À la rentrée, les étudiants de la licence professionnelle en webjournalisme ont choisi leur parrain. David Dufresne a été largement plébiscité. Son parcours et ses réalisations sont en parfaite adéquation avec la formation.

David Dufresne débute sa carrière de journaliste dans les fanzines : Tant qu’il y aura du rock ou Combo! avant d’intégrer ce qu’il appelle « le journalisme traditionnel ». Reporter pendant 10 ans à Libération, puis rédacteur en chef de i>Télé, il s’impose comme pionnier du webjournalisme et crée l’un des tout premiers webzines, La Rafale (1995). En 2008, il fait partie de l’équipe initiale de Mediapart pour mettre à profit son expérience journalistique dans le secteur de la justice notamment.

En tant que journaliste indépendant, il écrit et réalise le documentaire Quand la France s’embrase (diffusé sur France 2 en novembre 2007) au sujet du maintien de l’ordre en France, s’appuyant sur les exemples des émeutes de 2005 et de la crise du CPE.

En 2010, il crée avec Philippe Brault, Prison Valley, webdocumentaire immersif dans la « ville-prison » de Cañon City. Multi récompensé, celui-ci s’est imposé comme une référence du genre. L’attention portée à la photographie, une navigation soignée et une interactivité poussée à son paroxysme participent à la plongée du spectateur dans cet univers à part.

Son dernier ouvrage, Tarnac, magasin général, évoque l’affaire du sabotage de lignes TGV dont le ministère de l’Intérieur et le juge rendent grossièrement responsable un groupe militant alternatif d’un petit village de Corrèze. Présentée sous formenon conventionnelle, l’enquête de David Dufresne revient sur les ressorts politiques et la médiatisation de l’affaire. Page 35, la clé de lecture du projet journalistique est exposée : « je lui avais parlé du Gonzo journalism, où l’implication du narrateur bazarde les convenances, où la vérité est débusquée au fin fond du je, du moi, du nous, où l’objectivité est laissée aux pisse-froid et aux pisse-copie… ». Un tel parti-pris éditorial possède des vertus salvatrices pour sortir des voies conventionnelles pour présenter les résultats de ce qui reste une solide investigation de terrain. Ce livre est une somme, qu’on ne lâche pas, car on a envie de savoir la suite, de retrouver les personnages. La façon d’organiser la restitution d’enquête, chapitrée par témoins, d’y agencer les documents au fil du récit et non en annexes, la plume, le style et le regard critiques, font que ce livre ne laisse pas indifférent, soit qu’on aime soit qu’il agace. Pour le sérieux de l’enquête, l’esprit d’impertinence et d’inventivité qui anime ce projet (avec un très intéressant prolongement sur l’Internet) son travail lui a valu le Prix des Assises du Journalisme et de l’information, catégorie « Journalisme », en octobre 2012.

Pour David Dufresne, Internet est une « société de contribution, et d’échange de savoirs gratuit ». Il justifie son attachement au web par cette phrase symbolique : « Quand j’étais petit, j’ai passé ma vie à déménager. Bizarrement, c’est vraiment le net, ma maison. »

À visiter : son site officiel.