Trente ans après « Ten » et ses premiers succès, Pearl Jam demeure aujourd’hui l’un des seuls survivants de la scène grunge des années 90. Avec la sortie de « Gigaton« , le groupe n’a visiblement pas perdu de son ardeur d’antan. Alternant entre sonorités innovantes, poétiques et rock’n’roll, l’album transpire une énergie explosive et marque le retour tant attendu du groupe, après sept années de pause et la sortie de « Lightning Bolt« , leur dernier album.

Un véritable retour aux sources

 L’âge ne semble avoir eu aucun impact sur l’énergie du groupe et l’album « Gigaton » nous fait retomber en amour avec Pearl Jam. Une symbiose parfaite entre les instruments, accompagnés par un Eddie Vedder déchaîné. Lorsque la première chanson de l’album débute, Who Ever Said, c’est une décharge électrique l’on se prend de plein fouet. Guitares, batterie, et la puissante voix d’Eddie Vedder s’ajoutent un à un au morceau. Tous les éléments faisant le succès de Pearl Jam sont ici reconnaissables. Les chansons suivantes, Never Destination et Superblood Wolfmoon, sont deux véritables claque sonores, débordant d’une énergie punk, presque hard rock. Les morceaux sont accompagnés de riffs et de percussions enragées, sans parler des merveilleux solos de guitare de Mike Mcready.

L’autre marque de fabrique du groupe ? Des ballades puissantes et poétiques, que l’on retrouve parsemées au sein de l’album, avec des morceaux tels que Seven O’clock et Alright. Dans la chanson Comes then Goes, il n’est pas difficile de percevoir un bel hommage à Chris Cornell. Ami d’Eddie Vedder et chanteur de Soundgarden, autre groupe phare de la scène grunge de Seattle, ce dernier s’est donné la mort en 2017. « Where you been? Can I find a glimpse of my friend ? Don’t know where or when one of us left the other behind. » Mais la véritable surprise de cet album reste indéniablement le single Dance of the Clairvoyants, un subtil mélange entre du post-punk et de l’électro-rock. Une expérimentation pour le moins inattendue venant de Pearl Jam, mais que l’on se surprend à apprécier après plusieurs écoutes.

Un rock sur fond d’engagements politiques

Les nombreux événements politiques et écologiques ayant secoué le monde ces dernières années sont vivement pointés du doigt au sein de l’album « Gigaton ». Le groupe, mais surtout Eddie Vedder, n’ont jamais caché leurs différents engagements qu’ils revendiquent encore une fois ici au travers de la musique. La chanson Quick Escape ne tourne pas autour du pot et Eddie Vedder scande de manière explicite “The lengths we had to go … to find someplace Trump hadn’t fucked up yet. » Un message clair et simple, dénonçant vivement la politique environnementale de Donald Trump, actuel président des États-Unis.

Intitulé « Gigaton », l’album fait ainsi référence de manière plutôt explicite à la fonte des glaces. En effet, des scientifiques estiment que l’Antarctique perd actuellement entre 92 et 159 gigatonnes (= un milliard de tonnes ) de glace par année. Une problématique mise en lumière ici par Pearl Jam, notamment dans la chanson Retrograde. « Seven seas are raising, forever futures fading out. Feel the retrograde all around, round. » Les différents visuels de l’album font également grandement écho à ces enjeux environnementaux : de la nature en veux-tu en voilà, des paysages à couper le souffle et une magnifique pochette d’album signée Paul Nicklen.