Le journaliste sera en résidence à l’Université de Lorraine à Metz à partir de janvier et ce, pendant plusieurs mois. Sa mission : mener une enquête sur l’hydrogène blanc découvert en Moselle. L’occasion de former et de conseiller les futurs journalistes.

C’est avec humour que Benjamin Mathieu commence son discours. “Maintenant que Nancy est en national, je reviens voir la Ligue 1 à Metz”, s’amuse le Nancéien d’origine. Invité au Cloître des Récollets à Metz afin de lancer la résidence d’artistes en partenariat avec l’Université de Lorraine entre janvier et avril 2024, Benjamin Mathieu va mener une enquête sur le champ d’hydrogène blanc découvert par des chercheurs lorrains en Moselle. Son travail d’investigation permettra d’évaluer l’impact sur les populations locales, la biodiversité et l’environnement. « L’hydrogène est une potentielle ressource qui pourrait remplacer le pétrole », estime-t-il.

En quête de sens

Revenir sur la terre de son enfance est logique pour le journaliste. « Toute ma famille habite en Lorraine et ça a un vrai sens pour moi de revenir ici. Je voulais continuer à garder le lien avec mon ancien territoire même si je suis à Paris depuis 15 ans. » Le Nancéien a pris un congé sans solde de Radio France il y a un an afin de « s’engager beaucoup plus sur les questions environnementales », qui lui « manquaient dans son travail à France Info ». L’information en continu était devenue pour lui « fatigante » et trop « rapide ». « J’étais en quête de sens vis-à-vis de mon métier. J’avais besoin de prendre le temps de réfléchir à des sujets qui sont pour moi essentiels ».  

Pendant trois ans, il a suivi la gauche française avant les élections présidentielles notamment. Et a « campé » devant les salles où se tenaient les négociations de la NUPES, comme il le dit lui-même. Auparavant, il avait travaillé pour le Républicain Lorrain, France Bleu Lorraine à Metz puis attaché de production à France Info avant de signer son premier CDI chez Radio France après « dix ans de galères et de pauvreté ».

Retourner vers l’information en continu est encore une inconnue pour Benjamin Mathieu. « Je suis sorti du salariat, c’est financièrement très compliqué mais intellectuellement c’est très stimulant donc pour l’instant je ne regrette pas du tout ce choix. » Il a créé son média alternatif “Le Moment” qu’il définit comme « collaboratif et citoyen ». En parallèle, le journaliste écrit un livre sur la fabrication de l’information. « On perçoit une profession qui est en pleine recherche de sens et qui se demande comment faire face à l’accélération de la production de l’information. Comment est-ce qu’elle peut produire des contenus de qualité aussi rapidement ? »

« Créer un lien fort avec les étudiants »

Menée en partenariat avec le Crem, le laboratoire de recherche de l’université de Lorraine, la résidence de Benjamin Mathieu a pour but d’initier les étudiants à l’enquête journalistique, le plus possible sur le terrain et auprès des habitants. « Le journalisme ne fonctionne pas sans le côté humain et les discussions avec les gens », annonce le journaliste, pédagogue. « J’aime enseigner ma pratique du journalisme et je veux placer les étudiants directement dans leur futur métier ».

Le sujet de l’hydrogène blanc est vaste et le journaliste compte mettre à contribution toutes les futurs journalistes. Le rendu final se fera sur les réseaux sociaux afin de « se mettre au niveau des étudiants qui s’informent surtout dessus ». Mais aussi au travers de podcast, le format favori de Benjamin Mathieu. Des articles sur le site de Reporterre et dans le mook local Court Circuit seront aussi disponibles. L’objectif est d’abord de « créer un lien fort à long terme avec les étudiants ».

Myrthille Dussert