Nicolas pose avec son VTT dans une vallée lorraine

Bien plus qu’une passion pour Nicolas Cunche, 19 ans,  le VTT est un style de vie. Cet étudiant sportif s’est fait une belle frayeur plus tôt dans l’année, quand son cœur lui a dit stop.

Les bras croisés, un léger sourire de façade sur le visage et des trémolos dans la voix… Il n’est pas facile pour Nicolas d’évoquer ce qui lui est arrivé en mai. Le jeune homme a débuté le VTT à 14 ans, il n’a jamais lâché le guidon depuis. Aujourd’hui, il évolue dans le monde du cyclisme de compétition tout en continuant ses études en deuxième année de DUT Sciences et Génie des Matériaux à Forbach. En avril dernier, son monde s’est écroulé laissant place à l’incompréhension. Quelques douleurs font leur apparition, mais rien d’alarmant pour le jeune homme qui continue ses activités sans broncher : « J’avais quelques douleurs à la poitrine mais à l’entraînement, les sensations étaient bonnes. Je ne m’inquiétais pas plus que ça ». Après quelques jours de questionnement, son père le pousse à prendre un rendez-vous chez le médecin, suivi d’une prise de sang : « On me dit que ce n’est rien de cardiaque, que ça doit être musculaire ».

« Je n’avais pas conscience de la gravité de la situation »

Le soir même, le cycliste reçoit un appel de son docteur, dont le discours est alarmant : « Il me demande d’aller aux urgences le plus vite possible ». Voyant sa mère s’inquiéter de plus en plus, Nicolas prend le volant : « Au moment d’arriver sur l’autoroute, je commence à cogiter ». Deux fois de suite, le jeune homme se retrouve au bord du malaise. Il s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence et laisse sa mère prendre le volant : « A l’hôpital, on m’a demandé pourquoi je ne suis pas venu en ambulance, je n’avais pas conscience de la gravité de la situation ».

Après plusieurs électrocardiogrammes et échographies, le diagnostic s’affine. « La paroi du cœur est enflammée, il s’agit sûrement d’une myocardite », explique un docteur. Myocardite, Nicolas ne connaissait pas cette maladie. Il s’agit de l’inflammation du myocarde, le muscle cardiaque assurant la circulation sanguine en se contractant. Nicolas passe la nuit dans le service de cardiologie intensive, avec les cas les plus graves…

« 6 mois sans sport, ça m’a calmé… »

Le nuit étant passée, le pronostic vital n’est plus engagé. Mais Nicolas savait qu’il allait devoir mettre le VTT de côté : « On me disait que j’en avais pour 6 mois sans sport, ça m’a calmé… Mais je n’avais pas le choix, il y a des risques qu’il ne faut pas prendre ». La myocardite peut entraîner une mort subite ou une crise cardiaque lors d’une pratique sportive régulière et intense. La règle était claire, pas plus d’un quart d’heure de marche par jour. Une décision difficile à digérer pour le jeune homme. « Pour être définitivement fixés sur mon [son] cas », les médecins font passer, en urgence, une IRM cardiaque à Nicolas. Une bonne nouvelle arrive : ce sera un mois sans sport, pas six.

Conditions dantesques à Marseille | Photo : Nicolas Cunche

« C’est un virus, tu n’as pas eu de chance… », confirme un médecin, mais le sport qu’il aime tant a peut-être amplifié les choses. Deux semaines avant que la myocardite soit détectée, Nicolas prenait part à la coupe de France de VTT à Marseille. « C’est un bon souvenir puisque j’ai eu un bon résultat, mais les conditions étaient difficiles. A Marseille, on s’attend à une course sous le soleil, mais ce jour-là il pleuvait des cordes ». Le départ n’était pas donné que le jeune homme était déjà trempé. Pendant la course, il faisait tellement froid qu’il devait « pousser les vitesses avec la paume de la main ». Ses doigts étaient gelés. « Ça vient sûrement d’un rhume. J’avais déjà des douleurs avant cette course, mais les conditions ont dû jouer ».

« Je ne repartais pas de zéro, mais je ne m’amusais pas »

Après un mois sans sport, le retour sur le vélo n’a pas été simple : « J’ai repris en douceur, pour relancer la pompe tout doucement ». Nicolas commence à avoir des doutes après une compétition : « Dès le départ, je ne me sentais pas bien. Je ne repartais pas de zéro mais je subissais sur le vélo. Je n’avançais pas et, surtout, je ne m’amusais pas ». Pendant trois semaines, l’envie de rouler n’était pas là, « Je faisais des crises d’angoisse tous les quarts d’heure, toujours la main sur le cœur. J’avais peur, l’impression d’avoir constamment des montées d’adrénaline ».

Nicolas retrouve le sourire et la passion en juillet dernier, lors de la coupe de France de Montgenèvre. « C’était l’objectif que je m’étais fixé sur l’été. Le but n’était pas la performance en elle-même mais de ne pas terminer exténué ». Une compétition qui a définitivement remis Nicolas en selle, « Le circuit était taillé pour moi avec une longue montée de 10 minutes, mon point fort ». Pendant toute la course, le jeune homme pensait à ce qu’il avait traversé un peu plus tôt dans l’année. La peur, les doutes, les remises en question, ce n’était plus qu’un proche souvenir. « Je me suis retrouvé à remonter une centaine de places. A l’arrivée, j’ai eu pour la première fois de ma vie des larmes de joie, j’étais tout simplement heureux », insiste-t-il avec émotion.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la myocardite peut se déclarer très jeune, chez des individus aux profils d’athlètes. Même si la peur de contracter à nouveau la maladie est présente, cet épisode n’est plus qu’un mauvais souvenir pour Nicolas, complètement replongé dans son monde de VTT.