Ce mardi 7 novembre a lieu un spectacle de musique : « Ecouter l’ombre ». Situé à l’Arsenal de Metz dans le studio du Gouverneur, neuf personnes sont venues tendre l’oreille. L’association Fragment a organisé cet évènement. L’objectif ? Faire découvrir des sons et se les approprier chacun à sa manière. Immersion dans l’ombre.

Casseroles, train qui roule, chant d’une femme, chaque personne définissent ce qu’elles entendent et l’interprètent à leur manière. Certains fermaient les yeux, d’autre regardaient partout autour d’eux, mais tout le monde écoutaient attentivement. « Ce que j’aime dans l’expérimentation sonore, c’est la traversé où on part dans son imaginaire. A un moment on revient, on se questionne. J’avais besoin de regarder des deux côtés », reconnait Perrine Maurin, 47 ans. C’est ce qu’a mis en avant le spectacle « Ecouter l’ombre » à l’Arsenal ce mardi. Lieu choisi en fonction du dispositif technique et de la nécessité d’une salle assez grande. Un budget d’inscription est à prévoir : entre huit et douze euros.

Dans le studio du Gouverneur, neufs personnes présentes à 21h étaient plongées dans le noir pendant une heure. Les oreilles tendues, les spectateur.rice.s écoutaient un orchestre de 40 postes de radio. Placé en cercle autour d’une dizaine d’assises disposées à la manière du jeu des chaises musicales, les sons sortaient de temps en temps à certains endroits.

Le public vient d’assister au spectacle | Photo : Julie Mallica

Installation immersive

C’est une expérience immersive dans les sonorités et un cheminement dans leur propre parcours d’écoute. Des sourires se sont dessinés sur quelques visages, des yeux ont versé des larmes sur d’autres. Entre film d’horreur, sons aigues et graves, un flot d’émotion submerge la salle. « Le spectacle invite à jouer du son sans respecter les règles harmoniques. Le moment que j’ai préféré c’est quand le bruit est sursaturé. On peut jouir du son », analyse Philippe Cossalter, 48 ans, encore stupéfait par la prestation.

Bien plus que l’écoute, le spectacle demande aussi à être vu avec ses ombres, une femme qui contourne les chaises, ou les lumières qui scintillent de temps en temps. Une dizaine de minute après, un projecteur éclaire le mur créant un ombrage rectangulaire. Il s’agrandit puis se rétrécit en fonction de l’orientation de l’objet placé devant. « On peut être perdu dans tous les sons et en même temps au moment où il y a le silence sur la fin, cela provoque comme une sorte de réveil et on se dit qu’on a vécu quelque chose. C’est super intéressant », se remémore Fabrice Smith, le programmateur de Fragment avec le sourire aux lèvres.

Avec un dispositif électro acoustique, Anne-Julie Rollet diffuse les sons. Plusieurs parties le composent : un magnétophone à bande, une bande sonore qu’elle joue en direct en fonction de ce qu’il se passe et de la structure de la répétition. Il y a des intentions de jeu qu’ils développent tout au long de la performance. « C’est un travail qu’on mène depuis 2017. Ce sont des personnes qui entendent des voix, diagnostiqués schizophrène. On les a rencontrés par le biais du réseau des entendeurs de voix. Elles cherchent une thérapie autre que ce que l’on propose à l’hôpital. Leur objectif : s’entendre avec ses sons qui les agressent », explique la musicienne de 55 ans avec une voix douce.

L’équipe artistique

Organisé par l’association Fragment avec le soutien de l’Office National de Diffusion Artistique (ONDA), l’entrée est ouverte à tous. La collaboration existe depuis 22 ans et a pour objectif de proposer des évènements musicaux différents de ce qui est entendu habituellement. Fabrice Smith a établi un contrat avec les trois artistes Grenoblois et leur compagnie. Parmi eux : Anne-Julie Rollet s’occupait de la diffusion sonore, Anne-Laure Pigache étaient aux voix et aux reprises de certains sons et Christophe Cardoen à la lumière. « C’était dans la tournée de ce que les intervenantes du spectacle allaient faire. Entre la réflexion sur l’écoute, le côté entendeur de voix et le dispositif technique des radios, tout cela me plaisait bien. », explique le programmateur de Fragment, enthousiasmé.

L’association Fragment organise un concert quatuor BRAC et live electronics au Centre Pompidou le 24 novembre.

Julie Mallica