Neuf jours après les violences urbaines qui ont secoué le quartier du Roi à Woippy, le calme semble être revenu dans la cité. Les bénévoles des associations du quartier se mobilisent pour maintenir un climat serein. Parmi eux : Mohamed Ait Bayahaya, président de la MJC Boileau-Prégénie.

Située à une centaine de mètres du lieu des échauffourées du 20 janvier, la Maison des Jeunes et de la Culture Boileau-Prégénie n’a pas souffert des émeutes. Sans doute parce qu’elle fait partie intégrante de la vie et de l’animation du quartier. En plus d’organiser des vacances, des sorties et des loisirs, l’association propose aussi un foyer pour les adolescents. Il est ouvert les lundis, mardis, jeudis et vendredis soir jusqu’à 22 heures. « Le but de ce foyer c’est d’attirer les jeunes dans un lieu convivial où ils puissent se retrouver entre eux mais aussi de permettre aux animateurs d’échanger avec eux, de connaître leur ressenti sur la vie du quartier » précise Mohamed Ait Bayahaya, président de la MJC, « Parmi nos adhérents, nous comptons plus de 300 jeunes du quartier et des environs. Nabil et Malek, deux des trois jeunes victimes de la chute de scooter en faisaient partie ».

Des émeutes prévisibles
Les animateurs, sortes de grands frères protecteurs, sont à l’écoute des jeunes et un vrai rapport s’est installé entre eux. Les évènements de la semaine dernière, ils les avaient vus venir sans pour autant pouvoir les éviter. « On savait que ça allait partir… On a eu une réunion dans la journée et dès l’après-midi il y avait des animateurs des différentes associations dans la rue, indique Mohamed, le mot d’ordre c’était d’aller sur le terrain parler avec les jeunes et convaincre les parents de ne pas laisser sortir les mineurs ». L’associatif explique les incidents par la montée en puissance toute la journée des fausses rumeurs. « On a entendu parler de trois morts, du fait qu’ils auraient été +bousculés+ par la police… Une psychose est née dans la tête des gens et ça a fait bouillir le quartier ». Dès la marche silencieuse organisée en l’honneur des trois jeunes, les animateurs ont repéré des « gamins cagoulés ». Ils ont été les voir pour calmer le jeu et leur faire retirer leur cagoule. Devant le refus de certains, ils ont compris que tous n’étaient pas du quartier et qu’ils étaient là pour en découdre. « Je suis persuadé que l’idée de certains jeunes c’était de brûler le poste de police ». Après avoir tenté d’apaiser les tensions face aux forces de police, les « grands frères » ont dû abandonner. « Face à des jeunes qu’on ne connaît pas et qui sont plus des voyous qu’autre chose, on est impuissants ».

Différentes actions pour apaiser les tensions
Pour pacifier le quartier tout en cicatrisant les plaies, la MJC a organisé vendredi et samedi soir les repas en l’honneur de Malek. « Le but c’était de rassembler les gens et de diffuser un message positif, souligne Mohamed, je pense que ça a un peu calmé le quartier. Du coup pendant deux nuits, les tensions sont retombées ». Si depuis, aucun incident n’est venu troubler le quartier endeuillé c’est probablement grâce aux associations qui restent sur le terrain jusqu’à minuit , à l’appel au calme du père de Malek et aux policiers qui quadrillent le quartier. « Ça ramène l’ordre ». Beaucoup d’habitants avouent souhaiter la présence de la police, « mais avec un vrai dialogue ». Pour Mohamed, c’est l’installation d’un véritable échange entre les forces de l’ordre et la population qui permettra de ramener définitivement le calme. « Parce que pour l’instant, ça ne tient qu’à un fil! »