Près d’un mois après les attentats de Paris le 13 novembre, et l’attentat de Tunis le 24 novembre, l’état d’urgence est toujours en vigueur. Si elles n’affectent pas vraiment notre routine, les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sont conséquentes. La France et la Tunisie ont pourtant décidé de les prolonger malgré les bavures policières dénoncées et les manifestations anti état d’urgence. 

L’avenue Bourguiba, artère de Tunis, reste animée malgré l’état d’urgence décrété après l’attentat du 24 novembre qui a fait 13 morts. Mais aucune voiture n’y circule du vendredi soir au lundi matin et les sacs sont fouillés aléatoirement tout au long du week-end. Après 20 heures, l’ambiance tunisoise est chargée, les policiers font des rondes, traquant les moindres faits et gestes des personnes à l’air « suspect ». En France les gares et les aéroports sont surveillées après les attentats du 13 novembre à Paris.  Avec 1.500 militaires  et 230 gendarmes supplémentaires, la police veille également sur les villes de l’Hexagone.

De plus en plus de bavures 

Perquisitions au milieu de la nuit, arrestations sommaires, gardes à vues de plusieurs jours, assignations à résidences, des exactions policières qui mènent à certaines bavures.

Les victimes de ces « erreurs » sont souvent traumatisées comme le rapportait le monde le 23 novembre dernier : « Une petite fille de 6 ans a été blessée au cou  lors d’une perquisition jeudi. A 4 h 30 du matin, les policiers d’élite du RAID enfoncent la porte de l’appartement familial, plaquent le père au sol. […]Et le tout pour rien : la police s’est trompée de porte, elle visait en fait le voisin. Hospitalisée, la petite fille n’a rien de grave et la police a reconnu une « erreur rare ». » 

Pas si rare que ça, d’ailleurs il suffit de parcourir le site « quadrature du net » qui recense les bavures policières liées à l’état d’urgence depuis le 14 novembre dernier pour le constater.

 

Capture d'écran du site Quadrature du net
Capture d’écran du site Quadrature du net

En Tunisie plusieurs abus ont été recensées. Les forces de l’ordre ont arrêté plus de 17.000 personnes rien qu’au mois de novembre selon le ministère de l’Intérieur tunisien. Des arrestations qui n’ont souvent rien à voir avec le terrorisme. Pour ce qui est des « erreurs » policières, le témoignage du jeune Slim est représentatif de ce qui peut se passer en Tunisie mais également en France : « Subitement, je me retrouve encerclé par 5  agents. On me tord les bras, on me tire par mes vêtements. Ils essaient de me mettre à terre mais je résiste. Je reçois un coup de poing. Mes lunettes tombent, je saigne et je ne vois plus rien » a-t-il confié au site tunisien Webdo. Le jeune homme se rendait au cinéma.

La réaction des citoyens

Selon Maher Chaabane, journaliste à Tunis, « les citoyens tunisiens sont pour l’état d’urgence et le couvre-feu ». Les mesures les « rassurent » et ils se sentent en « sécurité ». Le ministère de l’Intérieur s’est excusé des bavures mais a déclaré que c’était « nécessaire ».

Vue de France, plusieurs manifestations ont eu lieu contre l’état d’urgence. Malgré les interdictions, d’autres rassemblements se sont déroulés pour la Cop21 au cours des mois de novembre et décembre. Plusieurs incidents se sont produits entre les manifestants et les forces de l’ordre.

A Metz, plusieurs personnes se sont rassemblé jeudi 10 décembre  au centre ville pour une manifestation contre l’état d’urgence afin de « dénoncer les manipulations gouvernementales et médiatiques qui tendent à faire passer pour des délinquants les personnes s’étant mobilisées pour garantir le libre exercice des droits démocratiques » selon un communiqué réunissant entre autres la CNT ou la Ligue des Droits de l’Homme.

En France, l’état d’urgence est prolongé jusqu’à fin février. En Tunisie il durera jusqu’au 30 décembre.

Historique de l’état d’urgence dans les deux pays :