30 Glorieuses

L’Aérogare station Lothaire a organisé ce dimanche à Metz sa « brocante des Trente Glorieuses ». Presque quarante ans après, cette époque continue de faire rêver certains passionnés de décoration. Isabelle Hiblot, brocanteuse chez Glorieuses à Nancy, nous explique cet engouement.


En France, entre 1945 et 1975, le mode de vie des français change. De nouveaux matériaux font leur apparition et viennent moderniser l’intérieur des foyers. Les meubles se veulent confortables, pratiques, innovants, et se démocratisent via des séries distribuées plus largement. On appelle cette période les « Trente Glorieuses ».


Quand a ouvert votre boutique et que vendez-vous principalement ?

Glorieuses a ouvert le 1e septembre, on est une dizaine de personnes, brocanteurs ou artisans, à y travailler. On trouve des meubles évidemment mais aussi des vêtements, des vinyles, de la hi-fi vintage, et même des postes de télévision anciens, restaurés avec des écrans neufs. Il y a aussi des créations comme des lampes ou des coussins. Nous vendons en majeure partie des objets datant des Trente Glorieuses, mais nous avons également du mobilier allant du XIXe jusqu’aujourd’hui.

Pourquoi cette prédilection pour ces trente années-là, en particulier ?

Je pense que c’est avant tout la mentalité de cette période-là qui attire, cette ambiance d’après-guerre, de reconstruction, qui s’accompagne par une conquête du bonheur et de la liberté. Il y a aussi l’idée de posséder un certain nombre d’objets modernes, neufs. Aujourd’hui on est sur une toute autre dynamique, et à mon sens il faudrait arrêter de fabriquer du neuf, tout est là donc ce n’est pas la peine d’aller chercher ailleurs !

Chez Glorieuses, on se situe à la fois sur l’amour de cette époque-là, mais également sur une question éthique, qui est de réutiliser les meubles déjà présents.

Quels sont les matériaux et les couleurs propres à cette période ?

Le plastique évidemment ! Déjà dans les années 60, on commençait à en voir apparaître, de même que la couleur orange, qui a continuée de s’étendre dans les années 70. On retrouve le chrome, le verre, le teck, un bois plus exotique. Pour les formes, le design s’inspire de la mode scandinave, avec des lignes pures, très simples, et des détails comme les pieds compas. Pour les vêtements, on observe des motifs de carreaux bûcheron pour les hommes, et Prince de Galles chez les femmes, avec des tailleurs à la Coco Chanel.

Est-ce qu’il y a une similarité entre cette époque, et ce que font les magasins d’ameublement actuels ?

Depuis deux ou trois ans, on voit dans tous les magazines de déco un certain retour à ses formes. Les magasins éditent du mobilier actuel qui s’inspire beaucoup du design de l’époque, et ce même chez des enseignes de grande consommation comme Conforama, Alinea ou même Gifi. Les meubles télé en pieds compas, les petites commodes, ou le rotin par exemple, qui est un matériau beaucoup réédité.

Est-ce que vous observez une tendance dans l’âge de vos clients ?

Le cœur de notre clientèle sont les 25-45 ans. Si les jeunes viennent, c’est surtout car ce sont eux qui s’équipent. Ils sont aussi plus sensibles à l’impact qu’ils vont avoir sur la planète et aux prix qu’ils investissent. Globalement, à part les pièces de designer, cela reste moins cher que du neuf. Pour les plus âgés, je remarque qu’ils prennent quelques touches, quelques idées, et pour certains cela rappelle des souvenirs plutôt positifs.

Claire-Marie Luttun

Crédit Photo : Amélie Pérardot