Symboles des maux de l’industrie française, les sites sidérurgiques de Gandrange ou Florange ont vu défiler nombre d’hommes politiques. Loin des grands discours, et alors que 2012 se profile, les employés d’Arcelor Mittal attendent des engagements pour défendre l’emploi.

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« Je suis un vieux de la vieille vous savez, j’ai 58 ans. En ce moment, c’est toute la sidérurgie que je vois disparaître, comme les mines ont disparu auparavant. » Derrière sa voix rauque, Yves Fabbri peine à cacher son inquiétude. Il faut dire que le secrétaire général CGT en Moselle a connu bien des promesses. Les dernières en date sont celles de Jean-Luc Mélenchon : en déplacement à Florange, le candidat du Front de gauche à la présidentielle a réclamé un état plus fort pour relancer le développement économique. Fin septembre, c’est Ségolène Royal qui est venue en Moselle. Elle a, entre autre, proposé la création de SCOP, ces sociétés coopératives ouvrières de production déjà mises en place dans sa région Poitou-Charentes.

Des paroles mais peu d’actes.
Du côté des salariés d’Arcelor Mittal, les paroles politiciennes ont depuis longtemps laissé place à la déception. En visite à Gandrange début 2008, Nicolas Sarkozy avait promis de faire le maximum pour « garantir un objectif : garder des usines ouvertes en France ». Presque quatre ans plus tard, c’est toute la sidérurgie qui s’inquiète, surtout depuis la fermeture temporaire du dernier haut fourneau français. Avec près de 1000 personnes au chômage technique, l’avenir est incertain. Pour les plus pessimistes, c’est toute la filière liquide qui est amenée à disparaître. « Des promesses on n’en veut pas » martèle Yves Fabbri, « pour relancer l’activité, il faut investir, lancer de vastes projets. Peu importe que les politiques viennent à Florange ou à Gandrange, l’important c’est d’agir. » Même son de cloche du côté de la CFE CGC et de Xavier le Coq, son président national en charge de la sidérurgie. Pour lui, les personnalités politiques qui passent en coup de vent dans les usines cherchent avant tout des coups médiatiques. « Ce sont des dossiers de fond, compliqués, qui demandent du temps et de l’implication. Seuls les élus locaux sont présents sur le long terme » assure-t-il.

Quel(s) enjeu(x) pour 2012 ?
Pour les salariés de la sidérurgie, le salut passera peut-être par les urnes. Placer l’industrie au cœur de la campagne, c’est le vœu de chacun, afin d’assurer la pérennité d’un pan entier de notre économie. Les espoirs sont grands, et lorsque l’on demande à Xavier le Coq si les hommes politiques ont encore le pouvoir de faire changer les choses, sa réponse est catégorique : « Mais bien sûr qu’ils le peuvent ! Regardez les milliards qui sont débloqués pour sauver les banques ou la Grèce, cet argent doit aussi aller dans l’industrie. » Comme en 2007, les syndicats comptent faire entendre leur voix, ils ont prévu de soumettre une liste de propositions aux différents candidats. D’ici là, les réunions devraient se succéder, avec l’espoir pour l’industrie de pas être oubliée.

Quelques ouvriers ArcelorMittal du site de Florange, le plus menacé actuellement, nous livrent leurs sentiments sur les enjeux des élections présidentielles à venir.