Les violences physiques envers les chauffeurs de bus du réseau TCRM se multiplient. Quatre agressions en deux jours ont été commises la semaine dernière, entraînant une paralysie du réseau de bus. Les chauffeurs, en colère, réclament de nouvelles mesures.

On dénombre depuis le début de l’année 91 agressions physiques dans les bus messins, soit presque le double des agressions enregistrées sur toute l’année 2011 (54). Des violences qui posent évidemment de réels soucis de sécurité aux conducteurs de bus. À tel point qu’ils ont décidé, mercredi 7 novembre, d’exercer leur droit de retrait (voir explications ci-dessous), interrompant tout service à l’exception de quelques lignes. Depuis, les bus circulent de nouveau en ville mais les craintes de nouveaux épisodes violents ne se sont pas envolées.

La reprise du service était conditionnée par la satisfaction de plusieurs exigences, dont une meilleure présence policière sur les lignes sujettes aux violences et la création, dès 2013, d’équipes de sécurité TCRM prêtes à intervenir dans un délai de 15 minutes. Pour les syndicats, la création de cette équipe de sécurité est une victoire. « Ça fait dix ans qu’on se bagarre pour ça », rappelle Patrick Hatstadt, délégué syndical CGT. Quant à la présence policière, cela dépend du bon vouloir des services de police. Pour Patrick Hatstadt, « il faut qu’ils [les policiers, ndlr] montent plus souvent dans les bus », cela « rassurerait » les usagers autant que les chauffeurs. Pour ces derniers, le son de cloche est bien différent. « On se sent carrément abandonnés », confie Michel (le prénom a été changé). « La direction est incapable de mettre en place ce qu’on a demandé », poursuit-il. Les mesures prises la semaine dernière ? « Nulles, insignifiantes ! ». Michel s’est déjà fait agressé il y a quelques temps, « insulté pendant vingt minutes par trois usagers ». Alicia, elle aussi chauffeuse de bus, nous confirme : « Il faudrait avoir des médiateurs dans les bus, mais pas une brigade », surtout qu’« il n’y a pas de sécurité après 19-20h ».

Un chauffeur ayant souhaité garder l’anonymat, témoigne de l’agression qu’il a subie.

Mais les chauffeurs ne sont pas les seuls à faire les frais de ces agressions physiques. À la boutique TCRM située place de la République à Metz, les agents y font face quotidiennement. Des violences ? « Oh oui, on en a encore eues ce matin » déplore Claire, présente au guichet depuis des années. Selon Nadège da Silva, responsable de l’agence, le guichet, « c’est là où les gens viennent se plaindre ».

Même au guichet, la situation peut déraper à tout moment.

Campagne de TCRM : Dans le bus, pas de place pour l'incivilité

Pour elles, les retards occasionnés sur le réseau par les travaux en cours sont la cause de la montée de la violence. « Ils n’en peuvent plus de l’attente et des bus qui ne passent pas » selon Claire ; « avant c’était toujours les mêmes qui râlaient. Maintenant, même les clients habituellement calmes s’énervent ». Au même moment, dans l’agence, un client venu se plaindre s’énerve et s’en prend verbalement au personnel. « Entre les retards et les chauffeurs qui conduisent comme des cow-boys, je vous garantis qu’il y a des petites vieilles qui taperaient bien les conducteurs ». Alors que la responsable tente de ne pas répondre et de calmer le jeu, le client poursuit: « on peut pas taper la direction, donc on s’en prend aux chauffeurs ! Les gens font avec ce qu’ils ont ! ». « Ça arrive une dizaine de fois par jour » regrette Claire.

Le personnel « vient travailler la boule au ventre. La psychologue du dépôt est débordée » selon les syndicats. Pour Patrick Hatstadt, « Il ne faut plus qu’il y ait d’impunité ». L’équipe de sécurité dédiée aux incivilités sur les lignes devrait voir le jour au 1er janvier 2013. Patrick Hatstadt précise qu’en réalité, une telle équipe d’un effectif de 17 personnes existe déjà mais s’occupe également des fraudes et des contrôles sur le réseau. TCRM prévoit de renforcer cet effectif avec l’embauche de trois personnes. Au final, sur la vingtaine de personnes, une douzaine d’agents devraient s’occuper exclusivement de la sécurité sur les lignes.

[toggle title= »Droit de retrait : qu’est-ce que c’est ? »]

Le droit de retrait est un droit protégé, individuel mais pouvant s’exercer collectivement, sans accord de l’employeur et sans préavis.  Article L. 4131-1 du Code du travail pour les salariés et sur l’article 5-6 du décret n°82-453 du 28 mai 1982 pour les fonctionnaires. Comment exercer un droit de retrait ?

  • Conditions : Si un salarié est “confronté un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé”, il peut exercer son droit de retrait et ainsi arrêter son travail et, si nécessaire, de quitter les lieux pour se mettre en sécurité.
  • Un droit mais aussi un devoir : Le salarié doit préalablement avertir son employeur. Son droit de retrait ne doit pas mettre en danger ses collègues salariés.
  • Conséquences : Pas de sanction, pas de retenue sur salaire.

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Ci-dessous, le document informant l’exercice du droit de retrait des chauffeurs le mercredi 7 novembre.