Du 9 au 12 novembre 2023, le salon du made in France (MIF Expo) a fait son retour au Parc des Expositions de la Porte de Versailles pour sa 11ème édition. Cet événement, le plus grand dédié à la fabrication française, offre une vitrine exceptionnelle à plus de 1 000 exposants. Cette année était toutefois marquée par l’inflation, qui a mis en difficulté les entreprises françaises et a eu des conséquences sur le panier des visiteurs du salon.

En ce samedi 11 novembre, il est à peine neuf heures et pourtant, on se presse déjà porte de Versailles. Le salon n’est pas encore ouvert, les escalators horizontaux ne fonctionnent plus, mais qu’importe. Tout le monde semble déterminé à trouver son bonheur parmi les nombreux exposants.

C’est le grand rendez-vous des amateurs et des professionnels du made in France. Le MIF Expo consacre, cette année encore, un secteur en plein développement. « Je suis là depuis 2012 et la première édition. Le nombre d’exposants a bondi en quelques années. A l’époque, on était seulement 70 », raconte Dominique Malfait, PDG de l’entreprise alsacienne de chaussettes Labonal. Le nombre de visiteurs a lui aussi augmenté d’après les organisateurs du salon : cette année, ce ne sont pas moins de 100 000 curieux qui se sont frayés un chemin dans les allées bondées (contre 80 000 il y a cinq ans).

« Et pourtant, on a moins vendu que l’année dernière », déplore-t-il. La baisse du panier moyen des acheteurs est un constat que beaucoup d’exposants partagent. L’entreprise de cuisine Morel s’en est également rendu compte. « Les clients sont de plus en plus frileux à acheter », nous explique une vendeuse. Le grand coupable ? L’inflation, qui pour 67 % des consommateurs a eu des conséquences sur leurs achats de produits made in France, selon une étude d’OpinionWay pour CCI France en octobre 2023.

L’entreprise De Clermont, spécialisée dans les semelles en cuir, subit elle aussi l’inflation

Une hausse des coûts de production

L’inflation pèse énormément sur les entreprises spécialisées dans le made in France. La fabrication française coûte chère, alors quand les prix de l’électricité montent en flèche avec la guerre en Ukraine et la reprise de l’activité après-Covid, cela se ressent davantage. « Avant l’inflation, je payais 100 000 euros d’électricité par an. Aujourd’hui, ma facture a plus que quadruplé », calcule Dominique Malfait. « C’est la même chose pour les matières premières : les coûts ont augmenté de 5 à 10% ».

Il n’y pas que les coûts de fabrication qui ont grimpé. Les salaires, notamment le SMIC, doivent aussi suivre l’inflation. L’entreprise De Clermont, qui vend des semelles en cuir, a augmenté la rémunération de ses ouvrières. « Les salaires ont suivi la hausse du SMIC. Ce n’était pas une obligation pour nous, mais c’était important de le faire au niveau des ressources humaines », déclare Claire Muzart, responsable de l’entreprise.

Daan Tech, fabricant de petit électroménager, se développe malgré tout

Réussir à s’en sortir

L’inflation pousse les entreprises à devoir prendre des décisions. Certaines, comme Labonal, choisissent de répercuter une partie de la hausse des coûts sur le prix de vente. D’autres, comme De Clermont, préfèrent ne pas augmenter les tarifs et développer leur réseau, ainsi que l’export, pour vendre davantage.

Ne pas s’effondrer à cause de l’inflation, c’est un cap à tenir pour nombre d’entreprises. Daan Tech, jeune entreprise fondée en 2016, y parvient pour l’instant. « L’entreprise se développe bien. Nous avons ouvert des marchés en Europe et au Japon, et nous sommes même en train de lancer notre deuxième produit », annonce fièrement Leïla Amanzougaghene, responsable du graphisme. Ce n’est pas le cas de toutes cependant. « C’est une catastrophe. Je ne sais pas si nous pourrons remonter la pente », confie la vendeuse des cuisines Morel.

Claire Thery