L’approche de la COP21 a relancé le dialogue sur les produits bio. Où en sommes-nous en 2015 ? Les produits envahissent nos magasins. On les déniche même dans les petites épiceries du coin. A Metz, la production bio de Sébastien Obriot se vend très bien. S’il connaît aujourd’hui son heure de gloire, le bio reste pourtant marginalisé.

Les Jardins du Val de Moselle Des fruits, des légumes, pas plus. Jusqu’ici, le magasin Les Jardins du Val de Moselle n’a rien d’inhabituel. Sauf que tout est bio. Et que le magasin est constamment plein de clients. Installé en plein quartier résidentiel de Metz Devant-les-ponts, ce commerce bio marche à tout rompre. « Les ventes explosent depuis deux ans. On a une grosse part de notre clientèle qui nous suit depuis le début », lance Sébastien Obriot, en rangeant une cagette de légumes dans la chambre froide. Le début, c’était en octobre 2010, quand le jeune agriculteur décide de se lancer dans la production uniquement biologique. C’est derrière son magasin, sur un terrain de 1,5 hectare, qu’il cultivera la plupart de sa centaine de fruits et légumes. Il ne fera que de saison. Son père loue le terrain. L’affaire est bouclée. « C’était la misère, se souvient Sébastien en rigolant. Sur les trois premiers mois, il Y avait 150 personnes en trois heures, nous n’étions pas préparé à ça… » Rien à voir avec l’organisation d’aujourd’hui et des 180 clients présents quelques jours plus tôt. « On a fait un peu de matraquage auprès des clients. Maintenant, le bio, ça plaît », lance Sébastien ravi, clope à la main et doudoune bleue sur le dos.

Sébastien Obriot

Biotiful

En France, le marché du bio pesait 5 milliards d’euros en 2014, soit 10% de plus que l’année précédente. « Avant, les clients faisaient des paniers très petits. On tourne maintenant à 20-25 euros par panier en moyenne », constate le gérant. Ce soir, c’est pour 28 euros de fruits et légumes que va repartir un habitué. Les autres clients, rassemblés en une petite queue devant les caisses, ont tous des sacs bien chargés. Cet engouement pour ses produits bio, Sébastien l’a bien compris : « C’est frais, c’est ça que les gens cherchent. Les salades sont coupées le matin pour être sorties à 16h. » Au-delà du discours évident sur la qualité du produit bio, c’est un autre facteur que pointe le gérant : le prix. Manger bio, pas cher ? « Beaucoup de nos produits sont moins chers qu’en magasin traditionnel, certifie-t-il. A côté de chez moi, une épicerie vend un potimarron d’Alsace à 8 euros le kilo. Chez nous, c’est 2,30 euros… » Vente directe oblige, il n’y a pas de frais de transports.

 

Comme lui, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à passer à la production biologique.

Selon les estimations de l’Agence Bio, les chiffres pour 2015 seraient aussi en augmentation. « Pour moi, c’était obligé de faire une production bio. L’impact zéro n’existe pas dans ce mode de production, on utilise bien du gazole pour le tracteur. L’idée, c’est de moins polluer. »

Une production à la marge

« Expansion » du bio mais pas « explosion » : les exploitations bio ne représentent que 4,6% des terres agricoles. Sébastien Obriot l’a constaté à son échelle : « On est les derniers producteurs à Metz Devant-les-ponts. Nous n’avons pas beaucoup de concurrence. Si un nouveau producteur veut s’installer, il y a de la place ! »

Évolution du nombre d’exploitations en Moselle :

Mais se convertir à la production bio, ce n’est pas si simple. « C’est plus contraignant, avoue Sébastien. Quand j’ai décidé de monter le magasin de vente directe il n’y avait rien. » Créer les systèmes de commercialisation, trouver des clients ou les fidéliser au bio, sont autant de contraintes obligatoires pour chaque nouvel agriculteur bio.

Sans oublier, bien sûr, la période de conversion. Deux ans, c’est ce