Entre un boucher et un primeur, on trouve Nicolas commerçant et propriétaire de l’épicerie en vrac DayByDay, place Quatreau à Metz. D’abord discret, il ne tarde pas à confier son expérience professionnelle atypique.

Une diversité de pâtes, fruits secs, ou encore de céréales dans les distributeurs de la boutique. Des épices qui, dès l’ouverture de la porte, embaument les lieux. Dans le magasin franchisé de Nicolas, Day By Day, les produits sont en vrac et c’est avec ses propres bocaux et sachets réutilisables qu’il faut venir faire ses achats. Loin du profil stéréotypé du végétarien engagé, Nicolas, Picard d’origine ne s’imaginait pas un jour commerçant. Après des études en hôtellerie, il s’insère sur le marché du travail au sein d’un grand groupe hôtelier. En dix ans, il y gravit les échelons et devient directeur d’un hôtel-restaurant. « Muté un peu partout » il finit par emménager à Metz. Mais, le temps passe et il peine à trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Commence alors des semaines d’hésitations… Nicolas va « peser le pour et le contre et, finalement, tout quitter ». Malgré une situation stable, le jeune homme semble instable et toujours plus ambitieux. Un soir de décembre, alors qu’il regarde la télévision, il découvre une famille qui met tout en œuvre pour réduire ses déchets. C’est l’illumination. Toute la nuit, l’idée  le « taraude ». Dès le lendemain matin, il se décide et candidate sur le site de l’entreprise Daybyday. Il s’en souvient encore : deux semaines s’écoulent sans nouvelles, il les relance et son « culot » est finalement récompensé malgré les cent candidatures mensuelles que reçoit le commerce Daybyday. Nicolas c’est cela, un homme ambitieux et persévérant.

« Pour moi, il est inconcevable de n’avoir qu’un seul job dans sa vie » 

En pleine reconversion professionnelle, l’aventure commence pour Nicolas. Les lieux sont choisis, le vieux bar accolé au boucher et au primeur laissera désormais place à l’épicerie. L’installation réalisée, l’entreprise Day By Day l’épaule et lui donne les grands axes à suivre. Le reste du travail reste entre ses mains. Fini les grands groupes et les employés par milliers, Nicolas travaille désormais seul et se plaît à pouvoir ne « compter que sur [lui]-même et avancer à la vitesse qu’ [il] souhaite ». En plus de cette indépendance, le concept de l’épicerie lui a tout de suite plu : pas d’emballages ni de marques commerciales et encore moins de marchandising. Une idée qui a également charmé sa clientèle « Ici, les gens viennent pour les valeurs qu’on véhicule » et grâce à des prix de 20 à 30% moins chers qu’ailleurs. Quand bien même il n’est ni végétarien, ni bio addict, Nicolas a, lui aussi, toujours eu en tête de « consommer mieux et autrement ». Des restes de son école hôtelière, il en a beaucoup d’autres. Comme cette manie d’accueillir chaque client sur le pas de la porte pour leur expliquer le concept de l’épicerie. Si bien accueillis, ses clients deviennent parfois même des amis avec qui il va « boire des coups ». Chaque Daybyday est unique, et celui de Metz récolte les restes d’hôtellerie de Nicolas. Cette initiative semble fonctionner, « Il y a quelque temps lors des un an de l’ouverture de l’épicerie, beaucoup de mes clients sont venus m’encourager à continuer » confie t-il.

« Un peu comme le gars qui du jour au lendemain part élever des brebis dans les montagnes. J’avais besoin de trouver un équilibre de vie. »

L’éphémérité de son épicerie ne l’effraie pas. Pour lui cet engouement pour le bio et les gestes éco-citoyens viendrait surtout « d’une prise de conscience venant d’une génération qui a vu [ses] parents grandir avec la grande distribution » et non d’un effet de mode. Au contraire, il imagine la vente en vrac prendre son envol au cours des prochaines années. A ses débuts, seulement quinze boutiques existaient en France. Aujourd’hui, vingt-neuf épicerie DayByday ont ouvert dans l’hexagone plus une à Bruxelles. Une ville que Nicolas trouve « belle et innovante ». Intrépide, il ne sait pas où il sera dans dix ans. Ce qu’il sait, c’est que cette épicerie s’inscrit pour le moment dans ce qui lui ressemble : un projet qui ne se repose pas sur ses acquis et qui va de l’avant. Nicolas semble avoir prit goût à cet engagement éco-citoyen. Il lui a permit de retrouver un équilibre de vie qu’il avait perdu. Cela, même si, pour lui, cette initiative écologique ne représente, pour le moment, « qu’une goutte d’eau dans la mer ». Avec cette envie de voir toujours plus grand, cette goutte d’eau pourrait un jour, devenir un océan.