Alors qu’au premier abord on pourrait croire que tout les oppose, la vie nocturne à Metz et à Séville affiche de nombreuses similitudes. Des Erasmus espagnols nous racontent.

Parfois, certaines villes semblent comme liées, connectées. Metz et Séville, Séville et Metz. 2038 km, 20 heures et 15 minutes de route les séparent. La nuit, ces deux villes sont assez similaires. Quand vient le crépuscule, ces deux capitales régionales montrent un visage de fête étrangement semblable. Les étudiants Erasmus sévillans sont en terrain connu à Metz. Finalement, seuls les contextes climatiques et géographiques varient. Metz, 125000 habitants, située dans le cœur de l’Europe, ville sous influence germanique et frappée par un froid polaire de plus en plus insupportable à partir de septembre. Séville, un peu plus de 700.000 habitants, considérée par les Espagnols habitant au nord comme faisant partie de l’Afrique plus que du sud de l’Europe, empoisonnée par la chaleur une grande majorité de l’année.

« La plus grande différence que je constate, c’est qu’il y a moins de gens qui boivent dans la rue. C’est à cause du froid, mais aussi des prix, qui sont beaucoup plus élevés », regrette Maria, une étudiante des Beaux Arts qui fait partie du programme d’études Erasmus. En Espagne, le Botellón, c’est-à-dire le fait de consommer de l’alcool dans la rue, est très populaire. Au contraire de Metz, où la température rebute la plupart des fêtards. « En plus, cela revient moins cher de boire dehors, c’est important en ces temps de crise économique », renchérit Maria devant les portes du fameux Bar Latino.

Jusqu’à des heures avancées du matin, de nombreux étudiants étrangers sont attirés par la musique universelle diffusée dans ce bar dansant. Ils se surprennent à danser au rythme de chansons comme « la Macarena », ou autres rythmes latinos, jusqu’aux genres les plus électriques comme la techno ou la house. La figure de Che Guevara accolée à la façade du bar lui donne un faux air de maison cubaine, qui renvoie un certain mixage culturel. Séville connait le même phénomène, mais dans de plus grandes proportions, la communauté latine étant très présente.

A part quelques degrés Celsius, Metz n’a rien à envier à Séville

Selon Carlos, étudiant Erasmus de droit, également originaire de la capitale andalouse, les soirées suivent le même schéma dans les deux villes : on partage un verre dans un bar, on parle de tout et de rien et on finit sur la piste de danse.  Le Comédie Café de Metz est l’un de ces lieux populaires, qui rappellent l’ambiance de Séville. Un point de rencontre qui permet de descendre des bières lors de fêtes thématiques : jeux de rôle, concours, ou blind tests dans une ambiance qui se veut résolument rock et dance. « Par contre cela n’est pas habituel à Séville, nous ne faisons pas ce genre d’activités quand nous buvons », contraste Carlos. Dans la cité messine, il finit ses nuits au Guess Club, où il reste parfois jusqu’au petit matin. Cette discothèque très populaire à Metz, -elle ferme plus tard que d’autres clubs- a vite attiré l’attention des Espagnols, notamment car la direction tolère le fait de fumer à l’intérieur. Le Guess, l’Horloge, le BSM, toutes ces discothèques sont réparties dans le centre-ville à la manière de ce qui se fait à Séville, où l’Avril, le Buddha ou l’Antique proposent des atmosphères et des ambiances semblables, avec les mêmes répertoires musicaux. Malgré qu’il soit ici depuis peu de temps, Ignacio, lui, est déjà un assidu des Trinitaires, « plus qu’une salle de concerts, c’est un labyrinthe de petits espaces où s’exhibent les meilleurs groupes qui passent à Metz », confie t-il.

Metz et Séville la nuit, ce sont donc deux mondes proches quand il s’agit de faire la fête, alors même que les différences culturelles entre la France et l’Espagne sont marquées. Si quelque chose peut différencier ces deux villes, il faut attendre que la lumière revienne, chacune révélant ainsi ses gueules de bois et ses propres hontes, qui constituent finalement leur réelle identité.