Le 25 novembre est la journée internationale de lutte contre les violences faîtes aux femmes. Et si on vous racontait une histoire ?

« Il m’a tapé dans l’œil ce mec ! »
Qui n’a jamais dit cette phrase au moins une fois après avoir rencontré un bel éphèbe ? Quelle belle image d’Epinal. On connaît la suite : vous cherchez à revoir cet homme avec qui vous avez parlé pendant une soirée trop arrosée. Premier rendez-vous. Deuxième rendez-vous, et c’est parti pour le tourbillon des papillons au creux du ventre. Avouez que même si vous n’êtes pas fleur bleue, nous aimons toutes et tous ces moments d’amour naissant. Il est forcément beau, intelligent, fort, attentionné, et terriblement sexy. Il a sûrement des défauts, mais vous ne voulez pas les voir, parce que vous l’aimez. C’est beau et vous vivez toutes les scènes des films romantiques. Dans votre tête évidemment, puisque dans la réalité tout est forcément un peu moins brillant.

Et un jour, il vous a tapé dans l’œil
Pour de vrai cette fois. Votre joli regard est désormais violacé. Douloureux. Mi-clos. Vos yeux de biche n’ont pas attendri le chasseur tapis dans l’ombre. C’est un coup de massue sur vos espoirs de « ils vécurent heureux ». Le coup est parti vite, vous ne vous y attendiez pas, et vous êtes désormais marquée à vie. L’hématome partira bien sûr, mais la blessure morale, elle, ne guérit jamais.
Il avait bu, vous fêtiez l’anniversaire d’un ami. Tout est la faute de l’alcool. Et puis vous n’étiez franchement pas maligne : s’opposer à sa décision d’aller prendre un café avec son ex au physique digne d’une porn star, mais vous êtes irresponsable ! Le pauvre garçon, il a tellement de travail et il est tellement fatigué en ce moment. C’est votre faute, et c’est bien mérité !

Et puis pourquoi ne partez-vous pas ?
La soumission est un mal qui vous ronge tranquillement la conscience. Le mâle insuffle à votre esprit que sans lui vous n’êtes rien, et que de toute façon c’est grâce à lui que vous vous épanouissez, que vous existez. Alors vous restez, hypnotisée, envoûtée, amoureuse. Et s’il s’énerve, c’est votre faute. Lui c’est un ange déchu, un pauvre diable qui a besoin d’un tapis de sol en guise de compagne, une brebis docile, obéissante. Et si l’animal essaye de se débarrasser de ses chaînes, le loup n’est pas loin et il mord. De toute façon la vraie douleur c’est d’être seule, n’est-ce pas? Il était seulement nerveux quand il a essayé de vous étrangler contre le mur de la cuisine. Il ne fallait pas dire que vous ne supportiez plus sa colère permanente.
Désormais vous pesez chaque mot, et vous vous murez dans un silence qui deviendra bientôt une prison. Et si par chance vous vous libérez du joug du tyran, le traumatisme, lui, vous suivra à vie.

Briser le silence
Ce scénario n’a rien d’original, il a lieu tous les jours, sous vos yeux. C’est un loto macabre. A qui le tour ? On se sent tous immunisés contre cette bête curieuse qu’est la violence conjugale. On n’ose pas en parler, on ne veut pas la voir, ni la croire. Les victimes ont honte et parfois veulent protéger leur tortionnaire. Ces femmes tombent dans l’escalier, se sont cognées, mais elles ne se sont jamais faites battre. Jamais. La violence conjugale est souvent décrite comme une violence physique. Mais elle est parfois complètement invisible, morale. C’est un enchaînement d’humiliations, d’insultes, de colère, et de mots acérés qui ne font pas de bleu au corps mais à l’âme. Peut-être est-elle encore plus vicieuse cette violence-là, puisque les victimes encaissent sans forcément se rendre compte que l’estime de soi, elle, est passée à tabac.

En chiffres
En 2014, 118 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint(e) selon le ministère de l’intérieur en juin dernier.
D’après un rapport de l’INSEE, en 2011, 400 000 femmes ont été victimes de violences conjugales au cours des deux années précédant l’interrogation. Et seulement 16% d’entre elles auraient déposé plainte à la police.
Cependant ces chiffres sont approximatifs. En effet, si 400 000 femmes ont déclaré être victimes de violences conjugales en 2011, beaucoup gardent le silence et n’alertent ni la police ni les associations dédiées pour leur venir en aide.

Où trouver de l’aide à Metz :