Les CRS sont intervenus pour limiter les débordements. © UTZ Antonin

Vendredi soir, le FC Metz, 17ème au classement, recevait l’OL, 11ème, dans le cadre de la 23ème journée de Ligue 1. La rencontre avait un avant-goût de dernière chance. Après cette 9ème défaite de rang sur les 10 derniers matchs, la rupture avec le public semble définitive. Preuve en est, au coup de sifflet final, ces images chaotiques de supporters par centaines, prêt à en découdre avec la direction. La rédaction de Webullition était sur place.

Drôle de contraste entre les images de ce vendredi, et celle du 2 juin dernier. 8 mois séparent les deux scènes, celle de supporters envahissant la pelouse. À une différence près, néanmoins. L’euphorie de la montée en Ligue 1 est remplacée par la réalité, la même depuis 15 ans. Le FC Metz semble incapable de se maintenir dans l’élite du football, en partie dû à une direction loin d’être à la hauteur des exigences attendues. Le club messin est destiné, une fois encore, à faire l’ascenseur entre les deux divisions. Cette fois, néanmoins, semble être celle de trop. La rupture entre le public et la direction Serin est définitivement brisé.

Avant le fiasco, les illusions

Guichet fermé, le troisième de la saison. 27560 places vendues. Un match déterminant, qui influencera la suite de la saison. D’apparence, ce Metz-OL, première rencontre de la 23ème journée de Ligue 1, avait tout pour nous offrir une ambiance des grands soirs. Pourtant, le silence annoncé des deux groupes de supporters – Gruppa Nord et Horda Frenetik – était signe évocateur d’une soirée qui ne serait pas comme les autres. Le premier ¼ d’heure s’est déroulé dans un silence de cathédrale, symbolique décidée pour protester contre « 15 années d’incompétences », comme l’indiquent les banderoles en tribune Ouest. Bernard Serin en ligne de mire, les joueurs-eux non plus, n’échappent pas à la fureur du public. Signe, déjà, d’une fracture entre le club et les fans.

Pourtant, la première mi-temps est à l’avantage des Messins. Pressing haut, agressivité et dépassement de soi. Autant de qualités retrouvées, leur permettant d’ailleurs d’ouvrir le score dès la 13ème minute, grâce au premier but de Georges Mikautadze depuis son retour en Lorraine. Forts de cette ouverture du score, les Grenats n’abdiquent pas, et aborderont un visage exemplaire, jusqu’à l’égalisation d’Alexandre Lacazette, quelques secondes avant de rentrer aux vestiaires. Le début d’une soirée gâchée, qui tournera au fiasco.

Invasion de pelouse et intervention de CRS

« Nous n’avons tout simplement pas le niveau ». Les mots d’Alexandre d’Oukidja, en après-match, sont brutaux. Néanmoins, ils reflètent la réalité du terrain. Son coach Lazlo Boloni, non sans un léger manque d’honnêteté, a tenu à féliciter ses joueurs en conférence de presse, soulignant qu’ils ne pouvaient guère faire mieux, et ont donné leur maximum. Néanmoins, le maximum ne suffit pas. La seconde mi-temps est brouillonne, si ce n’est dire décevante. Les locaux n’existeront pas, et encaisseront un second but à l’heure de jeu, inscrit par Said Benrahma, 1-2. Le score en restera là. La soirée, elle, se poursuivra jusqu’à tard dans la nuit. Le coup de sifflet donné, le stade se vide, presque intégralement. Presque, puisque les ultras, eux, ne décampent pas. Ils demanderont dans un premier temps à Bernard Serin en personne de venir s’expliquer. À Pierre Dréossi, directeur sportif, ensuite. Les appels resteront sans réponse, alors les supporters décideront d’aller à leur rencontre. S’en suivra un envahissement de terrain de plusieurs centaines d’individus, et l’intervention d’autant de CRS pour les empêcher de rentrer à l’intérieur des couloirs. La scène se poursuivra tard dans la nuit, sans incident corporel dénoncé. Les demandes à la démission résonnent jusqu’aux entrailles du stade, ou une autre scène chaotique se déroulait. Après une question d’un journaliste de Canal + portant sur son avenir, Lazlo Boloni perd ses nerfs, et menace de « gifler » son interlocuteur.

 Loin d’être anecdotique, ces divers débordements, mis bout-à-bout, reflètent la réalité actuelle du club. Désolidarisé, sans nul ligne directrice, voué à l’échec. Les Grenats, actuel 17ème de Ligue 1, ont glané un seul point sur les 30 derniers possibles. Comme si cela ne suffisait pas, de possibles sanctions disciplinaires pourraient obliger les Messins à jouer sans une partie de leur public lors des prochaines réceptions. Il faudrait un miracle pour voir les Lorrains se maintenir dans l’élite. Dans le cas inverse, il semble désormais impossible pour Bernard Serin et les siens de poursuivre à la tête du club.