Mardi 31 janvier, 12 000 personnes ont manifesté à Metz lors du deuxième épisode du mouvement de grève intersyndical contre le projet de la réforme des retraites. Les jeunes aussi se sont mobilisés pour leurs droits.

Surplombant la foule, place Mazelle à Metz, un manifestant trône sur le toit d’une camionnette. « Les vieux dans la misère ! Les jeunes dans la galère ! », scande-t-il dans son mégaphone, entouré de panneaux « Macron Picsou ».Mardi 31 janvier, une foule, de plus en plus grande se rassemble à ses pieds, sous les drapeaux colorés des différents syndicats, pour manifester contre la réforme des retraites. Un cortège hétéroclite qui rassemble aussi bien des travailleurs que des étudiants.

Jean-Loup, 19 ans, et Julien, 20 ans, étudiants, sont venus sous la houlette de Raphaël, 29 ans. « C’est notre toute première manifestation », glisse Jean-Loup. Pas question pour autant de rester un observateur passif. « Si on ne se bat pas maintenant, à la fin il ne restera plus rien », soutient Julien, motivé. Jean-Loup, lui, reste prudent. « Les manifestations n’ont pas beaucoup d’effet. C’est surtout très symbolique », estime-t-il.

Si le trio s’est réuni ce mardi, c’est aussi par solidarité avec les travailleurs. « Tout le monde se sent concerné par cette réforme aussi bien les jeunes que les vieux, souligne Julien. Raphaël acquiesce : « Ces dernières années, l’espérance de vie a augmenté, mais pas pour toutes les catégories sociales. Certains arrivent à la retraite dans un état lamentable. » Selon les chiffres de l’INSEE, en 2019, l’espérance de vie en bonne santé était de 63,7 ans en moyenne pour les hommes, et de 64,6 ans pour les femmes. Soit l’âge légal de départ à la retraite après la réforme portée par le gouvernement. Quant à l’espérance de vie globale, plus on est aisé, plus elle est élevée. Les 5 % des hommes les plus riches vivent en moyenne jusqu’à 84,4 ans, contre 71,7 pour les 5 % les plus pauvres selon les chiffres de l’INSEE.

« Jeune, ce n’est pas un statut à vie »

Célestin, 28 ans, est enseignant. S’il vient de démarrer sa carrière, il pense également à comment elle pourrait finir : « Je ne me vois pas à 67 ans faire cours devant une classe », s’indigne le jeune professeur.

Cette réforme voulue par le gouvernement ferait passer le nombre d’annuités nécessaires pour une retraite à taux plein à 43 ans. Avec un premier emploi stable en moyenne à 27 ans, selon un rapport de 2019 du Conseil économique, social et environnemental (Cese), les jeunes travailleront jusqu’à 67 ans pour une pension complète, avancent les syndicats. Ce seuil, qui correspond déjà à l’âge auquel chacun a le droit à un taux plein, restera inchangé avec la réforme.

Rodolphe, 25 ans, a accompagné Célestin. Pin’s « Lutte Ouvrière » sur son gilet en cuir, l’étudiant en master de géographie s’insurge également contre la réforme. Même si sa propre retraite ne se profile pas dans un futur immédiat, il a tenu à être présent. « Jeune, ce n’est pas un statut à vie, justifie Rodolphe. Il n’y a pas d’âge pour se battre ! »

150 000 jeunes dans la toute la France selon l’UNEF

S’il est compliqué de comptabiliser le nombre exact de jeunes qui ont défilé dans les rues ce mardi, le syndicat étudiant de l’UNEF avance le chiffre de 150 000 jeunes dans toute la France. Dans un communiqué sur Twitter, le groupement de gauche estime que cette réforme met les jeunes dans une situation de « précarité à vie ».

Le gouvernement d’Élisabeth Borne avance, lui, que la réforme est nécessaire pour financer les retraites de tout le monde les prochaines années. Les jeunes voient pourtant d’autres solutions. « L’État pourrait prendre les sous chez les plus riches », estime Jean-Loup. Pour faire entendre leurs arguments, ils auront de nouveau rendez-vous dans les rues ce mardi 7 et samedi 11 février.

Mathieu te Morsche