Le documentaire « Les nouveaux journalistes » de Denis Robert, Nina Robert et Gilles Cayatte est projeté au cinéma Caméo Ariel de Metz le jeudi 7 novembre à 17 h. Ce « 52 minutes » est la déclinaison d’un webdocumentaire sur les étudiants de la formation journalisme de Metz publié sur France 4. Le réalisateur revient sur cette expérience éprouvante.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de réaliser ce documentaire ?

J’avais proposé ce projet car j’étais présent lors de la création de cette formation de webjournaliste de Metz, en tant que parrain. Lorsque que les étudiants ont présenté leurs projets de webdocumentaires de fin d’année, j’ai trouvé que les débats étaient d’une très grande richesse. Je me suis dit : « si on se met en immersion dans une formation comme celle-ci, on peut raconter beaucoup de choses sur le journalisme à travers des portraits de jeunes gens qui découvrent cette profession ». C’est un film qui fait réfléchir sur le rôle et le sens du journalisme aujourd’hui car c’est une profession en perte de repère et en perte d’identité.

Comment s’est passée la fabrication du webdocumentaire ?

Ce fut une épreuve. Notre jeune société de production, Citizen Film, est une entreprise très fragile et nous n’avons eu que très peu d’argent pour faire ce webdocumentaire. Pour réaliser le site, nous avons décidé de faire appel à une agence locale, à Metz. Finalement, cette société a été incapable de le faire et a refusé de nous rembourser la somme de 16 000 €. Nous avons été victimes d’une escroquerie et depuis, nous les avons assignés en justice. Je suis en colère car ces gens-là sont sans foi ni loi, ils n’ont pas conscience du mal qu’ils nous ont fait. On s’est retrouvé à un mois de la diffusion avec tout l’argent du budget dépensé mais toujours sans développement. Heureusement, une autre agence de Metz a réussi a faire le travail d’une façon remarquable en seulement trois semaines. Ils nous ont sauvé la mise.

Combien de personnes ont vu votre documentaire sur France 4 ? Et le webdocumentaire ?

Je trouve que le film n’a pas été assez vu. Sa diffusion sur France 4 est un peu passée au second plan. À tord, parce que le film a eu un gros succès d’estime, on a reçu énormément de courriers positifs. Je sais qu’à France Télévisions, ils s’attendaient à une catastrophe et ils ont été agréablement surpris. Il faut dire que la promotion avait été absolument minimaliste.
Sur le webdocumentaire, les internautes sont restés connectés neuf minutes en moyenne. C’est étonnant et très satisfaisant car, en temps normal, la connexion moyenne sur un webdoc est de seulement trois minutes. D’ailleurs, il y a encore des connexions aujourd’hui. Je suis content que ce webdoc ait encore une vie quelques mois après sa mise en ligne car c’était le but recherché au départ.

Qu’attendez-vous de la diffusion du documentaire aux  Assises 2013 du journalisme?

Je suis content de montrer ce documentaire aux assises car ce fut un vrai et long travail, surtout pour Nina (ndlr: sa fille) qui a énormément bossé dessus, beaucoup plus que moi. C’est le documentaire le plus douloureux et le plus compliqué que j’ai jamais eu à faire. Je suis donc content d’être arrivé au bout même si, en fin de compte, ça ne ressemble pas tellement au film que j’avais imaginé. Si c’était à refaire, je ne sais pas si je me relancerais dans une aventure pareil: des concours de circonstances malheureux, des erreurs et des mauvaises interprétations dans toute la chaîne de fabrication du film. Au final, quand même, c’est une bonne série. Même la meilleure que j’ai vu jusqu’alors à la télévision sur le même sujet. On est très innovant car on est les seuls à en parler de cette manière. C’est à dire le webjournalisme, la formation des journalistes et l’avenir du journalisme, le tout en un.

Est-ce que ce documentaire pourrait inspirer la création de nouvelles formations de journalisme de ce genre ?

Même si ça n’a pas été fait pour ça, c’est un formidable outil pédagogique pour lancer une nouvelle formation de journaliste. Je pense que les étudiants en journalisme et leur professeurs ont dû beaucoup réfléchir après l’avoir vu.

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Quentin Dagbert.