La première diffusion du documentaire « Groupe Mario la résistance oubliée », réalisé par le journaliste Dominique Hennequin, s’est tenue ce mardi 21 novembre au Cinéma Klub de Metz. Ce film revient sur l’histoire d’un groupe de résistants mosellans qui s’est opposé à l’envahissement des nazis à partir de 1940.

Il sonne 19 h ce 21 novembre, et il n’y a presque plus de place assise dans la salle numéro 1 du Cinéma de Metz. Descendants de résistants, membres du mouvement communiste, représentants du département de la Moselle, proches, et étudiants se sont déplacés pour découvrir le contenu du nouveau ‘’film 100 % mosellan » intitulé Groupe Mario la résistance oubliée. Un documentaire réalisé par Dominique Hennequin, auteur, réalisateur, producteur et fondateur de Nomades TV à Metz.

Les premières images de ce film de 52 minutes plongent le spectateur dans une Moselle contemporaine où historiens et descendants de résistants tentent de pérenniser la mémoire de leurs ancêtres à travers la collecte d’archives.

Le film parle du « Groupe Mario », mouvement résistant qui a œuvré en Moselle durant la Seconde Guerre mondiale. Il était mené par Jean Burger, instituteur et militant communiste. Ce documentaire évoque à travers cette histoire, la place singulière de la Moselle dans ce conflit. Envahie dès 1940, elle a subi une volonté de l’Allemagne nazi de germaniser le département plus que de l’annexer.

Ils étaient des hommes du peuple, des personnes ‘’lambdas » – cheminots, sidérurgistes, travailleurs de mines – et par amour pour la France, ils se sont sacrifiés. Tantôt un déraillement de train, tantôt la facilitation de la fuite des prisonniers de guerre français. Parfois la mise à feu des réserves de l’envahisseur… Autant d’actes de non soumission qui ont valu pour Jean Burger et ses compagnons, l’enfer des camps spéciaux de prisonniers sous le joug de la Gestapo.

Capturés par la Gestapo, 276 des 800 membres supposés du groupe Mario ont été emprisonnés et torturés dans un autre lieu historique de la ville de Metz : le fort de Queuleu. Maintenus dans le noir absolu pendant plusieurs mois, privé de toute hygiène, coltinés les uns aux autres dans des cellules surpeuplées, torturés… Certains prisonniers en sont devenus fous et se sont fait exécuter. Les plus chanceux ont survécu et témoignent entre deux larmes. « J’étais reçue à bras ouvert hein, un coup de chaise, un coup de bâton, un coup de tripes, un coup-de-poing… Il a fallu que je compte les dents que j’ai crachées. Ils m’ont collé sur la table, m’ont mis une serviette et l’éponge sur la bouche. Ils ont mal calculé leur coup, ma gorge était sur l’arête de la table. Et ils me demandaient : tu connais Mario ? Pour toute réponse, je disais oun oun (non). Alors les coups pleuvaient… Je ne sais pas comment je suis sorti de ce bureau ».

Le cauchemar a duré jusqu’en 1945, année où les Américains ont découvert l’atrocité des camps de concentration et libéré les captifs. Le groupe Mario ne sera reconnu comme groupe résistant qu’en 1985 soit 40 ans après les faits. Un retard de reconnaissance qui continue d’offusquer les ayant droit de ces résistants. La projection a donné suite à des échanges nourris. « Il y avait eu aussi des bébés résistants » a précisé un spectateur avant d’ajouter, « ma tante m’a raconté qu’elle n’avait que 6 mois à l’époque, mais que son berceau servait à dissimuler et à distribuer des tracts. Mon grand-père, par contre, a connu la totale… Il en est revenu, mais il est mort en 1960, je ne l’ai pas connu. » Un témoignage qui conforte le réalisateur quand il dit « je réalise que les gens ont besoin de connaître leur histoire. »

Pour léguer cet héritage historique aux plus jeunes, Dominique Hennequin pense à une diffusion auprès des collégiens avec l’aide du département. Le documentaire Groupe Mario : la résistance oubliée est en diffusion toute la semaine au Klub et débarquera sur les écrans de Moselle TV le 17 décembre à 17 h.