Le fort taux d’abstention du premier tour des élections régionales de dimanche dernier était plus ou moins attendu, mais le chiffre a néanmoins de quoi inquiéter : 53,6 % des électeurs ne se sont pas déplacés jusqu’à leur bureau de vote, contre 39,2 % lors des dernières régionales de 2004.

 

Comment expliquer ce chiffre inquiétant ? Désintérêt ? Sanction contre le gouvernement ? Avant tout, il faut bien reconnaître que la campagne n’avait pas de quoi électriser les foules. Des meetings poussifs, des candidats trop discrets, des militants peu présents sur le terrain… On ne peut pas vraiment parler d’engouement. Le manque d’information est également à mettre en cause : qui, parmi les électeurs, serait véritablement capable de résumer l’action de son conseil régional de ces six dernières années ? L’impression qui persiste est celle de l’inutilité du conseil régional, d’autant que le désamour des Français pour les élections locales se fait de plus en plus marqué.

Mais ce taux record d’abstention a encore d’autres répercussions que celle de faire parler les analystes et les instituts de sondage. Le score étonnamment élevé du Front National lors de ces élections régionales est inquiétant, et il faut bien reconnaître que l’une des raisons de ce succès est sans doute l’abstention. Car comme le dit le proverbe : « qui ne dit mot consent »… Le système démocratique a cependant ceci d’utile qu’il permet à tout un chacun de s’exprimer à travers un bulletin de vote. Renoncer à ce droit (ou plutôt à ce devoir citoyen !) équivaut à légitimer une passivité qui n’a rien de glorieux. Un récent sondage prédit un taux national d’abstention de 55 % pour le deuxième tour des régionales ce dimanche, soit encore plus qu’au premier tour. Mais plutôt que de chercher un ou des responsables à cet échec annoncé de la démocratie, le mieux serait de faire mentir ces prévisions par une mobilisation citoyenne massive. Dans la plupart des régions, il n’y a désormais plus que trois listes à concourir : l’alliance de gauche PS-EE, l’UMP et le FN. Le choix devrait donc être moins cornélien, raison de plus pour se rendre dans son bureau de vote dimanche. Et pour finir, cette pensée que nos hommes politiques devraient méditer : « La politique c’est comme le flirt, si tu veux aller plus loin, faut aller plus près ! » (Coluche).

A voir : http://regardailleurs.fr/wordpress/2010/03/pourquoi-je-nai-pas-vote/

Lydie Bousch