Au tribunal correctionnel de Metz, le jeudi 3 novembre, les dossiers s’enchaînent et les avocats plaident et les magistrats jugent des affaires courantes. Loin des feux des projecteurs, le quotidien des audiences est ancré dans une réalité rarement décrite.

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Tribunal de grande instance de Metz

À l’entrée, vérification du contenu des sacs et passage obligatoire sous un portique magnétique sont de mises. Dans la salle 26, au rez de chaussé du tribunal, les avocats prennent place, discutent avec une journaliste présente. Les parties au procès, quant à elles, patientent dans les rangs. Une cloche retentit, « Le tribunal », annonce-t-on, la salle se lève respectueuse d’un rituel solennel. Les quatre juges entrent et s’installent, face à l’assemblée, l’après-midi d’audience peut débuter.
Ici, les affaires jugées relèvent de la chambre pénale du tribunal de grande instance qui prend pour l’occasion l’appellation de tribunal correctionnel. Les dossiers sont traités collégialement par trois juges, qui peuvent être assistés par un auditeur de justice. À leur droite, le procureur de la république représente les intérêts de l’Etat, de l’autre côté une greffière prend note du déroulement des débats. « Dossier numéro 1 », l’huissier de justice appelle les parties au procès. Aucune n’est présente, le renvoi de l’affaire est prononcé.

Dossier suivant, l’avocat du prévenu s’avance et demande également un renvoi. Les juges se consultent du regard. L’avocate des victimes présumées exprime la lassitude de ses clientes face au comportement du prévenu. Elle déclare « Si on nous avait averti nous ne nous serions pas déplacées » .

Affaire renvoyée, dossier suivant.

Si le prévenu n’est pas sur place son avocat le représente, un jugement va enfin pouvoir être prononcé. L’auditeur de justice rappelle alors les faits à une vitesse déconcertante et sur un ton monocorde. Le gérant d’origine chinoise d’une boutique de chaussures vêtements et accessoires est accusé d’avoir employé illégalement sa sœur qui n’avait pas le droit de travailler sur le sol français. Le procureur, fait son réquisitoire  « Je demande par conséquent 5.000 euros d’amende ». L’avocat plaide la cause de son client en précisant que sa sœur détient en fait 80% des parts de l’entreprise et n’a jamais reçu de salaire. Il fait aussi part de ses soupçons de délation intéressée de la part des commerçants voisins. Les juges se retirent, l’attente est longue. Après une bonne demie-heure la décision tombe . « Relaxe ». L’avocat est ravi.

Les trois derniers dossiers concernent des affaires de vente de contrefaçons « à la sauvette », ils sont traités conjointement. Sur les trois prévenus, tous absents de l’audience deux sont condamnés aux peines demandées par le procureur. Le premier se voit redevable de 500 euros d’amende tandis que le second écope de 500 euros d’amende et un mois de prison avec sursis. Le troisième, dont le casier judiciaire est plus lourd, se voit affligé d’une peine d’un mois de prison ferme. Les juges s’avèrent ici plus fermes que le procureur qui dans son réquisitoire avançait la peine de 60 jours d’amende à 10 euros .
Après deux heures d’audience, six dossiers et deux renvois « La séance est levée » annonce la présidente à une salle quasiment vide.

Ces journées rythmées par la routine sont une partie majeure de l’univers judiciaire. Le travail d’un magistrat, d’un juge ou d’un avocat est souvent loin des affaires palpitantes qui passionnent les médias.