Dimanche 28 octobre, Perturbator poursuivait sa tournée à l’Autre Canal de Nancy. La salle était noyée dans la lumière et les remous synth, mi-dansants mi-plombants, du projet entre deux mondes.

Un clair-obscur bien maîtrisé. Perturbator, le projet de synthwave instigué par James Kent, ancien guitariste de black metal, fait cohabiter refrains rétro dansants et distorsions électroniques dans la salle de l’Autre Canal à Nancy. Des touches lumineuses sur des beats lancinants, qui façonnent un univers entre science-fiction et dystopie.

Au milieu des sons et lumières, sous un pentacle brillant, on est presque perdu au premier abord. Les changements d’ambiances, de sons et de rythmes, croisent une palette de discours. De la darksynth à l’ambiant de God Complex, en passant par les vagues plus sombres et oppressantes de Human Are Such Easy Prey, la diversité est assez fascinante sans perdre en cohérence. On a de la petite (et très bonne) musique qui rappelle le 8-bit entraînant typique des jeux rétros, assez visible dans des morceaux comme Perturbator’s Theme ou She Moves Like a Knife. Des passages accompagnés d’une grande profondeur d’ambiance – jamais très positive, d’ailleurs.

C’est dans ce mélange de genres que l’on trouve la force du projet, qui en fait son éclectisme. Le public vient de tous bords et pour diverses raisons. Il n’est pas étonnant de croiser quelques tee-shirts de metal extrême. Pour cause : un fond de pessimisme franc qui se révèle entre des basses denses et des demi-tons très négatifs. Le subtil mélange cybernétique laisse la place aux fantasmes futuristes, comme une dystopie moderne, constante mais pas totalitaire.

Jeu de sons et de lumières

Pour l’immersion, ce roller-coaster est porté par un dispositif impressionnant de lumières. Des spots de toutes les couleurs, parfois aveuglants, parfois fantomatiques, qui font absolument oublier l’immobilité scénique propre au genre.

Pour Manon (prénom modifié), une fan venue d’Île-de-France, cet aspect technique des lumières est primordial : « Avant, on avait des techniciens qui étaient propres aux salles et qui faisaient tout. Maintenant, avec des groupes comme Perturbator qui ramènent leurs propres lighteux, on a des trucs beaucoup plus spécifiques. » Pour elle, c’est d’ailleurs la lumière qui fait la force du jeu de scène. Elle accompagne les musiciens, (presque) statiques devant le synthétiseur et la batterie, compensant ainsi le manque de mouvement. Et devant la fresque dansante de faisceaux bariolés et multiformes, on se dit que le jeu est réussi.

[/center) »]