Avoir contracté la Covid-19 et être contre son vaccin, ne sont pas deux situations opposées. Précipitation, manque de recul, effets indésirables… Quand le vaccin inquiète davantage que le virus.

« Je n’y crois pas à cette connerie de vaccin ». Alors que plus de 138 000 personnes se sont faites vaccinées en France depuis le 27 décembre 2020, David Rotin, ne compte en aucun cas se faire injecter « la potion magique » selon ses mots. Pourtant, ce routier de 39 ans a contracté la Covid-19 en juin dernier.

A l’évocation du vaccin, David rigole. Lui qui, par son métier, est pourtant habitué à voyager dans toute l’Europe, ne croit pas au vaccin et ne se fera jamais vacciner. « J’ai eu la Covid, je sais que des gens en meurent, que c’est un virus contagieux. Mais on nous rabâche tout le temps qu’un vaccin se fait en plusieurs années et là on nous en donne un fabriqué en quelques mois, explique-t-il. Où sont les preuves qu’il est efficace ? Qu’il est sans danger ? ». Infecté par le virus cet été, David l’a également transmis à sa femme Valérie qui, elle, affirme avec conviction qu’elle se fera vacciner. Là où son époux voit un vaccin « bancal » produit en quelques mois seulement, elle préfère voir « une prouesse scientifique ». Les discordes autour de ce sujet sont fréquentes dans ce couple originaire de l’agglomération Caennaise.

Certains États discutent actuellement de la possibilité d’obliger les étrangers à se faire vacciner avant d’entrer sur leur territoire. Cela existe déjà, comme par exemple, le vaccin contre la fièvre jaune obligatoire pour voyager en zone tropicale, ou encore le vaccin contre la méningite à méningocoque pour les pèlerins se rendant à la Mecque. Si le vaccin contre la Covid-19 devenait obligatoire dans certains pays d’Europe, David serait bloqué et obligé d’abandonner son travail. « Je suis prêt à prendre ce risque. Je suis libre de mon corps, de mon sang, affirme-t-il. Me faire injecter un liquide trop peu connu, c’est pas pour moi. »

« Je préfère attraper à nouveau la Covid que de me faire injecter le vaccin »

À près de 180 kilomètres de Caen, à Rennes, Jérôme Hérault ne comprend pas l’excitation autour du vaccin. Enfin, le chargé de communication ne comprend même pas la place que prend la Covid-19 dans l’espace politique et médiatique. « J’ai attrapé la covid, tout comme plusieurs personnes de mon entourage. On va tous très bien, explique le Rennais de 34 ans. Attention, je ne minimise pas le fait qu’il peut être dangereux pour les personnes fragiles. Mais on ne parle que d’elles, que des morts, alors que la très grande majorité des gens guérissent vite et reprennent leur vie normalement. »

La Bretagne étant la région la moins touchée par le virus, Jérôme peine à comprendre pourquoi il doit subir les mêmes restrictions que les autres. « Pourquoi je ne peux pas aller boire une bière dans un bar, prendre l’apéro chez des amis alors que le virus circule moins chez moi ? ». La plus faible circulation en Bretagne est une des raison pour laquelle il ne veut pas se faire vacciner. Également partisan de la méthode « immunité collective », Jérôme ne croit pas que le vaccin soit la solution idéale. « Pourquoi pas pour les personnes à risque, mais moi qui suis jeune et en bonne santé, je vais pas prendre le risque de m’injecter un vaccin qui pourrait avoir des effets indésirables sur le long terme, précise-t-il. Je préfère rattraper la Covid une deuxième fois que de me faire vacciner ».

Olivier Véran, auditionné par les députés ce mardi, a annoncé des objectifs clairs : vacciner un million de personnes à la fin du mois de janvier et 15 millions d’ici l’été 2021. On peut déjà annoncer sans prendre de risque que David et Jérôme laisseront volontiers leurs doses.

Suzanne Jusko