Dans un monde où les nouvelles technologies font partie du quotidien, certaines personnes décident encore de s’en passer et de couper les ponts. C’est le cas de Pauline, 21 ans, qui se lance souvent le défi de partir à l’aventure sans cet outil devenu précieux.

Tout commence en juillet 2018. Pauline s’accorde un voyage en Inde pendant quasiment un mois. Alors que beaucoup en auraient profité pour prendre des photos et alimenter leurs réseaux sociaux, elle se lance un défi inverse. Ne pas utiliser son téléphone portable pendant 2 semaines. «Ca fait un peu bobo ou hipster, mais j’en avais vraiment besoin». Besoin de se détacher de cet outil qui nous rend un peu dépendant, comme une sorte de redécouverte d’elle-même. L’expérience est plutôt bonne et Pauline n’a qu’une seule envie, recommencer. L’occasion va se représenter.

Au sortir d’une licence publicité à Nancy, l’étudiante décide de partir seule une semaine en Pologne. Ironie du sort, son smartphone rend l’âme juste avant de partir. Pauline n’a alors plus d’hésitations et part à Gdansk sans smartphone. Elle se débrouille alors comme elle peut. Elle utilise une carte pour se déplacer, mais se perd, elle doit se réveiller toute seule parce qu’elle n’a plus de réveil, etc. Là encore, l’expérience est positive pour la jeune fille originaire d’Avignon, livrée à elle-même.

Le voyage est terminé et Pauline, toujours aussi avide de nouvelle culture, part en ERASMUS à la Haye, aux Pays-Bas. L’étudiante veut de nouveau laisser son smartphone de côté, mais face à la pression des parents et les obligations personnelles, elle décide d’investir dans un téléphone… d’un autre temps : Un Alcatel 10.66, pour la maudite somme de 11€. Petit écran, des touches et aucun jeu, cela vous rappelle sûrement les premiers téléphones que l’on a tous eu. Le petit investissement pour Pauline va s’avérer plus que rentable, au point de partager son expérience.

Passionnée de photographie, l’étudiante est désormais en master journalisme à l’IEJ de Paris. Elle n’a pourtant pas le réflexe de dégainer son téléphone pour prendre un cliché, d’un endroit, d’un monument etc. Avec son Alcatel, elle va pourtant décider de photographier toutes ses activités. Après-midi à la plage, cours de zumba, soirées, etc. Les photos sont pixélisées, ce qui va beaucoup l’amuser. «J’ai pris une première photo, elle était moche, alors j’ai continué». Au point d’en faire une mini-série pour son site Première Pluie, créé avec quatre de ses amis, intitulé «Les Pays-Bas à travers un vieux téléphone Alcatel : série photo». L’idée est de partager son quotidien, format écriture courte, comme un texto sur ce téléphone qui ne doit pas dépasser les 150 caractères (photo ci-dessus).

«L »extase. Le petit jouet à emporter partout». Les gens autour d’elle ne comprennent pas. «On me posait beaucoup de questions et je trouvais cela très marrant». Outre l’aspect « fun » de posséder ce genre de téléphone ajourd’hui, Pauline va tout simplement redécouvrir les choses simples de la vie. «C’était un peu comme commencer une nouvelle aventure, ce que j’aime dans la vie. Tu profites d’autant plus de tout. Je lisais ou faisais du montage vidéo. Je sortais plus, j’écoutais plus en cours». Au point de qualifier cette année ERASMUS de «plus belle année de ma vie» pour l’étudiante surnommée par ses amis «no phone».

Le voyage Erasmus s’est terminé en juin 2019 et Pauline a dû rentrer en France et racheter un smartphone, notamment pour ses obligations personnelles et professionnelles. L’étudiante doit notamment s’occuper de tout l’aspect réseaux sociaux de son média. Ce qui n’empêche pas la jeune fille de vouloir retenter l’expérience dans le futur. «J’ai envie de le refaire. Il y a des gens qui ont des manques d’avoir leur téléphone, moi j’ai le manque de ne pas l’avoir ! J’aimerais ne plus avoir à utiliser mon téléphone mais il faut que j’en ai la possibilité».

Nouvelle décennie va continuer à ne pas rimer avec nouvelles technologies.

Adrien Bachy