Metz Immo est une série de reportages réalisée dans le cadre d’un atelier enquête/data sur les données immobilières du ministère des Finances. Ceci est le quatrième épisode.

Alors qu’à chaque rentrée les étudiants messins font de plus en plus face à la crise du logement, une alternative s’offre à eux : les résidences étudiantes privées. À l’instar de Student Factory, boulevard de Trèves, cette solution s’adresse plutôt à une catégorie favorisée de la population.

“L’égalité des chances et la diversité sont au cœur de notre démarche.”, peut-on lire sur le site de Student Factory, l’une des sociétés de résidences privées de Metz. Image lisse et phrases captivantes, la résidence a tout pour plaire. “Elle est toute neuve et en bon état, je trouve que le prix reste correct”, confie un étudiant en génie civil et management en Europe, qui y réside. Un enthousiasme qui n’est pas forcément partagé par tous ses voisins : “Pour 18m2 je trouve ça cher”, regrette une étudiante infirmière. Avec en moyenne 570 euros de loyers, les prix de la résidence sont au dessus de la moyenne des 554 euros pour un studio charges comprises en France, selon le site LocService.fr. 

Dirigée par le groupe Vinci Immobilier, la société Student Factory met en avant son concept “d’esprit loft new-yorkais” à la Andy Warhol. Elle insiste fortement sur les services proposés en plus de leur offre de logement. Parmi ceux-ci : les divers espaces en communs mis à disposition aux résidents pour cuisiner, travailler, ou se détendre avec ses voisins.“Student Factory marque une vraie volonté de distinction avec des surfaces communes entièrement dédiées à la réflexion et au partage de connaissances, des équipements innovants et une décoration de style industriel”, peut-on lire sur le site de la résidence. 

10 000 logements Crous construits au lieu des 60 000 promis

Pourtant, ce n’est pas la principale raison du choix des locataires de ces résidences dorées. C’est bien le manque de places dans les logements Crous qui obligent les étudiants à se tourner vers ce choix financièrement moins avantageux : “Quand j’ai regardé dans les logements Crous, il n’y avait plus de places”, souligne un étudiant en licence éco-gestion à l’Université de Lorraine, croisé devant la résidence du boulevard de Trèves. L’urgence à trouver un logement pour la rentrée dans le marché locatif étudiant saturé les poussent aux portes de ces résidences. “J’avais pas trop le choix, c’était au dernier moment”, souffle le jeune homme.

Comment en est-on arrivé là ? Le président de l’UNEF Lorraine, Tom Veloso, pointe du doigt des promesses non tenues. “Il ne faut pas oublier qu’avec le quinquennat de Macron, on nous avait promis la construction de 60 000 logements universitaires. Mais seulement 10 000 logements Crous ont été construits.”

Avec jusqu’à 200 euros de différence entre les logements du Crous et les résidences comme Student Factory, tous les jeunes recalés des cités universitaires ne peuvent donc pas se permettre l’option privée. De plus, la solvabilité du garant exigée y grimpe jusqu’à 4 fois le loyer, contre une moyenne de 2,5 à 3 fois le loyer. “Mes parents m’aident. Il est impossible pour moi que je paye ça tout seul ”, affirme l’un des résidents de Student Factory. 

Dans le privé, le problème des garants

Des sociétés de résidences étudiantes privées concurrentes à Student Factory proposent des dispositifs pour les étudiants sans garant. L’association ARPEJ se présente ainsi comme un acteur essentiel du logement pour les moins de 30 ans. Pour cela, ils coopèrent avec Visale, un système de contrat de cautionnement pour les jeunes dépourvus de garants. « On veut des étudiants de moins de 30 ans. Après, au niveau des garanties, c’est les parents ou sinon la garantie Visale c’est très bien”, explique un employé d’ARPEJ. 

Mais Visale n’est pas accepté par toutes les résidences étudiantes privées. C’est le cas de la Résidence Pythagore, à Queuleu. “En principe, moi je ne sais pas si je prend tout le monde, mais pratiquement (…) on a fait un partenariat avec un garant, GarantMe. C’est surtout pour les personnes qui viennent de l’étranger, c’est un peu comme Visale”, pointe Nathalie Méguin, agent de location pour la résidence. Mais tout le monde ne peut pas accéder au dispositif GarantMe. En effet, le contrat demande un forfait annuel conséquent qui varie selon le loyer et le nombre de locataires.