’avoir une approche ludique et pédagogique amène à casser des stéréotypes ». Le Président de l’association rappelle notamment que les drags queen sont des transformistes. Le fait de se déguiser en femme n’a pas de rapport avec leur orientation ou identité sexuelle.

23h20, Luc est disponible pour maquiller notre journaliste Pierre et répondre à nos questions. « La culture drag est un art dramatique qui date du théâtre grec, précise cet étudiant aux Beaux Arts de Nancy. C’était réservé aux hommes, les femmes étaient interdites. Mais dans certaines pièces, il fallait bien trouver des femmes. Donc les hommes se travestissaient. C’est de là que sont nés les drags queen ». 

« J’ai découvert la culture des drags à 17 ans, par pur hasard » se souvient Luc. « C’était à l’époque de Robin Thicke qui avait sorti Blurred Linesexplique t-il, il y avait de nombreuses parodies, dont une plus gay. Ce que les femmes faisaient c’était trop drôle. Je suis parti les retrouver sur Youtube et j’ai vu que c’était des hommes qui étaient travestis ».

Un costard, une cravate et du maquillage

C’est lors de sa soirée d’intégration à l’université que Luc saute le pas, « je me suis dis que j’allais mettre un costard, une cravate et me faire un maquillage ». Progressivement il reproduit l’expérience chez lui. L’illusionnisme du genre, « je vois ça comme un dessin, comme une toile. J’ai l’impression de tracer des traits comme sur une feuille de papier, mais sur un visage » conte Luc.

« De la même manière que je me suis découvert, je veux que d’autres personnes se découvrent » explique t-il. Les LGBT se suicident en moyenne 4 fois plus que le reste de la population, mais Luc insiste « ils ne sont pas seuls. On est comme les autres, on est humains ». L’étudiant assume ses centres d’intérêts, « je ne vois pas pourquoi je ne peux pas dire que je fais du tennis ou que je me travestis ».

Les deux drags queen posent ensemble. Crédit @couleursgaies

23h40, Luc termine le maquillage de Pierre et lui applique un spray fixateur. Elixyr Doll, une autre drag queen, est présente ce soir. Elle répond aux questions des clients et enchaîne les photos. « C’est une profession très peu connue, on nous prend souvent pour des fous qui se déguisent », en réalité les drags queen se costument.

Travestis, transformistes et drags queen

« Un travesti c’est un homme qui va se faire passer pour une femme naturelle, explique ElixyrUn transformiste est un artiste qui travaille sur scène. Il va se transformer en ressemblance avec un artiste connu». Quant aux drags queen «c’est beaucoup plus artistique, plus personnalisé ». 

« Le fait de faire vivre ce que nous vivons quand on se transforme, me semble important, ça permet une certaine ouverture d’esprit ». Pour Elixyr, les gens commencent à accepter les drags queens même si « il y a toujours des remarques “travelos, t’es dégueulasse, tu mérites de crever“. Mais à 95% du temps, les gens sont plutôt cools, ils me disent “Qu’est ce que tu es belle, tu te maquilles mieux que moi, les jambes que tu as…“ »

0h10, la soirée touche à sa fin. Les clients sont ravis de l’expérience, « c’est une découverte, c’est sympathique et à refaire ! ».

Voir aussi : Gaby Botox, drag-queen normale.

Camille Rannou

Propos recueillis par Pierre Thillot, Léa Ménard, Romane Milloch et Camille Rannou.