Photo par Adélie Trimbour.

En poussant la porte de la boutique de Frédéric Metauer, située au 13 En Chaplerue à Metz, nous sommes tout de suite plongés dans une atmosphère intimiste et apaisante. Derrière le bureau se trouvent plusieurs établis, sur lesquels sont entreposés de nombreux outils dans un désordre soigné, propre aux artisans passionnés. 

Ce joaillier n’a pas un parcours banal, au contraire. Après 11 ans à travailler dans le social en tant qu’éducateur auprès d’enfants en situation de handicap, l’artisan, alors âgé de 39 ans, décide en 2019 de changer de vie et de carrière en se tournant vers un métier manuel, celui de joaillier, bijoutier, créateur. Frédéric n’a jamais été très scolaire ; il a arrêté l’école « très tôt » et n’a « même pas le brevet » confie-t-il. Le métier de joaillier, il l’a appris seul, en autodidacte. « J’ai toujours été très manuel, et plutôt bon sculpteur. Du moins, pas mauvais », glisse-t-il humblement. En faire sa carrière n’a néanmoins pas été une idée qu’il avait envisagée, jusqu’au jour où un ami lui lance un défi : celui de fabriquer une bague. Ne refusant jamais un bon challenge, le futur joaillier accepte et relève le défi haut la main. À tel point qu’il décide de présenter sa création à un bijoutier, qui le complimente et le félicite. C’est alors qu’il se lance, du jour au lendemain, dans ce qui est aujourd’hui un réel succès. « Quand j’ai une lubie, je fonce », s’exclame-t-il, d’où ce soudain « déclic ». 

Des débuts compliqués et beaucoup de persévérance 

Si le succès de sa boutique est aujourd’hui indéniable, cela n’a pas toujours été le cas. « Au début, j’ai grave galéré », lâche-t-il. Frédéric Metauer a ouvert sa première boutique en 2019, avec seulement 1000 euros et du matériel – le strict minimum – acheté avec ses économies. Apprenant le métier sur le terrain, au fur et à mesure, il ne fait que très peu de bénéfices au départ. Le covid, qui survient peu après l’ouverture de sa boutique, n’arrange rien. Il connait « un an et demi de galère ». Aujourd’hui, c’est une affaire qui roule et il en est très heureux. Passionné, il ne compte pas ses heures : « Je travaille 100 fois plus qu’avant mais j’ai l’impression de travailler moins ». Il ne regrette pas son ancien travail, cependant, les enfants dont il s’occupait, le lien qu’il avait avec eux et le bonheur de les aider lui manquent. Pour autant, le joaillier chérit son indépendance. Le seul petit bémol qu’il trouve à son travail ce sont les clients qui, parfois, essaient de négocier, alors qu’ils ne se le permettraient pas dans une bijouterie ordinaire.

Chez lui, tout est fait à la main. De la fonte du métal à l’assemblage des pièces, en passant par la sculpture de celles-ci. En plus du reste, l’artisan travaille totalement seul sur tout le processus. « Je suis à peu près sûr d’être le seul à faire ça à Metz », confie-t-il. Possédant aujourd’hui plus de 100 000 euros de matériel et un atelier pouvant accueillir 4 à 5 employés sans problème, le joaillier pourrait monter sa propre équipe. Néanmoins, il préfère continuer à travailler en solitaire. Il justifie ce choix par la liberté que cela lui apporte, qu’il n’échangerait pour rien au monde. Ici, pas de triche à l’imprimante 3D, tout est authentique. Le joaillier aime le challenge et, plus c’est compliqué, mieux c’est.

La clé du succès 

La localisation de son ancienne boutique, située hors du centre-ville, n’était pas idéale : il en est autrement aujourd’hui. Situé au cœur de Metz, il estime que c’est « de la publicité gratuite » et qu’aucune communication ne peut remplacer cela. Pour preuve, lors de son installation en 2021, alors qu’il n’avait toujours pas ouvert officiellement, un curieux qui passait devant la boutique lui passait déjà commande. Mais bien que cela aide beaucoup, cela ne fait cependant pas tout. Son succès, Frédéric Matauer le doit surtout à son talent, qui est indéniable. Amoureux de son métier, passionné et investi, il se donne à fond pour toujours satisfaire ses clients en livrant des bijoux fidèles à leur demande et de grande qualité. C’est pourquoi il ne travaille que sur commande et passe des heures sur chacune des pièces qu’il fabrique.

Selon lui, chaque pièce a « sa complexité » et chacune le rend « très fier ». Son plaisir coupable reste les bijoux art déco mais plus « pour le défi que ça représente que pour le résultat en lui-même », déclare-t-il. Il ajoute que sa plus grosse pièce, une Médusa composée de 130 diamants et de saphir, lui a pris 80h de travail. Frédéric Metauer ne s’en cache pas ; son métier lui prend énormément de temps et d’énergie mais il n’a jamais vu cela comme un problème et ne compte pas changer sa manière de travailler. Selon lui, ses créations et tout ce qui est fabriqué à la main en général « ont une âme que les produits industriels n’ont pas ». Cette âme, on la retrouve en effet sur chacune des pièces, toutes plus complexes et uniques les unes que les autres. Si tout est fabriqué par un même homme, rien ne se ressemble et chaque bijou est plus joli que le précédent.

Adélie Trimbour.