À Bahreïn, les opposants au régime profitent de l’exposition médiatique due au Grand Prix de Formule 1 pour manifester.

Drôle d’ambiance, pour ce troisième Grand Prix de la saison de Formule 1. À Sakhir, l’heure n’est pas à la fête, malgré le dixième anniversaire du premier Grand Prix du Bahreïn, apparu au calendrier de la discipline en 2004.
Le pays a été concerné par le « Printemps arabe », les protestations contre la dynastie sunnite des Al-Khalifa y ont débuté le 14 février 2011. Cette année-là, l’agitation sur place avait conduit la Fédération internationale de l’automobile à annuler la course prévue le 13 mars. Un an plus tard, Sakhir retrouvait son Grand Prix dans des conditions particulières : des tribunes vides, un dispositif de sécurité renforcé, mais surtout une importante répression autour du circuit, où un homme de 37 ans avait perdu la vie. L’an passé, deux femmes de 31 et 38 ans avaient été interpellées pour avoir tenté de pénétrer sur les lieux du tracé.

« Grand Prix taché de sang »

Dans ce pays du golfe Persique, les protestations ont repris depuis quelques jours. Le principal groupe d’opposition chitte, nommé Al-Wefaq, a appelé à manifester pacifiquement, alors que le groupe du « Collectif du 14 février » doit défiler à Manama, la capitale du royaume. Tark al-Hassan, chef de la sûreté nationale, a assuré qu’un « plan minutieusement élaboré serait mis en œuvre » pour assurer le succès d’un événement qualifié de « Grand Prix taché de sang » par les manifestants.
Dans un communiqué publié mardi, Amnesty International a exhorté les autorités du pays à « s’abstenir de réprimer les actions de protestations pacifiques ayant lieu » à l’occasion de la course. « Trois ans après le soulèvement de 2011, les changements introduits à Bahreïn sont purement cosmétiques et les promesses de réforme se sont avérées creuses, a expliqué Saïd Boumedouha, directeur adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Utiliser le Grand Prix pour améliorer l’image publique de Bahreïn n’est guère plus qu’une tentative éhontée de cacher la multiplication des violations derrière le battage médiatique accompagnant un événement sportif international. » Récemment encore, trois policiers ont trouvé la mort dans un village chiite.