Aux Assises de Tours, une conférence parlait des journalistes racisés, sous-représentés dans les médias, mercredi 27 mars. Une problématique majeure dans la société. Pour lutter contre ces discriminations, l’Association des journalistes antiracistes et racisé.e.s (AJAR) se mobilise.

« Il y en a pas mal qui ont des parcours cassés, c’est compliqué parfois ». Samba Doucouré, membre de l’association des journalistes antiracistes et racisé.s (AJAR). Sexisme, anti-LGBT+, islamophobie, l’AJAR lutte contre ces discriminations auxquelles font face les journalistes. « Il est difficile d’intégrer le journalisme en tant que jeunes de quartiers prioritaires », abonde Gnamé Diarra, bénévole de l’association et alternante à Society. Elle-même a connu des difficultés dans le cadre de son travail. « Je ne peux pas porter le voile sur la carte de presse alors que cela fait partie de mon identité », regrette la jeune femme originaire de Mauritanie.  

Pour des formations plus hétérogènes

Près de 300 membres font partie de l’association créée en mars 2023. Ils se mobilisent dans les établissements scolaires, les écoles de journalisme et les médias volontaires. L’objectif ? Proposer des ateliers de sensibilisation.

A l’instar de la formation « Devenir reporter sportif sur les réseaux sociaux » présentée par l’école des métiers de l’information (EMI) de Paris mercredi 27 mars, dans le cadre des Assises du journalisme de Tours. Créée il y a tout juste un an, elle a recueilli 40 candidatures cette année (deuxième promo). A qui est-elle destinée ? Seulement aux personnes venant d’un milieu social défavorisé. Un enseignement qui mixe cours, encadrement professionnel et stage. Samba Doucouré fait aussi partie de l’équipe pédagogique. « Les rédactions qui prennent nos étudiants en stage sont ouverts parce qu’ils recherchent l’hétérogénéité », dit-il d’un air convaincu. A l’issue des trois mois passés dans l’établissement, certains étudiants passent les concours d’écoles de journalisme.

S’éduquer pour mieux contrer

L’EMI a conçu l’enseignement pour répondre à une problématique de sous-représentation des personnes dites « non-blanches » au sein des organes de presse. Il s’agit des personnes qui font partie des minorités (juifs, tsiganes, personnes atteintes de handicap, etc.). Selon un baromètre de l’Arcom de 2022, seulement 15% des personnes issues de la diversité sont représentées dans les médias audiovisuel en France.

Mais le travail de l’association ne se suffit pas à lui-même. « Je pense qu’en parler c’est déjà important, s’auto-éduquer, essayer de ne pas avoir de stéréotypes : tout passe par la formation et l’éducation », détaille Gnamé Diarra, la jeune femme de 24 ans. Les membres de l’AJAR sont conscients des défis que relèvent une problématique aussi importante. Mais Emeline Odi, bénévole et journaliste au Bondy Blog, reste optimiste. « Pour faire sa place dans le journalisme, on peut aussi passer par la fenêtre », affirme-t-elle le sourire aux lèvres. 

Elsa MARAUD & Julie MALLICA