Le sénateur (LR) François Grosdidier, ancien maire de Woippy et ex-conseiller de la ville de Metz, est un des principaux concurrents à la succession de Dominique Gros à la mairie de Metz en 2020. Lancée dès mars 2019, sa campagne s’articule autour du slogan « Unis pour Metz ». Premier objectif : faire de Metz une métropole vivante et attractive.

Pourquoi êtes-vous candidat à la succession de Dominique Gros à la mairie de Metz ?

Je n’ai pas pu rester indifférent à une demande des messins concernant les soucis du quotidien : propreté, sécurité, attractivité de la ville, rythmes scolaires etc. Un certain nombre de sujets que la municipalité actuelle a délaissé. Or, j’ai dans ces domaines une certaine crédibilité.

Le rang de Metz dans le concert des métropoles m’a attiré. Cette ancienne capitale du Royaume a aujourd’hui obtenu de justesse le statut de métropole. Or, pour répondre aux attentes des messins, il faut être un vrai pro de la politique et posséder une voix qui porte à Paris et à Bruxelles.

Parmi vos engagements de campagne, vous dites vouloir redynamiser le centre-ville de Metz et refaire de cette ville une grande métropole. Par quels moyens ?

Tout d’abord, il y a des moyens élémentaires attendus par tous : une ville soignée et sûre. Ensuite, même s’il est déjà presque trop tard, il faut arrêter le développement effréné des grandes surfaces en périphérie. En quelques années, on a construit le Waves et le Muse. Le centre-ville ne peut pas faire face à cela.

La seule solution consiste à définir précisément ce que l’on veut dans le centre-ville de Metz et en périphérie, créer des pôles regroupant toute l’offre de chaque secteur de vente. Il faut muscler le centre-ville et qu’il soit vivant. Il faut imaginer autre chose : animations permanentes, activités pour les gamins, évènements culturels etc. La place de la république doit vivre tous les samedis.

Ranimer le centre ville la journée mais aussi la nuit. Le candidat Xavier Bouvet propose de développer la vie nocturne. Est-ce un facteur d’attractivité à développer selon vous ?

Tout est question d’équilibre. A un moment, on parlait de la « Belle endormie » et alors, on a eu une politique délibérée du nocturne contre le diurne. Metz vit et doit continuer a vivre. Mais il y a un effort certain de sécurisation a faire car l’ambiance se dégrade.

La nuit, la police municipale est absente et celle nationale est nettement insuffisante. Je souhaite augmenter ce chiffre. La Police Nationale n’a pas les moyens d’être présente la nuit. À Metz la nuit, il y a trois patrouille de Police Nationale pour plus de 200.000 habitants. À Woippy, c’est deux patrouilles pour 14 000 habitants. En plus il n’y a pas de maillage vidéo optimisant l’emploi des patrouilles. C’est un système déficient.

Envisagez-vous la création de brigades de proximité ?

Mon idée est de renouer avec une police de proximité préventive et éventuellement répressive. C’est avoir dans chaque quartier des “îlotiers” – trois policiers à pied ou à vélo, fidélisés au secteur – qui sont à l’entrée des écoles le matin et font le tour des commerçants la journée. La délimitation de ces quartiers doit se faire en dialogue avec la population. En plus, il faut avoir 4 patrouilles pouvant intervenir même la nuit et appuyer les « îlotiers » si besoin. Enfin, pour être complet, ce double système doit se coupler à un maillage vidéo efficace.

Concernant les transports en commun, votre proposition phare est de créer une navette fluviale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Non seulement je veux développer l’activité touristique sur l’eau et donc soigner les berges mais je veux aussi faire des transports en commun fluviaux. La première ligne sans écluse partirait d’Ars-sur-Moselle jusqu’à la préfecture en passant par le cœur du campus du Saulcy. Cette ligne serait créée dès la première année de mon mandat. Une seconde ligne viendrait ensuite jusque Montigny-lès-Metz voire Saint-Julien.-lès-Metz.

S’agissant des autres transports en commun, je souhaite également ajouter une ligne de métis. Pour son parcours, je ne m’avance pas tant que l’on  n’a pas fait plus d’études techniques. Enfin, il faut repenser les pistes cyclables et composer avec les trottinettes. Dissocier le piéton du reste est une nécessité.

Vous souhaitez faciliter l’accès au sport, à la culture et aux loisirs. Comment ?

Ça commence dès le plus jeune âge. Le périscolaire doit être développé et offrir gratuitement la palette la plus large d’activités culturelles et sportives. Il faut augmenter les moyens sur les fondamentaux, concernant les clubs comme les infrastructures. Enfin, pour les sports en salle, il faudra certainement prévoir une extension du centre symphorien.

À Borny et à La Patrotte, des habitants constatent ne finalement pas bénéficier de la B.A.M. et de l’Agora. Pensez-vous pouvoir les ramener vers ces lieux ?

Ce furent des choix idéologiques pavés de bonnes intentions mais qui ne répondent ni aux besoins des habitants ni à ceux du public. Ceux qui aiment les musiques actuelles n’avaient pas nécessairement envie d’être exportés à Borny avec la B.A.M. Les musiques actuelles avaient le même droit à la centralité que les musiques classiques. Par ailleurs, à Borny, il manque aujourd’hui un véritable centre social. Aujourd’hui, la B.A.M. est là et elle tourne. Mais les habitants doivent se pouvoir se l’approprier. Il faut donc des créneaux qui leurs soient réservés. De même, l’Agora est une belle bibliothèque. Mais quand on y vient de l’extérieur, il n’y a même pas d’accès voiture. Ce n’est pas logique.

Quelles sont vos propositions concernant les étudiants ?

Au sujet de la vie étudiante, je souffre de voir qu’on a perdu 10 places au classement des villes étudiantes publié par L’Etudiant. Je veux proposer une politique qualitative de logements étudiants situés à proximité de leurs lieux d’études. Par exemple demandons-nous si on ne peut pas refaire les résidences du Saulcy. 

Pour les transports, je ne m’engage pas à la gratuité tant que je ne connais pas les chiffres précis. Certains concurrents proposent la gratuité aux moins de 26 ans, Personnellement, je ne le ferai pas car on peut être cadre à 25 ans et il n’y a pas de raison que l’on ne paye pas son bus. En revanche la gratuité pour les étudiants, bien sûr que je l’envisage ! C’est une question de statut pas d’âge.

Enfin, nos étudiants sont éclatés sur trois sites. Je voudrais créer une maison de l’étudiant en hyper-centre, qui soit un point de convergence des étudiants. Cela participerait également à l’animation de la ville.*

Vous militez pour une Université de Metz, en rupture avec l’actuelle Université de Lorraine, pourquoi ce combat ?

En principe, à chaque ville universitaire correspond son université. Je suis favorable à des fusions quand il y a de réelles économies d’échelle à faire ou que les problèmes abordés l’exigent. Mais en huit ans, la fusion des Universités de Nancy et Metz n’a apporté aucun partage de la gouvernance. De plus, le nombre d’étudiants n’augmente pas et il se peut même que Metz en perde. 22.000 étudiants, ce n’est pas à la hauteur d’un bassin d’un million et demi d’habitants. Metz ne demande pas un rééquilibrage avec Nancy mais simplement que nous progressions plus que proportionnellement à Nancy. À chaque fois que l’on a demandé la création de nouveaux diplômes, l’Université de Lorraine a refusé. Certains enseignements de base étant délivrés à Nancy ne sont pas créés à Metz. C’est anormal.

La deuxième raison concerne le tissu économique. On a besoin d’ingénieurs. Le centre de gravité économique de la Lorraine reste au nord et on doit en plus servir un autre bassin d’emplois à servir: le Luxembourg. Il n’est pas normal que l’on nous refuse des formations qui correspondent à la demande du tissu économique local au motif qu’elles existent à Nancy.

Clément Legros et Mehdi Abirez