Issu de valeurs économiques, écologiques et solidaires, l’habitat participatif débarque à Metz grâce à l’association de Jean Marc Brodhag. Trois ans après la création de l’organisme, aucun logement n’a encore vu le jour. Alors que les freins sont multiples, quel futur peut espérer ce projet messin ?
Si l’habitat participatif suscite un réel intérêt à Metz, aucun projet n’a pour l’instant abouti. Les embûches s’accumulent. La crise du foncier complique la recherche d’un terrain adapté, ils sont rares, chers et souvent déjà destinés à d’autres projets. Ce problème n’est pas que local, il s’inscrit dans une tendance nationale. Habitat Participatif France rappelle que la crise du secteur de la construction a ralenti tous les projets en 2024.
Un manque de soutien
Mais selon l’association messine, le principal obstacle reste le manque de relais institutionnels. « Ici, à Metz, on est la seule des 21 métropoles en France à ne pas avoir d’habitat participatif et à ne pas être soutenu par les élus sur le projet » affirme le président de l’organisme. La mairie de Metz, contactée à plusieurs reprises, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Pour poursuivre ses démarches malgré ce qu’il estime être une « absence de soutien municipal », l’association s’est tournée vers des communes avoisinantes, notamment Peltre. Le Maire, Monsieur Walter Kurtzmann, pourtant intéressé par le projet, s’est heurté aux difficultés qu’il résume : « le foncier est rare et cher ». Selon lui, pour qu’un projet voit le jour, il faudrait que la métropole ou une commune mette à disposition un terrain accessible financièrement. « Les mairies disposent rarement de terrains à céder, tandis que les promoteurs privés ne proposent que des ventes classiques, incompatibles avec le modèle participatif », indique-t-il.
À Peltre, le seul terrain disponible, appartenant à la mairie, accueille déjà un projet de maison médicale. Une partie pourrait s’ouvrir aux logements collectifs, mais sa mise à disposition dépendra du conseil municipal élu en 2026 et du prix de vente.
Selon lui, l’autre difficulté majeure reste la méconnaissance du public. « Les gens ne savent pas vraiment ce que recouvre ce type d’habitat, et certains craignent de tomber dans une bande de farfelus. Il faut un vrai travail de pédagogie, presque du lobbying, pour expliquer ce concept et susciter l’adhésion », conclut Monsieur Kurtzmann.
Vers d’autres solutions
Malgré ce constat, des outils sont disponibles pour aider le projet. C’est le cas du Bail Réel Solidaire (BRS), qui permet de dissocier le prix du terrain et celui du logement pour réduire le coût d’acquisition. L’association a envisagé un projet à Peltre via un BRS, sur un ancien terrain de football racheté par un particulier, prêt à collaborer. Mais une partie des habitants s’y est opposée, redoutant une baisse de valeur de leur patrimoine causée par l’initiative collective. Encore un échec pour l’habitat participatif messin.
Pour identifier des pistes, l’association s’intéresse aux expériences voisines. À Brest, sept amis ont démontré qu’un projet d’habitat participatif pouvait émerger sans soutien politique. En construisant seuls leur logement, ils ont fini par convaincre la métropole de créer un service dédié à ce type d’habitat. Mais ce cas reste unique. À Metz, cette dynamique peine à se mettre en place. Les groupes ont du mal à se constituer, car beaucoup attendent une offre plutôt que d’aller la chercher.
Horizon 2026
Alors que le projet semble délaissé par la municipalité actuelle, d’autres partis s’emparent du sujet. C’est le cas de Jérémy Roques, représentant écologiste et candidat pour 2026, qui souhaite intégrer l’habitat participatif dans les programmes municipaux. Il propose l’établissement de lois d’urbanisme qui mettraient des règles sur le partage.
« L’Habitat participatif c’est deux choses : la sobriété et le lien social. Il y a aucune raison de bloquer ce genre de projet, il y a des raisons de les soutenir davantage », annonce le candidat.
Les municipales 2026 pourraient redistribuer les cartes pour le développement de l’habitat participatif à Metz. L’association refuse cependant de politiser son projet en affirmant qu’il n’est lié à aucune idéologie. C’est pourquoi l’organisme souhaite interroger tous les partis politiques et candidats en amont des municipales. L’objectif est d’évaluer leur engagement pour le projet que Jean-Marc Brodhag souhaite bientôt voir construit de cœurs et de briques et non plus de conversations théoriques.