Par l’intermédiaire du ministre du Redressement Productif, Arnaud Montebourg, la France souhaite remettre au goût du jour l’exploitation minière sur et hors de son territoire pour assurer son indépendance en matière de nouvelles productions industrielles. Dans ce dessein, le ministre a annoncé, ce vendredi, la renaissance de la Compagnie nationale des Mines de France.

Un État qui ne maîtrise pas son approvisionnement est soumis aux décisions des autres : aux prix et aux quantités fixées par les autres”, annonce Arnaud Montebourg dans un entretien donné au Parisien. Le ministre du Redressement Productif a annoncé le 21 février la renaissance d’une Compagnie nationale des mines de France (CMF) dans le but d’explorer et d’exploiter d’abord le sous-sol français, mais aussi de l’étranger. L’Agence de participation de l’Etat (APE) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM, établissement public) prévoient un investissement commun entre 200 et 400 millions d’euros d’ici cinq à sept ans pour financer le projet.

La refonte du code minier 

Une décision qui témoigne d’un nouveau positionnement stratégique de la France, pour préserver ses intérêts en matière de ressources minières. La création de la CMF intervient en même temps que la refonte du code minier en France, annoncée par le ministre de l’écologie, Philippe Martin. Le code minier rassemble les règlements en matière d’attribution de permis de recherche et d’exploitation. Les objectifs de cette réforme qui sera présentée “avant fin mai” d’après P. Martin seront : la consultation publique concernant les mines ayant un impact environnemental et la sécurisation de l’activité des industriels avec un raccourcissement des délais de procédure.

La création de la CMF et le remaniement concomittent du code minier montrent la volonté du gouvernement français de renforcer son indépendance sur ce type de matières premières. Pour Arnaud Montebourg, cette volonté ne passe pas seulement par l’exploitation minière de la métropole :“elle accompagnera aussi l’exploitation du sous-sol de nos territoires d’Outre-Mer, comme en Guyane, où nous disposons de réserves d’or considérables”.

Mais l’avenir de la France en matière de ressources minières se situe principalement dans le secteur des métaux rares, qui pour beaucoup entrent dans la composition d’innovations technologiques. Par exemple, le lithium pour les batteries ou le zirconium dans l’industrie nucléaire. C’est notamment pour exploiter ce type de ressources qu’Arnaud Montebourg a annoncé vouloir collaborer avec l’Amérique du Sud, l’Asie centrale ou l’Afrique francophone.

Quels sont les métaux rares et à quoi ils servent ?

Méconnus du grand public, les métaux rares constituent une manne importante de matières premières. Voici une liste non-exhaustive des métaux rares et de leurs utilisations.

  • Il y a le lithium qui est essentiellement utilisé pour réaliser des verres et des céramiques réfractaires, des alliages à la fois légers et résistants pour l’aéronautique, et surtout des piles au lithium et des batteries.
  • Le niobium est un métal de transition gris, rare et mou. Environ 89 % de sa consommation mondiale se retrouve dans la fabrication de l’acier tandis que 9 % va à la production de superalliages et 2 % aux applications de supraconductivité et aux applications médicales.
  • Le tantale est un bon conducteur de chaleur et d’électricité, très connu en électronique pour la fabrication de condensateurs. Il est aussi utilisé pour la fabrication d’instruments chirurgicaux et d’implants car il ne réagit pas avec les fluides corporels.
  • Le béryllium est principalement employé comme élément durcissant dans certains alliages pour la fabrication de moules pour matières plastiques. Par exemple, on le retrouve dans les clubs de golf, les balanciers de montre ou encore en Formule 1 pour ses caractéristiques exceptionnelles.
  • Le zirconium peut être utilisé pour les effets spéciaux car ce métal provoque une étincelle lors de sa friction avec les gros grains de sable. Il est aussi utilisé dans le secteur de l’industrie nucléaire, la métallurgie, la coutellerie mais aussi, par exemple, pour les prothèses dentaires.
  • Le hafnium ressemble au zirconium et est utilisé dans les alliages de tungstène pour la confection de filament et d’électrode, il est aussi utilisé comme absorbeur de neutrons dans les barres de contrôle de la réactivité nucléaire.
  • La quasi-totalité du germanium est récupérée dans les fonderies de zinc (sous-produit de fusion). Son utilisation industrielle concerne notamment la fabrication de fibres optique et certains types de cellules photovoltaïques.
  • Le gallium est utilisé dans la médecine nucléraire et se trouve sous forme de trace dans le minerai de bauxite et dans le minerai de zinc. Il présente aussi une certaine toxicité pour les bactéries.
  • Et l’yttrium est un élément de transition d’apparence métallique, qui est classé historiquement parmi les terres rares, avec le scandium et les lanthanides. Son utilisation la plus importante est la fabrication de luminophores, tels que ceux utilisés dans les téléviseurs à tube cathodique. Ses autres applications incluent la production de lasers et des applications médicales variées.

En général, il s’agit principalement de métaux non ferreux, utilisés en petite quantité avec d’autres métaux et substances chimiques dans la fabrication de plusieurs produits industriels.

Les ampoules, les téléphones portables, les éoliennes, les voitures hybrides… Les métaux rares sont des composants essentiels pour tous les secteurs économiques d’avenir. L’enjeu est donc colossal pour la compétitivité de la France en ce qui concerne l’industrie du 21ème siècle.