Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a lancé, début mars, le premier fonds d’investissement exclusivement dédié à la robotique, baptisé “Robolution Capital”. Doté de 80 millions d’euros, ce fonds investira dans les entreprises imaginant les robots “de service”, ceux qui faciliteront le quotidien de demain. Mais où en est le secteur de la robotique ? Petit état des lieux des inventions déjà en marche et sur les perspectives futures de cette technologie qui suscite autant d’envies que d’interrogations.

ssistance aux personnes âgées.

La solitude des seniors est peut-être en passe de devenir plus aisée à appréhender. Roméo, robot-humanoïde d’1 m40 créé par la société Aldebaran Robotics, a été conçu dans le but d’assister et de faciliter la vie des personnes âgées. Au delà de sa simple présence, celui-ci offre à son utilisateur un large panel de fonctions dépassant le stade de l’anecdotique aide-mémoire. Il peut par exemple aider à la préparation des repas, ou encore appeler de l’aide face à une situation dangereuse tout en s’assurant au quotidien du bien-être de son possesseur. Si votre grand-mère a déjà du mal avec son téléphone portable, par contre…

Romeo, robot humanoïde d’Aldebaran Robotics, qui vise à être un véritable assistant et compagnon personnel

aby-sitter.

Il a de grands yeux bleus. Il raconte à vos enfants de jolies histoires. Il danse, joue de la musique et les rassure la nuit. Et si ça ne suffisait pour dormir sur vos deux oreilles, il détecte aussi les fuites de gaz et de fumées. Cette nounou idéale, c’est un robot baptisé Buddy, imaginé par la société française BlueFrog Robotics. Va-t-il prendre la place la fille des voisins, bien serviable pour garder vos bambins ? En tout cas, Pleo le Dinosaure, qui bouge comme un vrai et simule les émotions, risque bien de remplacer leur vieux Tamagotchi dans leur cœur.

onscience.

Les aficionados de Terminator et de Matrix vont certainement voir un danger dans l’une des plus grandes prouesses de la robotique à ce jour : l’élaboration d’un robot disposant de sa propre conscience. Ce tour de force, imputable à une équipe de chercheurs de l’université de Yale, a donné naissance à Nico, premier robot capable de prendre en compte la réalité de son corps, en se reconnaissant dans un miroir notamment. Autre avancée stupéfiante : celle du robot iCub. Celui-ci possède le don ultime d’apprendre par lui-même, comme le ferait un enfant. Enfin, dans les caractéristiques de l’être humain, il reste celle des émotions ! Pour s’en approcher, des chercheurs ont créé Lighty, une tête robotique capable d’exprimer des émotions, de pleurer, de sourire, en fonction de l’environnement qu’elle interprète autour d’elle.

iCub, premier robot capable d’apprendre par lui-même, mesure 104 cm, pour 22 kg, soit la taille d’un enfant de trois ans et demi.

rone.

Il s’agit là de la forme de robotique la plus à même d’entrer dans notre quotidien sous peu. Du journalisme en passant par le secteur militaire, ces engins volants équipés d’une caméra défraient la chronique. Amazon, leader mondial du commerce électronique, envisage  même de les utiliser pour l’acheminement de ses colis. Aussi efficace pour livrer des paquets que pour tuer quelqu’un à l’autre du bout du monde, le drone se veut à lui seul la quintessence de ce qu’est la robotique et des questions éthiques que son développement soulève.

Les AR.drone, conçus par la société française Parrot SA et pilotables via un smartphone, sont déjà accessibles au grand public pour un prix abordable.

ducation.

Il est tout petit, tout rond, tout mignon et il se donne une mission de super-héros : “aider les parents dans l’éducation de leur enfant”. Atti, robot éducatif, est doté d’un système infrarouge, de programmes interactifs et accueille un smartphone en haut de sa tête. Grâce à ces accessoires, il peut donner des leçons d’anglais, faire mémoriser des comptines ou faire apprendre l’alphabet. L’objectif de la société coréenne ? Que les enfants voient le petit robot “comme un ami” qui s’illumine, danse et les félicite dans leur travail. De leur côté, les parents peuvent surveiller les enfants et faire bouger le robot en utilisant Skype…

ourneaux.

Tout en circuit imprimés et articulations en alu, les robots-humanoïdes sont pourtant capables de réaliser de délicates meringues pralinées. Le pâtissier-chocolatier Richard Sève lui-même en fait le pari, en introduisant bientôt un robot nommé Baxter dans un de ses laboratoires. “De la taille d’un gros bonhomme”, il sera surtout en charge des tâches “les moins gratifiantes” des étapes de confection des pâtisseries. Si Baxter fait ses preuves, le pâtissier envisage de lui acheter un compagnon : un nouveau robot de ce type mais dédié à la confection des macarons.

Atti, robot éducatif pour enfants, fabriqué en Corée

oogle.

En rachetant au cours de l’année précédente huit entreprises de pointes travaillant sur la robotique humanoïde, Google est devenu un acteur incontournable du secteur, tout en nous fournissant un indice on ne peut plus loquace quant à son plan d’évolution sur le long terme. Ces graines plantées aujourd’hui par la firme de Moutain View – qui dispose avec son capital de 400 milliards de dollars des ressources financières nécéssaires à la concrétisation des projets les plus fous – pourraient donner naissance demain à la démocratisation de la robotique dans notre société.  Le tout en assurant encore un peu plus place la mainmise de Google sur notre quotidien ?

Le robot Roomba, déjà en vente pour environ 500 euros

ygiène.

Ils s’appellent Roomba, Diya One ou BotVac et pourraient bien réconcilier les geeks et le ménage. D’ici quelques années, les robots domestiques devraient devenir des éléments aussi habituels que votre cafetière dans votre maison. Pour ramasser la moindre miette sur le sol, on pourra compter sur les robots-aspirateurs comme Roomba, capables de repérer les zones de saleté et de retourner se charger sur leur base dès la place parfaitement nettoyée. Le nettoyage des vitres, c’est le petit Winbot qui s’en chargera, pendant que son copain Scooba passera le sol à l’eau savonneuse et que Diya One filtrera l’air de la maison. Son autre atout ? Il imite la voix de R2D2 à la perfection.

ron Man.

Toutes les technologies dont nous disposons étaient en premier lieu réservées à un usage militaire. Du téléphone portable en passant par le drône, l’armée a toujours massivement investit en la matière au point de rêver aujourd’hui à la confection d’un exosquelette pour ses soldats. Connue sous le nom de projet Talos et mise au point par les États-Unis, l’armure du soldat du futur permettrait de décupler sa force tout en le protégeant comme aucun blindage ne l’avait fait auparavant. Et la France n’est pas en reste : le projet Hercule, développé par la direction générale de l’armement, assurera bientôt aux soldats de pouvoir manipuler aisément des charges lourdes. Tony Stark n’a qu’à bien se tenir.

Le robot ARM-Powered Cubestormer a résolu un Rubik’s Cube en 3,253 secondes.

eux.

On l’a vu, les robots pourraient bouleverser notre rapport à un peu près tout ce qui constitue notre réalité. Et le domaine du divertissement, bien entendu, est en première ligne (avec par exemple ce robot imbattable au Shifumi ou celui-là qui pulvérise le record du Rubik’s Cube). En parvenant à s’élever au niveau des plus grands joueurs mondiaux aux échecs ou encore au jeu de dames, la robotique a prouvée qu’elle était capable d’anticiper une action et d’élaborer un raisonnement complexe, auparavant apanage du genre humain. Bluffant ou effrayant, c’est selon.

étaphysique.

Signée Lars Lundström, la série suédoise Real Humans a su en une flopée d’épisodes nous offrir des pistes de réflexions intelligentes et pertinentes quant à la future place que nous pourrions accordée aux robots dans notre quotidien. Sans réinventer les codes du genre, (A.I Intelligence Artificielle, Blade Runner…), le réalisme froid et saisissant de sa réalisation place le spectateur dans une situation inédite : pour la première fois, il est possible d’avoir une idée des impacts qu’aurait l’introduction d’une telle technologie sur toutes les composantes de notre société. Car, après tout, si ‘je’ est un autre, qu’est ce qui l’empêcherait d’être fait d’acier ?

Depuis son arrivée sur Mars, Curiosity a parcouru 5700 mètres en vingt mois, soit une vitesse moyenne de 40 centimètres par heure.

asa.

De plus en plus perfectionnés, de plus en plus proches de l’intelligence humaine, les robots gardent pourtant une différence majeure avec nous : leur corps n’est pas fait de chair et de sang. Et tant mieux car dans l’espace, dans les zones hostiles sans oxygène, cela peut s’avérer assez handicapant. C’est pourquoi les stars de l’espace sont aujourd’hui surtout des robots. On ne présente plus le fameux Curiosity, parti à la conquête de Mars depuis août 2012. Equipé d’une sonde pour repérer une éventuelle vie extra-terrestre et d’un appareil photo, il a pris le temps de nous envoyer de magnifique clichés de la planète rouge. Toujours mieux que des cartes postales. Un peu plus loin, à 670 millions de kilomètres de la Terre, son collègue Philae vient de se réveiller de trois ans « d’hibernation » (pour réduire au minimum sa consommation pendant le voyage) et se prépare à atterrir sur la comète 67P, une boule de glace d’environ 4 km de diamètre. Une première dans l’exploration spatiale.

ornographie

Si l’industrie pornographique s’intéresse déjà de très près aux différents casques de réalité virtuelle en cours de conception, elle pourrait aussi bien vite se tourner vers la robotique. Certains se sont déjà chargés de lister les « robots les plus cools pour avoir une relation sexuelle ». Matt Ganucheau, par exemple, a créé « Moaning Lisa » (vidéo de présentation au-dessus). Cette humanoïde, dotée d’une poitrine irréelle et d’une longue chevelure brune, a été conçue pour que ses utilisateurs « comprennent le processus qui mène une femme à l’orgasme ». Il suffit pour cela de s’entraîner en appuyant et stimulant les bons capteurs répartis sur son corps en silicone. Idéal pour que les plus timides « s’entraînent » avant de passer à l’acte. Mais pas sûr que le sexe y gagne en poésie…

 

oin.

Le secteur médical est en passe de connaître plusieurs révolutions notables. Le développement des imprimantes 3D offre des perspectives prometteuses en matière de prothèses de synthèses et les Google Glass ont récemment prouvées leur utilité dans le domaine chirurgical. Mais ce n’est pas tout : le bloc opératoire du futur sera robotique. La société Medtech promet d’assister les neurochirurgiens grâce à son nouveau robot, Rosa. Équipée d’un bras mécanique, elle est destinée à fiabiliser l’intervention. De son côté une équipe italienne planche sur la rééducation des patients victimes d’un AVC grâce à son projet Braccio di Ferro (ou Bras de Fer dans la langue de Molière.)

Le robot Rosa, assistant des neurochirurgiens

biquité.

Visiter un musée sans y être ?C’est déjà possible avec le robot de téléprésence Beam, commercialisé par la société Awabot. Le système est en fait très simple. Haut de plus d’un mètre et monté sur roulettes, le robot se déplace de façon autonome dans l’espace. Il est contrôlé à distance par son utilisateur, qui peut ainsi observer à distance à travers une caméra et entrer en interaction avec les personnes qu’il rencontre. En Rhônes-Alpes déjà, les lycéens malades n’auront plus d’excuse pour ne plus assister à leur cours : Awabot expérimente là-bas un « robot lycéen », qui sera leurs yeux et leurs oreilles en classe.

oiture sans conducteur.

Qui n’a jamais rêvé lors d’interminables trajets et autres bouchons de se laisser guider automatiquement par sa voiture ? À l’horizon 2020, ce vieux fantasme risque fort de devenir réalité. Car la voiture sans conducteur, c’est la voiture de demain… selon Google, encore et toujours, qui bénéficie d’une avance notable en la matière. La Google Car, dont plusieurs prototypes sillonent déjà les routes de Californie, promet la fin pure et simple des accidents automobiles ou encore la désaturation de l’espace public. Rien que ça.

Pas encore commercialisée, la Google Car promet tout de même de « se conduire » mieux que le font certains conducteurs expérimentés.

La robotique ne va pas s’arrêter en si bon chemin. D’abord parce qu’elle fait rêver le public, ensuite parce que les chercheurs tentent toujours de repousser ses limites et surtout parce qu’elle risque de s’avérer extrêmement juteuse. Le secteur des robots de service à lui seul – celui concerné par l’investissement d’Arnaud Montebourg donc – est en pleine croissance et investit tous les domaines : domotique, agriculture, surveillance, médecine, éducation… De 17 milliards d’euros en 2013, le marché devrait passer à plus de 100 milliards d’ici 2018, selon l’International Federation of Robotics.