Samedi 17 décembre environ 500 personnes se sont rassemblées sur la place Stanislas à Nancy pour adresser un message de soutien au peuple d’Alep.

Cette semaine à Alep, en Syrie, alors que les forces loyalistes arrachaient les derniers quartiers de la ville aux rebelles, la situation humanitaire s’est considérablement aggravée. C’est pour dénoncer le sort de ces civils piégés entre deux feux que de nombreux rassemblements ont eu lieu à Lyon, Lille, Strasbourg et Paris ainsi qu’en Allemagne. Le froid et l’approche des fêtes de fin d’année n’ont pas arrêté les Nancéiens qui étaient appelés eux aussi à se rassembler sur la place Stanislas pour adresser un message de solidarité aux habitants d’Alep.

photo : Elie Guckert
photo : Elie Guckert

Après une minute de silence au pied de la statue de Stanislas, un homme donne les dernières nouvelles de son pays . Elles ne sont pas bonnes, le processus d’évacuation traîne des pieds. Victor, étudiant et membre d’une association d’aide aux Syriens depuis trois ans fait la traduction en français. « On espère que ce mouvement fera écho dans d’autres villes et fera entendre les choses à nos politiques ».

Le jeune homme prend son rôle de représentant à cœur et se précipite devant la caméra de France 3 « Si on s’est battu pour notre liberté, on peut se battre aussi pour celle des autres » lâche-t-il. C’est lui qui a organisé l’événement avec Miriam, Paloma et Hana. Pour Paloma « il faut continuer à faire pression sur les politiques. Ainsi peut être qu’ils tenteront quelque chose, ce qui n’a pas été fait jusqu’à maintenant. » Hana, âgée d’à peine 15 ans semble, elle, un peu dépassée. « Quand on a lancé l’événement Facebook on était 20 participants et 40 intéressés, je n’ai pas vraiment réalisé » dit-elle, timide. Elle avait pourtant pris la parole plus tôt devant la foule pour dénoncer les exactions des armées russes et syriennes.

Poutine, casse-toi, la Syrie n’est pas à toi !

Il y a effectivement bien plus de 20 personnes présentes ce soir. Il suffit de tendre l’oreille pour s’en rendre compte. Pendant plus d’une heure, une trentaine de personnes entourées de centaines d’autres scanderont des chants en agitant un gigantesque drapeau syrien. Bachar Al-Assad et Vladimir Poutine sont qualifiés d’assassins, l’Iran, le Hezbollah, Daech et l’Arabie Saoudite, en prennent aussi pour leur grade, aussi bien en français qu’en arabe. Hélène, 59 ans, membre de Syria Charity écoute en silence, une bougie à la main. « Je suis venue apporter quelque chose de symbolique, un peu de lumière » explique-t-elle. « C’est de l’énergie positive, cela montre que nous sommes tous concernés. »

Hazem, réfugié Syrien - Photo : Elie Guckert
Hazem, réfugié Syrien – Photo : Elie Guckert

« Les occidentaux essayent de se dire qu’ils ont fait quelque chose pour Alep » pense Hazem, la trentaine. Il était informaticien à Damas et était devenu journaliste citoyen au moment de la révolution avant de partir il y a trois ans. « Mais les citoyens ne peuvent rien faire, ils sont bloqués par Fillon, Trump, Poutine… » tempère-t-il. « Nous on pleure pour notre avenir qui est perdu. Ce qui est triste c’est qu’on a essayé, et qu’on n’a rien reçu à part des mots de la part d’Erdogan, Obama ou de la France. »

Il ne se fait pas d’illusion sur l’avenir de son pays. « On peut dire que la guerre en Syrie est terminée, et que Poutine l’a gagnée. Mais maintenant la guerre civile et la radicalisation vont vraiment commencer. Les syriens n’ont plus aucun espoir. Avant, avec la révolution, il y avait une possibilité de changement politique. La révolution a été pacifique pendant huit mois et ce malgré la violence sanglante d’Assad. Maintenant il n’y a plus rien. »

Il n’exclut pas de retourner un jour dans son pays, à condition qu’il soit redevenu un peu plus calme. En attendant les associations continuent de se mobiliser pour que d’autres rassemblements aient lieu. La bataille d’Alep est finie, mais la société civile veut encore avoir son mot à dire sur la suite d’une guerre qui est, elle, loin d’être terminée.