Pour leur tournée Made in Germany, le groupe de métal Rammstein est passé par Bercy. Plus qu’un simple concert, les Allemands nous ont délivré un spectacle explosif.

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Les classiques lance-flammes sur le visage à la fin de la chanson Feuer Frei ! ©Peter Wafzig

La précédente tournée pour leur dernier album Liebe ist für alle da, s’est achevée en mai dernier. Cela n’a pas empêché les six Allemands hyperactifs de Rammstein de retourner sur les routes du monde entier dès novembre 2011 pour la promotion de leur premier Best-of : Made In Germany, 1995-2011. Nouvelle setlist donc, mais aussi nouveau spectacle. Car oui, pour ceux d’entre vous ne connaissant pas le groupe teuton, ils sont parmi les précurseurs de l’utilisation massive d’effets pyrotechniques durant leurs prestations. Ils ont d’ailleurs reçu de nombreux prix et récompenses pour leurs spectacles.

Leur dernier DVD live tourné dans les arènes de Nîmes à l’appui, Rammstein ne cache pas son amour pour son public français. C’est pourquoi ces deux concerts des 6 et 7 mars à Bercy étaient filmés. Dès le début d’après-midi, ils sont des centaines devant les marches à braver la pluie. Dans cette foule bon enfant, ils ne sont pas tous parisiens, ni même français. C’est le cas de Zim, sympathique ingénieur du son au rire communicatif, venant tout droit de Thaïlande spécialement pour l’occasion. « Je vais en profiter pour aller voir de la famille et des amis, mais s’il n’y avait pas eu Rammstein je ne serais pas venu !» dit-il tout sourire.

C’est la guerre

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Paul H. Landers et Richard Zven Kruspe ©Peter Wafzig

20h. C’est au groupe Deathstars que revient l’honneur d’assurer la première partie et d’envoyer les premiers riffs dans un Bercy absolument complet. Le groupe scandinave attaque d’entrée avec le morceau Blitzkrieg : le ton est donné. Après 9 morceaux et une très bonne prestation, le groupe suédois s’en va sous les applaudissements : Bercy est fin prêt pour Rammstein. Les 20 minutes d’attente sont interminables, et, enfin, la salle s’éteint tandis que les spectateurs se réveillent. Sur un fond de musique épique, une passerelle descend doucement du plafond, à grand renfort de lumières et de fumée, tel l’atterrissage d’un vaisseau spatial. Le groupe fait son entrée sur un des côtés de la salle, en file indienne, portant une torche et des drapeaux. Hurlements, applaudissements, frissons, tout y est. Passant par une minuscule plateforme située en plein milieu de la fosse, les 6 membres traversent la passerelle pour rejoindre la scène principale. Et c’est parti.

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L’arrivée du groupe, tout en émotions ©Olaf Heine

Tant osé visuellement …

Enchainant récents et vieux morceaux, les Teutons maitrisent à la perfection leur spectacle. Explosions, gerbes d’étincelles, fusées, lumières et fumée, chaque chanson est sublimée par quantité d’effets et de mise en scène. Sans oublier évidemment les flammes, omniprésentes, que ce soit sur la scène, les micros ou encore les guitares ! Les Allemands enchainent et ne laissent respirer que quelques secondes entre chaque piste. De nombreux effets éprouvés par le passé sont présents, comme Flake, le claviériste slammant sur le public dans un bateau, ou encore la marmite et les lances flammes sur Mein Teil (traduction : Mon morceau), une chanson parlant du cannibale de Rothenburg, Armin Meiwes, qui avait fait l’actualité en 2001. Car Rammstein, au-delà d’un show explosif, c’est aussi des textes osés et engagés.

…qu’auditivement !

Après 12 chansons sur la scène principale, la passerelle redescend et le groupe la traverse, direction la petite plateforme. Tous à quatre pattes et en laisse, ils sont guidés et cravachés par Christophe « Doom » Schneider, le batteur. Ils jouent alors Bück Dich (traduction : Baisses toi) et Mann Gegen Mann (Homme contre homme), et laissent de côté la pyrotechnie au profit de la mise en scène pour parler homosexualité et sodomie. Une des plus belles balades du groupe conclut ce passage sur la scène exigüe, Ohne Dich (Sans toi). Les briquets s’allument, les douches de lumières baignent le public et la plateforme monte et s’illumine : c’est tout simplement magnifique sur tous les plans.

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Le groupe sur la petite scène au milieu de la fosse ©Olaf Heine

Une ballade à Paris

C’est l’heure du rappel. Le groupe joue 5 chansons supplémentaires, dont Engel (Ange), où Till Lindemann, le chanteur, porte de grandes ailes dans le dos, dotées de lumières et de lances flammes. Après ces 20 chansons, les membres se retirent sous les applaudissements et les cris de Bercy. Au moment où l’on pense que c’est terminé, la voix de Till surgit de nulle part : « Paris, vous voulez encore une chanson ? ». Spécialement pour la capitale française, ils jouent alors Frühling in Paris, une ballade où le public entonne avec entrain les passages empruntés à Edith Piaf : « Rien de rien, non je ne regrette rien ».

Engel

Engel ©Heijmans

Après plus de 2 heures de concert intenses, le public sort de la salle en quête d’air, non sans un sourire béat sur le visage. Seuls petits bémols, la qualité sonore n’était pas parfaite et, comme à son habitude, l’interaction entre le groupe et le public était assez limitée. Des détails qui n’auront pas gêné Arnold : « J’ai fait une vingtaine de concerts et de festivals, s’il n’y en avait qu’un à refaire ce serait celui-là ! Je les écoute depuis que j’ai 7 ans, j’ai pleuré à leur arrivée ! ». À côté du jeune homme, un père de famille glisse : « C’était un de leurs meilleurs concerts, il était tout fou », en désignant son fils d’une dizaine d’années. Murielle quant à elle, 46 ans, est impressionnée : « Ce sont des bêtes de scène, on sait pourquoi on paye son billet, c’est un vrai grand spectacle ! ». Rassembler les générations autour du métal, c’est la mission que Rammstein accomplit à chaque concert. C’est une expérience hors du commun qui peut rendre toute autre prestation bien fade.